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Risque/rendement, et stratégie électorale

Publié le 09 février 2012 par Chapitre5.com

Il est rare que des élections  modifient une politique de placement. Seule la politique fiscale  compte: les entreprises et les particuliers peuvent réorienter leurs décisions en conséquence. Mais fondamentalement, il s’agit toujours d’ investir selon le couple risque/rendement. Or le monde occidental est dans un cycle électoral. Conséquences possibles?

Hors de France, la crise financière continue.

Les USA n’envisagent  pas encore  de réduction des déficit publics. Il faudra attendre leur élection de Novembre. Le résultat importe peu. Déjà les agences de notation envisagent d’ abaisser à nouveau leur rating.  Et  la nouvelle administration quelle qu’ elle soit  n’ aura pas le choix. Des impôts nouveaux et des réductions de crédit sont à prévoir. Cela n’améliorera pas la consommation, ni l’ investissement. A quoi s’ ajoute le risque d’avoir à  financer une nouvelle guerre, après celles d’ Irak et d’Afghanistan: si elle se prolonge, son coût devra être supporté par d’ autres restrictions pour les classes moyennes/riches ?  et les autres budgets publics. Seule certitude: les USA ne pourront plus imposer un $ dévalué ni des dépôts forcés au reste du monde. Comme l’ avait fait Mr. Nixon en supprimant unilatéralement l’ étalon de change/or en 1971.  L’ Asie a les moyens de s’y opposer. Donc les USA feront comme les PIIGS et reviendront à l’ équilibre budgétaire d’une manière ou l’ autre. Cela marquera  un creux boursier, mais aussi le début d’un nouveau cycle de croissance, comme 1976 ou 1943 , avec le retour à une épargne positive.

En Europe, la nécessité du retour à la règle d’or semble acceptée en Espagne et Italie. Question de temps avant d’ en voir les résultats. L’Allemagne aura des excédents avant les autres. La Grèce ne pèse que sur le bilan de la BCE qui devra être reconstitué. Ca se fera au profit de l’ Allemagne et aux dépens des parts des autres actionnaires. Comme disait De Gaulle en Mai 1958, « le processus est en cours ».

Mais il y a le problème de la France. Son Président actuel a fini par comprendre  la nature des choses; il prend les mesures utiles. Mais sa présence n’ est pas assurée pour longtemps, contrairement à celle des autres responsables en Europe. Son éventuel successeur( pas plus que son parti ni ses alliés)  n’ a clairement  pas compris. En effet, il a parlé de remettre en cause les traités européens,  qui imposent la règle d’or de l’ équilibre des budgets de fonctionnement, sans préjudice de ses annonces de dépenses non gagées. Et de sa décision de non-action sur le coût du travail qui est le problème de base de nos économies. Les PIIGS avant leur déconfiture n’ avaient pas non plus compris.

Conséquence immédiate ? Le soutien bruyant de Mad. Merkel à Mr. Sarkozy. Il  est sans précédent en diplomatie. Elle a voulu « brûler ses vaisseaux ». Cela manifeste sa profonde inquiétude pour l’ unité de l’Europe dont dépend la prospérité allemande. Elle a ainsi clairement indiqué qu’ elle n’ apportera aucune aide au nouveau président avant qu’ il n’ ait publiquement accepté les traités et leurs conséquences. Donc qu’il ait renié ses promesses. Cela n’ est pas grave, mais ne se fera pas sans délai ni troubles; et entre temps, comme à l’ époque du 1er gouvernement de Mr. Mitterand, cela coûtera cher. Car les hedge funds joueront contre nos emprunts, comme pour la Grèce ou l’ Italie. La hausse de leur taux ruinera tout espoir d’ équilibre budgétaire. 50 milliards de plus si on monte au niveau de l’ Italie ces jours-ci. Déjà vu: en 1983 l’ Allemagne indiqua qu’une dévaluation exagérée du franc/DM, et des restrictions douanières unilatérales demandées par Mrs Chevènement et autres entraînerait la fin du Marché commun; le Président changea alors de politique  pour adopter un plan dit  » de rigueur ». Les spéculateurs ne nous laisseront pas autant de temps.

Conséquences: Pour les investisseurs, la France présente donc un risque politique. En 1981, la surprise de l’ avènement du « programme commun » avait entraîné un effondrement boursier de 40%; 3 séances sans pouvoir coter. Déjà Areva , Alstom et EDF sont sanctionnés au niveau de leurs emprunts. Bis repetita ? Jusqu’au résultat du 6  Mai, la bourse de Paris est à risque. Si ce risque se matérialise, il y aura gros à gagner quand le nouveau gouvernement se pliera aux règles de l’arithmétique et de l’Europe. Les cours doubleront en quelques semaines comme après 1983. La stratégie qui découle de ce raisonnement est simple: il faut être investi ailleurs. Et/ou  pouvoir faire du cash pour saisir cette bonne occasion. Cash is king

Quant à la crise économique, nous continuons à affirmer qu’elle suit son cours classique. L’endettement exagéré rend toute reprise de la croissance improbable aux USA et dans le reste de l’ Europe. ( Voyez nos posts précédents). Mais pas de crise en Asie ni Amérique du Sud, ni en Afrique, ni en Europe du nord. Cela offre de nombreuses occasions de placement, dans les entreprises qui y sont présentes. L’automobile en est un bon exemple: Renault payera son dividende par les seuls profits de Nissan, et capitalisera les autres provenant de ses nombreuses et prospères filiales étrangères. Faurecia affiche des résultats admirables. D’autres aussi avec EADS ou Alcatel. Un marché à deux vitesses. Les entreprises qui n’exportent pas ne seront pas à la fête.

Où investir si on est résident français?

 Plus que jamais, les portefeuilles doivent se concentrer sur les valeurs internationales. Et sur les cas particuliers de valeurs trop dépréciées/oubliées par les analystes des grandes banques. Mais pas par tout le monde : lisez le journal Bourse Plus (www.bourse.fr) . Ses analyses factuelles sont souvent des découvertes dont les résultats depuis plusieurs années, confirment la pertinence.

En tous temps, il y a quelque chose à faire.  Mais à court terme, il faut se préparer.


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