L’Assiette Champenoise
Arnaud Lallement
40 Avenue Paul Vaillant Couturier
51432 Tinqueux.
Tél. : 03 26 84 64 64. Site Web.
L’Amphitryon
Jean-Paul Abadie
127 rue Colonel Jean Muller
56100 Lorient.
Tél : 02 97 83 34 04. Site Web.
Contexte
Le face à face de l’été 2011 : un déjeuner à l’Assiette Champenoise d’Arnaud Lallement, comparé à un déjeuner à l’Amphitryon de Jean-Paul Abadie. Quelle drôle d’idée me direz-vous? Comment peut-on comparer deux expériences à priori très différentes? Même s’il est vrai que chaque adresse et chaque chef ont leurs spécificités, je ne peux pas m’empêcher de trouver des similitudes qui vont au delà d’avoir deux étoiles Michelin chacun…
En ce qui nous concerne, nous avons déjeuné deux fois dans chacune de ces deux adresses : à l’Amphitryon en août 2008 (avant le mariage de S&M), puis en juillet 2011 ; et à l’Assiette Champenoise en janvier 2008 (pour mon anniversaire) et en août 2011 (pour ma fête). Nous avons dormi, à chaque fois à l’Assiette Champenoise après le déjeuner. Tous les deux sont des adresses que nous avons beaucoup appréciées lors des premières visites, et que nous étions impatients de revoir l’été dernier.
Lieux et environnements
Niveau géographie, c’est Est (la banlieue de Reims, en Champagne) contre Ouest (la banlieue de Lorient, en Bretagne).Tinqueux, PAris et Lorient sont d’ailleurs alignés!
L’Assiette Champenoise est plus accessible de Paris (moins d’une heure trente de route), alors qu’il faut plus de trois heures et demie en train, et plus en voiture pour atteindre l’Amphitryon. Point commun entre les deux : leurs situations en périphérie de villes de tailles moyennes, genre zone commerciale ou zone industrielle. Autant dire que l’environnement ne fait pas rêver. Pourtant, les deux parviennent à nous isoler et à nous couper de la réalité moche et grise, et nous transportent dans des lieux agréables et accueillants. Il suffit de franchir la porte de l’Amphitryon ou le portail de l’Assiette Champenoise pour que la magie apparaisse. Si l’Assiette Champenoise dispose d’un petit parc joliment arboré, la salle de l’Amphitryon n’a pas vraiment de vue sur l’extérieur (et ce n’est pas un mal, un parking Décathlon, ce n’est pas très trippant). Même si la salle de l’Amphitryon est assez épurée, il y a une plus grande impression d’espace à l’Assiette Champenoise.
On est dans une véritable bulle de couleurs modernes, de pâtes de verre, de mobilier design (et pas de nappe sur la table à forme allongée non identifiée!) à l’Amphitryon. À l’Assiette Champenoise, les derniers travaux ont plutôt donné un coup de jeune au bar, aux chambres (pas encore toutes refaites, lors de notre visite) et aux suites, alors que la salle à manger a une connotation plus classique et compose avec l’histoire du lieu (grandes tables rondes ou carrées, épaisses nappes blanches) : Château de la Muire.
En salle
Niveau ambiance dans la salle, c’était le déjeuner du samedi dans les deux cas, ce n’était plein ni à l’un ni à l’autre, mais comme c’est plus grand à Tinqueux, cela se voyait plus. Voisins bien éloignés à Tinqueux, quelques couples relativement âgés 45-60 ans à Lorient. Il faisait assez chaud en Champagne, et la climatisation de la salle n’était pas optimale ; ce qui a perturbé un peu notre appétit vers la fin du repas. Pas de problème de température à signaler à Lorient, où le climat est toujours tempéré.
Rien à redire sur le service en salle chez l’un ou chez l’autre. C’est pro, attentif, efficace. En cherchant un peu, on pourra toujours trouver que ça flottait un peu en fin de repas (comme nous.
Les chefs
Jean-Paul Abadie, né en 1958, originaire de Lannemezan, a vite quitté sa région d’origine, pour se former et travailler à Vichy, Versailles, Strasbourg, Quiberon, avant de se fixer, en 1985 à Lorient, où il ouvre, avec sa femme Véronique, l’Amphitryon en 1985. Première étoile Michelin en 1990, seconde en 2002, chef de l’année G&M en 2004. Sa cuisine est vivante, contemporaine et inventive. Simple mais pas simpliste, elle s’appuie sur des produits admirablement mis en saveur et en valeur grâce à des accords malins. Géographie oblige, la mer n’est pas loin et ses produits sont donc logiquement magnifiés. L’adresse est très personnelle, avec un effort particulier sur la décoration, la mise en place. Seul chef deux étoiles de Bretagne, Jean-Paul Abadie est aussi porte-parole et meneur de l’Association Tables et Saveurs de Bretagne.
Arnaud Lallement est né en 1975. Après l’école hôtelière de Strasbourg, il s’affine chez Roger Vergé, Alain Chapel et Michel Guérard. Retour au restaurant familial (l’Assiette Champenoise a été créé par son père, Jean-Pierre, en 1987). Il devient chef des cuisines à 24 ans, décroche sa première étoile à 26 ans, en 2001, et sa seconde étoile en 2005 (à trente ans, donc!). Sa cuisine se présente de façon plus conventionnelle et classique. Des produits de grande qualité, une très grande maitrise, des goûts justes, une générosité qui touche. Plus de technicité et de complexité que chez Abadie.
Niveau tarifs, les menus dégustation, comme la carte, sont plus abordables à Lorient qu’à Tinqueux, probablement parce que ce premier est plus éloigné de Paris, et peut être aussi parce qu’il a moins de concurrence dans la région. À Reims, les Crayères, Relais et Châteaux, sont l’Hôtel-Restaurant de luxe (même si l’on mange mieux à l’Assiette), avec les tarifs qui vont avec. Et comme vous prendrez probablement du Champagne à Tinqueux, la note boisson comprise risque d’être encore plus élevée. Rien n’empêche de prendre du Champagne à Lorient, mais c’est moins dans l’esprit…
Photos du menu dégustation à l’Amphitryon
[Faire défiler]Photo des menus dégustations à l’Assiette Champenoise
[Faire défiler]Bilan : difficile de lutter contre une première fois quasi parfaite!
Deux très bons déjeuners. Très bons, certes, mais pas parfaits et un peu frustrantes ces deuxièmes visites. Sans doute la somme de moins de surprises, encore plus d’attentes après des premières très réussies et une mémoire qui a tendance à idéaliser en enjoliver, plus quelques petites déceptions : pas de farandole des desserts en été à l’Assiette Champenoise, salle un peu trop chaude ; service pro mais pas d’échange à l’Amphitryon, et moins d’émotions fortes que par rapport à la première fois…
L’Amphitryon pourrait être dans le Fooding, alors que l’Assiette Champenoise est plus classique et plus bourgeois.
Autant les premières visites nous avaient laissés archi-enthousiastes, à la limite de l’extase, autant ces deux déjeuners, bien que de très haut niveau, m’ont laissé un peu sur ma faim. Et je ne parviens pas à les départager, juste vous dire que ces deux deux étoiles sont nettement plus ma tasse de thé que Gill. Et qu’à mon avis, les deux étoiles sont méritées mais que les troisièmes ne me paraissent pas à l’ordre du jour à très court terme.
Il faudrait donc y retourner une troisième fois (l’hiver prochain à l’Assiette Champenoise? peut être cet été à l’Amphitryon?), pour trancher de façon plus nette! Ce sera une autre histoire!
Louise Chauchard liked this post&appId;Rédigé par chrisos