Il est grand temps qu'il se lance, ses dernières grandes annonces ont fait flop. Il pensait focaliser le débat politique à
nouveau sur lui, et prouver que son job de président avait encore des urgences.
Mais le résultat, dévoilé en conseil des ministres ce mercredi, est décevant.
Les mesures n'étaient que du bricolage.
A l'UMP, on s'active pour lui trouver une salle suffisamment grande pour accueillir sa déclaration de
campagne.
Des mesurettes
Mercredi, le conseil des ministres
adoptait les « mesures fortes » présentées par Nicolas Sarkozy le 29 janvier dernier sur 10 chaînes de télévision. Il restera au Parlement à les adopter, chose impossible dans les 73
jours qui nous séparent du scrutin présidentiel.
Comme souvent avec le Monarque, le bruit était plus fort que la réalité.
La taxe sur les transactions financières a beaucoup amusé et déçu. Elle rapporterait 1,1 milliard d'euros.
Elle a peu à voir avec la Taxe Tobin dont prétend s'inspirer Nicolas Sarkozy... Le Monarque l'a finalement réduit à une taxe de 0,1 % du montant des
transactions réalisées sur les actions de sociétés françaises cotées dont la capitalisation excède le 1 milliard d'euros, une autre de 0,01% sur les ventes de CDS, Rien n'est prévu dans le projet
gouvernemental pour allouer ce produit au développement des pays pauvres, et l'on voit mal comment cette taxe freinera la spéculation (si tant est que Sarkozy en eut l'objectif). Comme nous
l'annoncions voici 5 semaines, Sarkozy a rétabli l'impôt de Bourse qu'il avait lui-même supprimé... Sa communication est plus modeste que les coups de talons sur les estrades européennes: cette
taxe « vise à créer une juste participation du secteur financier à l’effort de redressement des finances publiques ».
L'augmentation de la TVA de 1,6 point est une mesure plus claire et sans embrouille. Injuste, elle est aussi
dangereuse en cette période de crise. Le gouvernement lui prête de nombreux avantages: « Elle bénéficiera aux secteurs les plus exposés à la concurrence internationale (80 % des emplois
du secteur manufacturier et 97 % des emplois de l’agriculture sont concernés) et contribuera à redonner de la compétitivité aux produits français, sans peser sur l’inflation. Le Gouvernement
lutte ainsi contre les délocalisations et contribue à la création d’une centaine de milliers d’emplois.»
Le 29 janvier dernier, le Monarque avait affirmé qu'elle n'entrainerait aucune hausse des prix. Cette profession de foi était
bien approximative. Depuis, des
économistes se sont penchés sur la chose.
L'argument selon lequel la concurrence freinera la hausse des prix ne tient pas pour tous les secteurs. Pire, s'il devenait
valable, cela signifierait que les entreprises auraient décidé de prendre sur leurs marges pour ne pas répercuter la hausse sur les consommateurs. Ce qui reviendrait à les affaiblir alors que
Sarkozy proclame que son idée doit les renforcer. Après une augmentation de 3 points de la TVA en 2006, l'Allemagne
a connu une remontée d'un point de la TVA en deux ans (1,7% d'inflation en 2006, 2,7% en 2008).
A l'inverse, l'alourdissement de la CSG sur les revenus du capital (de 8,2% à 10,2%) est anecdotique, pour
ne rapporter qu'un gros milliard d'euros.
Les entreprises seront heureuses de l'allègement promis de leurs cotisations familiales. Pourtant, il serait
présomptueux de considérer que leur situation compétitive s'en trouvera transformée: « La cotisation famille, dont le taux est de 5,4 %, sera totalement supprimée jusqu’à 2,1 SMIC (2 290 €
nets), puis partiellement jusqu’à 2,4 SMIC (soit 2.620 € nets).» Cet allègement ne sera pas modulé en fonction des secteurs d'activité ou de la taille des entreprises. On aurait pu imaginer
qu'il fallait favoriser ceux plus exposés à la concurrence internationale. Et bien non...
Concrètement, comme le détaille le Nouvel Obs, « la réduction de charges s’élèverait à 120 euros
par mois pour un salarié payé 1,6 SMIC, elle atteindrait 158 euros au niveau de 2,1 SMIC. Puis elle irait en décroissant jusqu'à 2,4 SMIC. » Quelque 14 millions de salariés seront concernés par la mesure. Sans
rire ni preuve, le ministère des finances est
formel: « « Le gouvernement estime que la réforme créera environ 100.000 emplois ». « Certaines estimations se situaient à 70.000 ou 80.000 emplois créés, d'autres à
nettement plus de 100.000, nous avons pris une moyenne » a-t-il confié aux Echos.
Vous avez bien lu: 25 millions de foyers vont payer 12 milliards d'euros de TVA
supplémentaires pour ... 100.000 emplois éventuellement créés dans 3 ans.
Le grand soutien à l'apprentissage se traduit par un relèvement d'un petit point du taux d'apprentis par
entreprise de plus de 250 salariés: de 4 à 5%... à horizon 2015 ! On est saisi par « l'urgence ». Le durcissement des sanctions contre les entreprises désobéissantes n'est pas
explicité.
Le gouvernement acte aussi « la constitution du capital de la nouvelle banque de l’industrie pour un milliard
d’euros ». Et ce « toujours pour renforcer la compétitivité de l’industrie française et afin d’en faciliter le financement » ... En fait, il recycle. Le milliard provient d'un «
redéploiement » de crédits. En gros, on a pris du budget ailleurs, et hop ! Une nouvelle annonce ! En l'occurrence, ces fonds ont été prélevés sur les 35 milliards d'euros du Grand
Emprunt décidé .... il y a 3 ans. Mieux, Les
Echos précisent que « Bercy justifie cette décision en estimant que certains programmes s'avèrent aujourd'hui surdimensionnés et peuvent donc être un peu rabotés. ».
Les autres mesures n'ont pas été davantage détaillées par la communication gouvernementale que lors de leur présentation du
29 janvier.
Et toujours de l'inquiétude
A l'UMP, il paraît que les militants sont toujours inquiets. Leur Monarque rate sa campagne et cette seconde augmentation de
TVA en moins de six mois est une mauvaise nouvelle. Même les habituels snipers de la cellule Riposte paraissent inefficaces. Prenez Laurent Wauquiez. L'équipe du blog Desintox de Libération l'a surpris en flagrant délit de mensonge pour justifier, maladroitement, la
TVA sociale: « Ma première crainte, c’était que le changement ne porte que sur la TVA. Ce n’est pas le cas. Il y a la moitié de l’augmentation qui est faite sur une augmentation de la CSG sur
le capital.» La moitié de l'augmentation ? Wauquiez était donc nul également en calcul.
A l'UMP, on trépigne. « en coulisses, tout est prêt » nous assure-t-on. Il y a le QG à deux pas du siège de l'UMP,
le livre réécrit par d'autres et que le candidat hésite toujours à publier, des salles déjà réservées. Même TF1 a un créneau début mars pour son émission politique, le dernier de tous les
candidats.
Tout est prêt, mais prêt pour quoi ? Annoncer de énièmes nouvelles « mesures fortes » pour le prochain quinquennat ?
Le candidat Sarkozy vient d'adopter son programme en conseil des ministres. Qu'a-t-il d'autre à dire ?
L'équipe de campagne se démène pour trouver discrètement un stade à la hauteur des envies du Monarque. L'UMP a dû démentir
que le Palais Omnisport de Paris Bercy ait été réservé pour le 24 février. Quand
on soupçonna le Stade de France qui aurait la cote, un conseiller élyséen s'est énervé: « c'est débile! Ca coûterait plus cher en chaufferettes et vin chaud qu'en location » (une
confidence recueillie par Nathalie Schuck, du Parisien).
A l'UMP, on se démène aussi pour éviter que Marine Le Pen ait ses 500 parrainages. Pour contrer les critiques, le Monarque a confié qu'il était favorable à des parrainages citoyens
.... mais pour plus tard. La ficelle est bien grosse.
Mercredi soir, Nicolas Sarkozy était l'invité d'honneur du dîner du CRIF. François Hollande était présent.
Il y a un mois, un conseiller élyséen assurait à Paris Match que les courbes sondagières de François Hollande et de Nicolas Sarkozy
se croiseraient début février. Nous y sommes.
Début février, François Hollande et Nicolas Sarkozy se
sont bien croisés, mais au dîner du CRIF.
Pas dans les sondages.