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François Hollande au journal de 20h de France2

Publié le 08 février 2012 par Letombe

François Hollande au journal de 20h de France2



François Hollande était l'invité de France 2 mardi 7 février à l'occasion du journal télévisé de 20h.

Le candidat en a profité pour s'exprimer sur la visite lundi 6 février d'Angela Merkel à l'Élysée. Il est également revenu sur les événements du jour à l'Assemblée nationale au sujet des dernières déclarations du ministre de l'intérieur, Claude Guéant.

Retrouvez des extraits de son intervention ici :

François Hollande au journal de 20h de France2

David Pujadas

Bonsoir, François Hollande.

François Hollande

Bonsoir.

David Pujadas

On évoquera le cas de Marine Le Pen dans un instant. Mais d’abord, l’Allemagne, l’Allemagne qui s’invite dans la campagne. Hier, sur notre antenne, Angela Merkel a réaffirmé son soutien à Nicolas Sarkozy. Est-ce que vous êtes choqué par cette décision ou est-ce qu’elle est dans l’ordre des choses pour vous ?

François Hollande

Non, moi, je ne suis pas choqué. Madame Merkel est une dirigeante politique, elle soutient Nicolas Sarkozy qui est du même mouvement qu’elle, c’est le mouvement des conservateurs européens. Nicolas Sarkozy a besoin d’elle, il fait donc appel à madame Merkel. Après, c’est aux Français d’apprécier. Moi, mon seul soutien, celui que je sollicite, c’est celui des Français.

David Pujadas

Elle a éludé quand on lui a demandé si elle vous accorderait un entretien. Est-ce que vous pouvez nous confirmer que vous avez sollicité cet entretien dans les prochaines semaines et est-ce que vous avez une réponse ?

François Hollande

Moi, j’ai dit ma disponibilité. C’est ainsi que je conçois la relation entre la France et l’Allemagne, y compris dans une période de campagne présidentielle.

David Pujadas

Pas de réponse pour l’instant ?

François Hollande

Non, mais elle fera ce qui lui paraîtra bon pour…

David Pujadas

Si elle ne vous reçoit pas…

François Hollande

… Pour elle, pour la France et l’Allemagne. Si elle ne me reçoit pas, ce sont les Français qui vont permettre finalement la rencontre, nous verrons bien, le 6 mai, ce qu’ils décideront, nos concitoyens. S’ils me permettent d’être le prochain chef d’Etat, à ce moment-là, je rencontrerai madame Merkel. S’ils ne me le permettent pas, finalement, elle aura eu raison de ne rien tenter avant.

David Pujadas

Précisément, le point, l’un des points importants, c’est qu’elle a indiqué hier soir que si vous étiez élu, elle ne souhaitait pas rouvrir de négociations sur le traité européen. Est-ce que vous maintenez cet engagement de renégocier, notamment auprès de l’Allemagne, pas seulement, mais beaucoup auprès de l’Allemagne, ce traité et est-ce que ce n’est pas, du coup, une illusion cet engagement ?

François Hollande

Que les choses soient bien claires. Il y a pour l’instant un accord qui va donner lieu à la signature d’un traité le 1er mars. Il ne sera pas ratifié lorsque l’élection présidentielle aura lieu, il ne sera ratifié qu’après, si le Parlement en décide, c’est le Parlement qui ratifie les traités, ce ne sont pas les chefs d’Etat ou de gouvernement. Donc, les Français vont voter et je leur demande de faire en sorte que le prochain président de la République puisse être investi d’une mission, qui est bien sûr de respecter les disciplines budgétaires en Europe, nous en avons besoin, c’est la survie de l’euro dont il s’agit, et en même temps de faire qu’il y ait plus de croissance, plus d’emploi, plus d’activité économique. C’est le mandat que je sollicite. S’il n’y a pas une renégociation du traité pour ajouter, compléter, améliorer le volet notamment qui manque, rien n’est dit sur la relance de l’emploi, de la croissance, des grands projets industriels, j’en fais ici le pari, quel que soit finalement le sort de Nicolas Sarkozy dans cette élection, il n’y aura pas de retour aux équilibres budgétaires, par ailleurs nécessaire. Parce que c’est la croissance qui permettra, en plus des économies que nous avons à faire, en plus des prélèvements que nous devons solliciter, j’ai prévenu, qui devraient les payer, les plus favorisés, j’ai dit qu’il y aurait un effort. Donc, si nous voulons que cet effort soit utile, il nous faut en plus de la croissance. C’est ce que je vais négocier après l’élection présidentielle. Mais ça, ce sont les Français qui en décideront. Seuls les Français.

David Pujadas

Mais vous avez entendu Angela Merkel et Nicolas Sarkozy aussi d’ailleurs qui ont dit, le sens de l’Etat et toute la construction européenne a suivi cette règle, c’est que lorsqu’un traité a été négocié, la parole de celui qui succède à un autre à la tête de l’Etat doit être la même.

François Hollande

Non, là, il y a un contresens. Il y a même eu un exemple qui a été donné par Nicolas Sarkozy, le Traité de Maastricht, François Mitterrand, Helmut Kohl et d’autres dirigeants européens l’avaient signé. Par qui a-t-il été ratifié ce traité ? Par le peuple français, il y a eu un référendum en 1992. Un autre exemple, le Traité constitutionnel européen avait été signé par, à l’époque, Jacques Chirac et par, bien sûr, tous les chefs d’Etat et de gouvernement. Que s’est-il passé ? Il y a eu, là encore, dans un certain nombre de pays, dont le nôtre, le refus de la ratification. Moi, je souhaite qu’il y ait un traité qui puisse être voté par le Parlement après l’élection présidentielle. Pour que ce traité puisse être voté, il devra être forcément négocié dans un sens qui permette aussi qu’il y ait, en plus des disciplines budgétaires indispensables, un volet de croissance et d’emploi. Les taux de chômage, vous avez vu ce qu’ils sont dans notre pays ? Près de 10 % de la population active ! Et moi, je viendrais, après l’élection présidentielle, après avoir sollicité le vote des Français, dire, vous savez, finalement, nous prenons ce traité, il va imposer des disciplines, des sanctions, il n’y a rien de prévu sur la croissance et nous verrons bien ! Qui peut relancer la croissance, si ce n’est l’Europe aujourd’hui ?

David Pujadas

Le climat – vous l’avez vu, vous l’avez entendu – il est électrique, il se durcit. Est-ce que vous approuvez les propos qui ont été tenus tout à l’heure par le député apparenté socialiste Serge Letchimy, qui évoquait « le nazisme », en parallèle aux déclarations de Claude Guéant, qui faisait un lien d’une certaine manière entre les deux ?

François Hollande

Vous vous rendez compte, nous sommes en pleine élection présidentielle, même si tous les candidats ne sont pas déclarés, mais enfin, on les connaît ! Il y a des sujets majeurs, j’évoquais le chômage, le pouvoir d’achat, le froid, la pauvreté, un hiver qui met à nu un certain nombre de situations, vous les avez rappelées, émouvantes, tragiques. Et puis, là, il faudrait discuter de la différence entre les civilisations !

David Pujadas

Oui, mais là, c’est un député apparenté à votre groupe, François Hollande !

François Hollande

Oui, mais après qu’il y ait une provocation, car, cela en est une. Dire qu’il y a une hiérarchie entre les civilisations. Qu’un homme qui se sent blessé, vous avez vu d’où il est élu, de la Martinique, de ce qu’est l’histoire aussi de ce département.

David Pujadas

Vous ne réprouvez pas ces propos ?

François Hollande

Mais moi, ce que je réprouve, c’est cette polémique inutile, ce sont ces divisions blessantes, ce sont ces discordes. Enfin ! Moi, la responsabilité que je me donne, si les Français me donnent leurs suffrages, me font confiance, c’est de les rassembler, les Français, c’est de les réunir, c’est de les réconcilier. Ce n’est pas d’entretenir les guerres internes, les haines recuites, les divisions inutiles, les passions. Nous avons besoin de nous réconcilier, de nous réunir dans un grand mouvement. La République, elle est quand même celle qui doit donner un avenir et qui doit nous donner de la fierté et pas nous mettre dans ces situations où nous parlons de civilisations qui seraient plus ou moins élevées…

David Pujadas

Mais lui, ce député n’a pas été trop loin ?

François Hollande

Mais il a été sans doute blessé, et humilié, et il l’a dit. En même temps, je trouve que nous avons mieux à faire, franchement, que de voir l’Assemblée nationale ainsi animée. Nous avons mieux à faire qu’un ministre de l’Intérieur, vous vous rendez compte, un ministre de l’Intérieur qui devrait mettre le pays en bon ordre, c’est sa mission, tranquillité, vienne, là, attiser les feux de la division et de la discorde ! Ça suffit.

David Pujadas

Marine Le Pen indique, pour l’instant, qu’elle n’a pas ses 500 signatures. Elle demande à ce que la règle des parrainages soit changée, que ces parrainages deviennent anonymes. Est-ce que vous êtes d’accord ?

François Hollande

Mais que je sois d’accord ou pas d’accord, il y a une règle qui a été posée par le législateur.

David Pujadas

Il ne faut pas la changer ?

François Hollande

Mais nous ne pouvons plus la changer ! Ce n’est pas maintenant qu’il faut poser cette question. C’était il y a plusieurs mois. La famille Le Pen a pu présenter sa candidature depuis 1988, sans avoir trop de difficultés pour les signatures. Là, il y aurait, parait-il, un obstacle et il y a eu un recours devant le Conseil d’Etat et maintenant le Conseil constitutionnel va se prononcer. Laissons ces hautes magistratures dire le droit. Mais moi, pour ce qui me concerne, je suis pour, le moment venu, changer ces règles de présentation.

David Pujadas

Pour qu’elles deviennent anonymes, les signatures…

François Hollande

Non, pas pour qu’elles deviennent anonymes. Pour qu’on puisse dire, par exemple, que les citoyens puissent eux-mêmes parrainer dans certaines circonstances. Mais là, nous sommes, je dois le rappeler, à deux mois et demi du premier tour et on viendrait dire, la règle, elle est compliquée, il faut la changer ! Alors que le législateur ne va plus pouvoir siéger à partir du 8 mars.

David Pujadas

Si Marine LE PEN ne pouvait pas être candidate, ce serait dommageable pour cette élection présidentielle ?

François Hollande

Ce serait un problème, je le reconnais bien volontiers, qu’un courant d’opinion – vous savez ce que j’en pense – ne puisse pas présenter une candidature. Mais je connais aussi ces montées d’inquiétude venant toujours du même côté, alors que, je l’ai dit, depuis 1988, la famille Le Pen a toujours pu présenter sa candidature à l’élection présidentielle.

David Pujadas

Vous pensez qu’elle bluffe, vous aussi ?

François Hollande

Je n’en sais rien. Je ne me pose même pas la question. Parce que, moi, ce qui m’importe, c’est l’avenir des Français, ce n’est pas de savoir si l’un ou l’autre va être candidat, pas candidat. C’est de savoir si les Français vont saisir cette élection présidentielle pour se donner un avenir meilleur qu’aujourd’hui, c’est à cela que je travaille.

David Pujadas

Merci, François Hollande…

François Hollande

Merci à vous.

David Pujadas

… D’avoir répondu à nos questions ce soir.


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