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Pierre MOSCOVICI : "Tout ce qui est proposé est autofinancé"

Publié le 09 février 2012 par Letombe

Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande, est notamment revenu sur le rapport annuel de la Cour des comptes, dont lui et François Hollande sont membres. Retrouvez ci-dessous le passage à propos de ce rapport, où Pierre Moscovici souligne le réalisme des choix politiques et budgétaires de François Hollande, suivi de l'interview intégrale.

 

Le rapport de la Cour des comptes

MICHAEL SZAMES

Pierre MOSCOVICI, le rapport annuel de la Cour des comptes qui a été remis hier, évidemment il faudra redresser les comptes publics mais il y a quelque chose de très important qui est à noter. La Cour des comptes dit : « Ce serait une erreur de supprimer – de faire le gel d’un fonctionnaire sur deux. » Donc vous préconisez de ce gel, est-ce que c’est une erreur ? Qu’allez-vous faire ?

PIERRE MOSCOVICI

Revenons quand même sur ce qu’est la Cour des comptes. Il se trouve que – c’est un hasard – François HOLLANDE est membre de la Cour des comptes. Je suis aussi membre de la Cour des comptes.

MICHAEL SZAMES

Et donc ?

PIERRE MOSCOVICI

C’est donc une juridiction que nous connaissons et respectons. Il faut savoir ce qu’est le métier de la Cour des comptes, il faut le dire : la Cour des comptes, elle juge les comptables publics, elle porte aussi un regard, une évaluation sur la gestion des finances publiques depuis ce qu’on appelle la loi organique sur les finances publiques et elle fait un rapport annuel. Et ce rapport très important, il doit être entendu. D’abord que dit-il ce rapport ? Il faut commencer par là, pardonnez-moi. Il n’est pas en train de juger le programme de François HOLLANDE : il est en train de juger la gestion de Nicolas SARKOZY. Et avant, j’ai lu ça, c’est ce que disait madame PECRESSE...

MICHAEL SZAMES

Mais c’est aussi les préconisations pour les candidats à l’élection présidentielle.

PIERRE MOSCOVICI

Non, non, non, non, non. Ne faites pas dire ça à la Cour des comptes qui se garderait, franchement, d’interférer dans le débat présidentiel. Elle dit d’abord, et madame PECRESSE a dit : « C’est un problème pour FHO », c’est un problème pour Nicolas SARKOZY...

MICHAEL SZAMES

Pour tout le monde.

PIERRE MOSCOVICI

Que les efforts en matière de réduction des déficits ont été insuffisants et que les efforts en matière de réduction de la dette auraient été insuffisants. Et puisque je parlais du bilan de Nicolas SARKOZY, rappelons quand même ces 600 milliards d’euros de dette publique, plus que sous CHIRAC et MITTERRAND accumulés, qui ont été faits depuis cinq ans. Et donc, si vous voulez, la première chose c’est quand même une condamnation de ce qu’a fait le gouvernement et c’est aussi un appel à réduire les déficits et François HOLLANDE a pris là-dessus des engagements. Après, non....

GUILLAUME DURAND

La question c’est sur les fonctionnaires.

PIERRE MOSCOVICI

Oui, je vais y répondre, je vais y répondre parce que chaque mot compte. La Cour des comptes n’a pas dit qu’elle condamnait les mesures proposées par François HOLLANDE. Elle suggère un certain nombre de pistes et elle suggère celle-là. Nous n’avons pas choisi cette piste-là, nous avons choisi d’autres pistes. Nous disons pour redresser le pays, il faut supprimer 29 milliards d’euros de niches fiscales. La Cour des comptes parle de 15. Nous aurons un programme totalement autofinancé, c'est-à- dire que toutes nos mesures nouvelles, tout ce que nous proposerons, toutes les démarches qui seront proposées en direction des ménages, en direction de la relance de l’économie, des entreprises, des PME-PMI parce que c’est ça qui pour nous est important, sera autofinancé par des économies concomitantes réparties entre les entreprises et les ménages, et s’agissant des un sur deux, il y a c’est vrai un engagement qui est de nature différente, qui est conserver la stabilité des effectifs dans la fonction publique. C’est une option. Nous l’assumons.

MICHAEL SZAMES

[inaudible]

PIERRE MOSCOVICI

En renonçant au gel de un sur deux, notamment parce que nous allons créer dans l’éducation nationale sur le quinquennat 60 000 postes, c'est-à-dire 12 000 par an, plus 1 000 emplois dans la justice et dans la sécurité. Et voyez-vous, c’est quelque chose qui est absolument indispensable parce que, parlons quand même de notre système éducatif, ça compte - ça compte même pour la Cour des comptes : le système éducatif français, il est en train de reculer. Nous avons les taux d’encadrement qui sont les plus médiocres de l’OCDE. Nous sommes en train de reculer dans tous les classements, les classements PISA, justement ce classement de l’OCDE et donc il y a là une priorité budgétaire que nous assumons mais ce que je veux dire, c’est que...

MICHAEL SZAMES

Qui sera financée.

PIERRE MOSCOVICI

Ce que je veux dire, c’est qu’avec des options différentes, nous – parce que nous sommes ce que nous sommes, nous sommes un parti socialiste qui appuie son candidat, qui est le candidat de la justice encore une fois, et puis aussi de l’innovation et de l’éducation – nous assumerons l’équilibre des finances publiques mais avec ces priorités.

 

L'intégralité de l'interview

GUILLAUME DURAND

Croyez-vous à une surprise du président de la République dans cette déclaration ? Est-ce que cette surprise, si elle a lieu, vous gêne ?

PIERRE MOSCOVICI

La seule surprise qui pourrait arriver, c’est qu’il ne soit pas candidat.

GUILLAUME DURAND

Vous êtes de bonne humeur, ce matin !

PIERRE MOSCOVICI

Non mais ce n’est pas ça. C’est que c’est très intéressant, ces conjectures, mais tout le monde le sait : Nicolas SARKOZY est candidat. Je me demande d’ailleurs s’il pense de temps en temps encore à présider la République, parce que depuis déjà ce week-end, depuis le duo avec Angela MERKEL qui a annoncé qu’elle allait le soutenir dans des meetings, mais déjà bien avant. On le sait, on a un président-candidat.

GUILLAUME DURAND

Mais il cherche un choc, il cherche une surprise disent les entourages.

PIERRE MOSCOVICI

On a un président—candidat qui fait campagne, aux frais du contribuable, protégé derrière sa fonction, dans l’ambigüité permanente, ne se retenant jamais d’attaquer François HOLLANDE et les socialistes. C’est une hypocrisie absolue et je pense que c’est une hypocrisie choquante qui fait que 1/ quand il sera candidat, il n’y aura pas d’effet de surprise et 2/ qu’on est actuellement dans une sorte d’usage abusif de la fonction présidentielle. Donc j’ai envie de dire franchement, le plus tôt c’est le mieux, parce que ce qui compte ce n’est pas la surprise, c’est que le débat commence. La surprise, il n’y en aura pas.

MICHAEL SZAMES

La date, Pierre MOSCOVICI, n’aura aucune importance.

PIERRE MOSCOVICI

Ce qui comptera, ce n’est pas le moment où il va entrer en campagne : c’est comment il va entrer en campagne, c’est ce qu’il dira. C’est ce qu’il est capable de recréer autour de sa personne très rejetée, autour de sa politique, une adhésion à nouveau...

MICHAEL SZAMES

Il donne quelques pistes.

PIERRE MOSCOVICI

Ce que personnellement j’ai du mal à imaginer tant les Français sont frappés quand même par le fait que ce président depuis cinq ans a échoué en presque tout. Et, je vais le résumer d’une formule : quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, Nicolas SARKOZY n’échappera pas à son bilan. Il peut se comporter comme un président qui n’est pas responsable des cinq dernières années – c’est ce qu’il avait fait dans son émission télévisée. Au fond, rien n’allait et il fallait tout changer. C’est lui qui est là, il peut se comporter comme un président déjà réélu, c'est-à-dire en prenant des mesures pour l’avenir : tout ça n’échappera à personne. Ce sont de grosses ficelles.

GUILLAUME DURAND

Alors plusieurs questions avec Michael. D’abord dans le dîner du CRIF, vous y étiez hier soir, quelle a été la volonté exacte de François HOLLANDE ? C’est la civilité républicaine ou une manière quand même en allant vers le président et en lui serrant la main d’apaiser le ton de la campagne après l’épisode GUEANT ou l’épisode MORANO ou d’autres épisodes ?

PIERRE MOSCOVICI

Non, c’était je vais dire une civilité...

GUILLAUME DURAND

Vous y étiez.

PIERRE MOSCOVICI

Oui, une courtoisie républicaine. François HOLLANDE était à une table non loin de celle du chef de l’Etat, comme moi d’ailleurs, et il a tenu à aller saluer des personnalités – Simone VEIL d’abord qui est pour les Français une dame que tout le monde respecte, et aussi les parents du soldat SHALIT qui se trouvaient être assis à côté du président de la République. Parce que cette libération, celle-là, elle a fait plaisir à tout le monde et on sait que beaucoup de communes, à commencer par la commune de Paris, avaient mis le portrait de Gilad SHALIT devant les mairies. Donc étant à côté du président de la République, franchement ça aurait fait un peu curieux de ne pas saluer, donc il a été le saluer.

GUILLAUME DURAND

Donc il y a une part de courtoisie aussi.

PIERRE MOSCOVICI

La courtoisie républicaine. Nicolas SARKOZY, il est jusqu’au 6 mai président de la République.

MICHAEL SZAMES

Mais l’image est à la une de tous les journaux. C’est cette poignée de mains entre Nicolas SARKOZY et François HOLLANDE.

PIERRE MOSCOVICI

Oui mais ça veut dire aussi que la politique, ce n’est pas la guerre. On peut être extraordinairement opposés, et franchement on va voir, j’en suis persuadé : ce sera une campagne assez fracassante. Il y a des clivages entre la droite et la gauche à la fois sur les politiques suivies mais aussi sur la conception de la République qu’illustrent en effet le comportement de monsieur GUEANT parce que cette conception-là de la République n’est pas la nôtre. Cette conception-là de la devise républicaine n’est pas la nôtre. Cette conception-là des valeurs qui nous fondent n’est pas la nôtre, donc il y aura ce choc identitaire mais il y aura aussi.

GUILLAUME DURAND

Finalement, vous vous en félicitez de l’affaire GUEANT...

PIERRE MOSCOVICI

Mais il y aura aussi...

GUILLAUME DURAND

Finalement, vous vous en félicitez de ces déclarations.

PIERRE MOSCOVICI

Pourquoi ?

GUILLAUME DURAND

Parce que vous dites : « Ce ne sont pas des valeurs qui sont les nôtres. »

PIERRE MOSCOVICI

J’ai dit cette conception des valeurs.

MICHAEL SZAMES

Ce clivage vous arrange.

GUILLAUME DURAND

Oui et donc c’est une chose qui vous paraît plus claire finalement.

PIERRE MOSCOVICI

Non. Je regrette franchement cette façon de faire parce que...

GUILLAUME DURAND

Martine AUBRY a dit : « On a surréagi à cette affaire. On est tombé dans un piège. »

PIERRE MOSCOVICI

D’abord je pense que c’est totalement prémédité ce qu’a fait Claude GUEANT, que ce texte a été ciselé, qu’aucun mot n’est dû au hasard, que ç’a été validé, que l’endroit où ça a été prononcé c'est-à-dire le congrès d’une organisation universitaire proche de l’extrême droite, tout de même très à droite, n’est pas fortuit, que la cible était établie – que c’était l’islam – et que derrière tout ça, il y a une conception fausse. Cette conception fausse, c’est celle de l’inégalité entre les civilisations. On peut dire que les régimes politiques ne sont pas équivalents. Il dit il y a un relativisme à gauche comme quoi pour nous, tout serait pareil. Nous serions des multi culturalistes classiques. Moi je préfère la liberté à la servitude, je préfère l’égalité à l’injustice, je préfère la fraternité à l’égoïsme, je préfère la laïcité à la théocratie. Ça ne veut pas dire pour autant qu’une civilisation par essence est supérieure à une autre. Je vais prendre un exemple...

GUILLAUME DURAND

Mais est-ce que vous n’avez pas sur-réagi ? Parce que finalement l’idée de Martine AUBRY c’est de dire : « Qu’il s’occupe des problèmes de sécurité et nous, on ferait bien aussi de continuer à défendre notre programme et de ne pas passer son temps à faire une sorte de cours d’histoire des civilisations à Claude GUEANT. »

PIERRE MOSCOVICI

Je suis totalement d’accord avec ça, c'est-à-dire que ça ne doit pas nous détourner de ce qui est l’enjeu essentiel de cette élection présidentielle : c’est le redressement du pays, ce sont les inégalités qui frappent en France, c’est l’échec sur le front du chômage, c’est le redressement des finances publiques mais en même temps, oui, il faut assumer que nos conceptions républicaines ne sont pas celles-là. J’en dis un mot, je vais illustrer mon propos.

GUILLAUME DURAND

Oui, mais rapidement parce qu’on a beaucoup de questions.

PIERRE MOSCOVICI

Je n’aime pas le régime iranien, je n’aime pas ça. Mais pour autant, l’Iran est une grande civilisation et j’espère qu’un jour les Iraniens retrouveront un régime conforme à ce que peut-être une éthique démocratique.

GUILLAUME DURAND

Alors Michael va vous interroger sur la Cour des comptes. Moi j’ai une petite question qui est un peu la rumeur en ville si je puis dire, dans toutes les villes de France actuellement. C'est-à-dire qu’il y a beaucoup de gens qui disent finalement les fiscalistes sont débordés, l’argent fiche le camp parce que les socialistes vont tellement imposer les classes moyennes qu’il y a de plus en plus de gens – ça nous rappelle évidemment 81 – qui cherchent à optimiser fiscalement leur patrimoine, voire à partir.

PIERRE MOSCOVICI

Non ! Ecoutez, d’abord je crois les Français plus patriotes que ça.

GUILLAUME DURAND

Vous avez entendu ça.

PIERRE MOSCOVICI

Oui, oui, oui. Ensuite, les Français savent quand même, on ne va pas non plus faire comme si c’était les chars soviétiques. Il n’y en a plus, d’Union soviétique, qui allaient arriver sur la place de la Concorde.

GUILLAUME DURAND

Je ne vous parle pas de chars soviétiques, je vous parle de la fiscalité.

PIERRE MOSCOVICI

Oui, mais les Français ont une certaine expérience. Finalement ils ont quand même eu deux septennats de François MITTERRAND, ils ont eu cinq ans avec Lionel JOSPIN, ils savent qu’un gouvernement socialiste est un gouvernement qui certes prend des mesures de justice et qui est un gouvernement de gauche, et nous serons un gouvernement de gauche mais que nous savons aussi gérer les deniers publics. Et tout de même, je n’ai pas observé moi que le bouclier fiscal ait retenu des fortunes françaises ou fait revenir des fortunes françaises et je peux dire que ce que nous ferons n’est pas confiscatoire. Donc j’ai envie de dire, les Français seront je crois davantage rassurés y compris dans la gestion économique et dans la gestion des finances publiques par une présidence de François HOLLANDE que par la président hiératique qui d’ailleurs a changé du tout au tout, la gestion des finances publiques, de Nicolas SARKOZY .

GUILLAUME DURAND

Donc vous finirez par rassurer les capitaux, les grandes entreprises aussi.

PIERRE MOSCOVICI

Ce n’est pas honnêtement notre objectif principal mais je ne crois pas du tout à cette inquiétude. Cette rumeur-là, elle me paraît un peu intéressée et exagérée. J’ai envie de dire, pardonnez-moi, comme disait un certain Pape : « N’ayez pas peur. »

GUILLAUME DURAND

Donc vous n’êtes pas finalement – la candidature de François HOLLANDE, ce n’est pas la candidature de l’anti-CAC 40.

MICHAEL SZAMES

Ni celle contre les riches.

PIERRE MOSCOVICI

Non. C’est simple, ce que veut faire François HOLLANDE c’est être le président de la justice. Justice qui a été perdue pendant ces cinq dernières années, et aussi de la justice sociale, de la justice fiscale, de l’injustice. Et dans la justice précisément, c’est les propositions qu’il a présentées lundi soir sur l’indépendance de la justice, l’efficacité de la justice, la justice. Ça quand même c’est l’ADN des socialistes mais qui dit justice ne dit pas spoliation.

GUILLAUME DURAND

Alors, Michael.

MICHAEL SZAMES

Pierre MOSCOVICI, le rapport annuel de la Cour des comptes qui a été remis hier, évidemment il faudra redresser les comptes publics mais il y a quelque chose de très important qui est à noter. La Cour des comptes dit : « Ce serait une erreur de supprimer – de faire le gel d’un fonctionnaire sur deux. » Donc vous préconisez de ce gel, est-ce que c’est une erreur ? Qu’allez-vous faire ?

PIERRE MOSCOVICI

Revenons quand même sur ce qu’est la Cour des comptes. Il se trouve que – c’est un hasard – François HOLLANDE est membre de la Cour des comptes. Je suis aussi membre de la Cour des comptes.

MICHAEL SZAMES

Et donc ?

PIERRE MOSCOVICI

C’est donc une juridiction que nous connaissons et respectons. Il faut savoir ce qu’est le métier de la Cour des comptes, il faut le dire : la Cour des comptes, elle juge les comptables publics, elle porte aussi un regard, une évaluation sur la gestion des finances publiques depuis ce qu’on appelle la loi organique sur les finances publiques et elle fait un rapport annuel. Et ce rapport très important, il doit être entendu. D’abord que dit-il ce rapport ? Il faut commencer par là, pardonnez-moi. Il n’est pas en train de juger le programme de François HOLLANDE : il est en train de juger la gestion de Nicolas SARKOZY. Et avant, j’ai lu ça, c’est ce que disait madame PECRESSE...

MICHAEL SZAMES

Mais c’est aussi les préconisations pour les candidats à l’élection présidentielle.

PIERRE MOSCOVICI

Non, non, non, non, non. Ne faites pas dire ça à la Cour des comptes qui se garderait, franchement, d’interférer dans le débat présidentiel. Elle dit d’abord, et madame PECRESSE a dit : « C’est un problème pour FHO », c’est un problème pour Nicolas SARKOZY...

MICHAEL SZAMES

Pour tout le monde.

PIERRE MOSCOVICI

Que les efforts en matière de réduction des déficits ont été insuffisants et que les efforts en matière de réduction de la dette auraient été insuffisants. Et puisque je parlais du bilan de Nicolas SARKOZY, rappelons quand même ces 600 milliards d’euros de dette publique, plus que sous CHIRAC et MITTERRAND accumulés, qui ont été faits depuis cinq ans. Et donc, si vous voulez, la première chose c’est quand même une condamnation de ce qu’a fait le gouvernement et c’est aussi un appel à réduire les déficits et François HOLLANDE a pris là-dessus des engagements. Après, non....

GUILLAUME DURAND

La question c’est sur les fonctionnaires.

PIERRE MOSCOVICI

Oui, je vais y répondre, je vais y répondre parce que chaque mot compte. La Cour des comptes n’a pas dit qu’elle condamnait les mesures proposées par François HOLLANDE. Elle suggère un certain nombre de pistes et elle suggère celle-là. Nous n’avons pas choisi cette piste-là, nous avons choisi d’autres pistes. Nous disons pour redresser le pays, il faut supprimer 29 milliards d’euros de niches fiscales. La Cour des comptes parle de 15. Nous aurons un programme totalement autofinancé, c'est-à- dire que toutes nos mesures nouvelles, tout ce que nous proposerons, toutes les démarches qui seront proposées en direction des ménages, en direction de la relance de l’économie, des entreprises, des PME-PMI parce que c’est ça qui pour nous est important, sera autofinancé par des économies concomitantes réparties entre les entreprises et les ménages, et s’agissant des un sur deux, il y a c’est vrai un engagement qui est de nature différente, qui est conserver la stabilité des effectifs dans la fonction publique. C’est une option. Nous l’assumons.

MICHAEL SZAMES

[inaudible]

PIERRE MOSCOVICI

En renonçant au gel de un sur deux, notamment parce que nous allons créer dans l’éducation nationale sur le quinquennat 60 000 postes, c'est-à-dire 12 000 par an, plus 1 000 emplois dans la justice et dans la sécurité. Et voyez-vous, c’est quelque chose qui est absolument indispensable parce que, parlons quand même de notre système éducatif, ça compte - ça compte même pour la Cour des comptes : le système éducatif français, il est en train de reculer. Nous avons les taux d’encadrement qui sont les plus médiocres de l’OCDE. Nous sommes en train de reculer dans tous les classements, les classements PISA, justement ce classement de l’OCDE et donc il y a là une priorité budgétaire que nous assumons mais ce que je veux dire, c’est que...

MICHAEL SZAMES

Qui sera financée.

PIERRE MOSCOVICI

Ce que je veux dire, c’est qu’avec des options différentes, nous – parce que nous sommes ce que nous sommes, nous sommes un parti socialiste qui appuie son candidat, qui est le candidat de la justice encore une fois, et puis aussi de l’innovation et de l’éducation – nous assumerons l’équilibre des finances publiques mais avec ces priorités.

GUILLAUME DURAND

Alors, beaucoup de gens – pardonnez-moi l’expression un peu franche – tapent François HOLLANDE sur un sujet qui est la renégociation du traité avec Angela MERKEL en disant : « Mais pour qui se prend-il ? Pourquoi renégocierait-il un traité qui a été signé non pas par Nicolas SARKOZY mais par la France ? »

PIERRE MOSCOVICI

Alors permettez-moi deux secondes d’explications. Il se trouve que je connais...

GUILLAUME DURAND

Mais si vous prenez deux secondes à chaque fois... Nous avons tellement...

PIERRE MOSCOVICI

Mais ce sont des sujets importants.

GUILLAUME DURAND

C’est le sujet important.

PIERRE MOSCOVICI

Et donc si c’est le sujet important, ça mérite deux secondes. Alors j’y viens. Il se trouve que j’ai été ministre des Affaires européennes et que j’ai négocié certains traités. Je voudrais que les Français comprennent que cette renégociation elle est possible. C'est-à-dire qu’un traité, c’est quoi ? D’abord un texte qu’on négocie...

GUILLAUME DURAND

Pas pour Angela MERKEL.

PIERRE MOSCOVICI

Un texte qu’on approuve, un texte qu’on signe, et Nicolas SARKOZY, président de la République, va signer ce traité. Mais pour qu’un traité entre en vigueur, il faut qu’il soit ratifié par le Parlement et de la manière la plus claire, ce que François HOLLANDE dit : c’est la nouvelle majorité qui décidera de ratifier ou pas, elle est libre de le faire. Nicolas SARKOZY a la légitimité pour signer, nous avons la légitimité pour ratifier ou non. Et nous ne ratifierons pas ce traité s’il n’y a pas une réorientation de la construction européenne vers la croissance et vers l’emploi. Et si vous voulez, non seulement c’est possible de renégocier mais je crois que c’est nécessaire. Je passe mon temps, une partie de mon temps, à rencontrer des ambassadeurs étrangers...

 

GUILLAUME DURAND

... argument que le président de la République va vous renvoyer perpétuellement.

MICHAEL SZAMES

Même MELENCHON hier en meeting dit la même chose.

PIERRE MOSCOVICI

Nous assumerons tranquillement cela et ce débat européen sera dans la campagne pour une raison simple. C’est que l’Europe des conservateurs MERKEL-SARKOZY, l’Europe de l’austérité, l’Europe qui se précipite dans les plans de rigueur puis ensuite davantage de dettes, puis la récession, cette Europe-là elle échoue et ce n’est pas l’Europe que veulent les Français qui attendent de la croissance, qui attendent de la solidarité, qui attendent qu’on mette en place des mécanismes – par exemple les Eurobonds qui sont capables de mutualiser les dettes et aussi d’une certaine façon la monétiser à travers l’action de la Banque Centrale Européenne. Il faut un changement de la construction européenne. Je maintiens que c’est possible, je maintiens que c’est nécessaire. Nous aurons ce débat, nous l’assumerons et croyez-moi le lendemain, madame MERKEL, chancelière, eh bien elle négociera avec François HOLLANDE comme ça s’est toujours passé. Souvenez-vous d’Helmut KOHL et François MITTERRAND.

GUILLAUME DURAND

Alors des petites questions très précises. Est-ce qu’il est bien protégé maintenant depuis l’affaire de la farine.

PIERRE MOSCOVICI

Oui, oui. Il est protégé, oui.

GUILLAUME DURAND

Combien de gens sont autour de lui.

PIERRE MOSCOVICI

14 et c’était de toute façon prévu.

GUILLAUME DURAND

Est-ce que la candidature de Martine AUBRY comme Premier ministre se précise ? Vingt secondes.

PIERRE MOSCOVICI

Je pense que nous devons être au service du candidat et ne pas vendre la peau de l’ours et donc ne pas penser à nos destins personnels.

GUILLAUME DURAND

Mais est-ce que ça se précise ?

PIERRE MOSCOVICI

Je viens de vous répondre.

GUILLAUME DURAND

Une petite dernière question ?

MICHAEL SZAMES

Oui. Jean-Luc MELENCHON qui a dit qu’il veut se rapprocher du Parti socialiste. Est-ce que vous êtes pour bouger l’affaire du capitaine de pédalo ?

PIERRE MOSCOVICI

Oh, le capitaine de pédalo c’est de l’histoire ancienne et je pense que Jean-Luc MELENCHON réalise une chose : c’est que la priorité des priorités, c’est de battre Nicolas SARKOZY et donc il y a encore un pas à franchir.

MICHAEL SZAMES

En tous cas pour Jean-Luc MELENCHON.

PIERRE MOSCOVICI

Non, la meilleure façon de le faire c’est de voter pour François HOLLANDE.


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