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Ou un président dérivant revient à ses premiers fondements

Publié le 10 février 2012 par Spartac

Il y avait eu les premières saillies, le discours de Toulon notamment. Puis sont venus les francs tireurs, sabre au clair. Sous le commandement de Brice Hortefeux, ils sont partis au front le verbe haut, vite rejoints par l'artillerie lourde, la conscience civilisatrice occidentale. Il ne manquait plus que les mouvements du général qui pendant ce temps ourdissait son plan de bataille.

Ou un président dérivant revient à ses premiers fondements

Le Figaro Magazine est heureux d’annoncer
les fiançailles du FN et de l'UMP

Dévoilé en partie par le Figaro Magazine, le Sarkozy nouveau de 2012 sera une version encore plus réactionnaire que celui de 2007. Retour des valeurs, travail, responsabilité, autorité. Fini le temps du pouvoir d'achat et les digressions relativement gauchisantes électoralistes. La droite, la vraie soulève le coin du rideau. Avec un Hollande contrôlant la gauche, et un Bayrou se droitisant, le président stratège choisi le passage à droite, plus à droite.
Choix logique, choix populiste. Alors que Marine Le Pen évoque ses problèmes de signatures, dont on ne sait s'il s'agit d'un énième bluff, où si au jour du dépôt, elles lui feront défaut. Le président sortant en proie à un désamour fervent, a constaté la polarisation électorale, et en revient donc à ses fondamentaux.
Ironie et facette déformante de celui qui prônait le pouvoir d'achat et le rassemblement en 2007. sur ces points il n'a su convaincre, ne faisant qu'entretenir les clivages dans toutes les sphères sociétales.Il y a un mois, la crise était la cause du chômage. Aujourd'hui, les chômeurs sont montrés du doigt comme responsables de leur situation. Tout comme les immigrés, parasites indiqués de la société, dont ne soyons pas dupe, l’islam est le premier visé.
La république de Sarkozy sera une république référendaire. C'est la méthode choc, le choix proposé par le président. Proposer par referendum des réformes de société. Retrouvées les vieilles ficelles gaullistes. Il est envisagé de mettre au référendum deux nouvelles lois sur le chômage et l'immigration.
  • Sur le chômage, l'objectif de la reforme est d'obliger après un temps défini les chômeurs à suivre une formation qualifiante dans un autre métier, dans un secteur défini à l'avance par un Comité aux contours flous. Une fois qualifié ce chômeur chanceux aura pour obligation d'accepter le premier emploi proposé.
  • En ce qui concerne un potentiel référendum sur l'immigration, il viserait à donner plus de pouvoir en la matière aux juridictions administratives plus que pénales.

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Deux mesures pour le moins chocs, pour le moins douteuses aussi. Si des mesures d’accompagnement des chômeurs de cette sorte existent aussi dans d'autres pays nordiques, celles-ci n'ont pas toutes cette description martiale. Dans d'autres, notamment le modèle allemand si idolâtré actuellement, les chômeurs sont obligés d'accepter l'emploi proposé même déqualifié, et surtout à temps très partiel. Mieux vaut des salariés pauvres que de se poser les bonnes questions... Le président du pouvoir d'achat oublié est passé à la méthode stigmatisante. La voix référendaire permettra de choisir si les chômeurs sont de dangereux profiteurs...
Outre le caractère soviétique d'une mesure s'approchant du travail forcé, on peut s'inquiéter de l'intégrité des "comités" décidant des secteurs nécessiteux. Les mauvaises langues pourraient imaginer des accointances se lier avec des "amis" du président. Ainsi imaginons Mr A. Nonyme, que la réforme du CAPES en master II laisse en rade avec une Licence de Lettre, peu porteuse sur le marché du travail, se voit offrir une formation qualifiante, chez Bouygues, avec à la clé un travail chez le bétonneur. Anticipation, ou hypothèse d'une mesure déqualifiante?
Quant aux immigrés, donner des pouvoirs administratifs étendus, c'est faire fi des particularismes et continuer cette politique de chiffre en matière d'immigration, qui ne régule que par variable d'ajustement.
Chômage volontaire, immigration, valeurs brandies, et autorité encore, encore, toujours. La France qui a peur sera donc au programme.
La démarche est évidente, la thématique du diviser pour mieux régner comme programme. Un programme qui s'approche de plus en plus des frontières avec le Front National, que des démocrates comme Claude Guéant franchissent désormais sans complexe. La droite gaulliste traditionnelle est en lambeau, incapable d'ériger ses valeurs surannées, elle préfère désormais aller chercher plus obscur.
Il est triste de voir encore cette image de la France, image de la haine. La haine de l'étranger, le rejet des populations qui souffrent, et qui après s'être vu promettre un pouvoir d'achat nouveau, sont maintenant les boulets d'un système qui s’essouffle.
Il est insupportable d'entendre encore une fois l’éternel refrain du changement dans l’autorité, alors que l'on pourrait envisager le vivre ensemble comme objectif. Faire jouer la peur et la confrontation, c'est accentuer les clivages entre deux France, les "travailleurs" et les "feignants", les français et les étrangers, les gens de valeur et ceux sans morale, la droite patriote et la gauche laxiste...
10 ans, 10 ans de gouvernement sans partage, et rien ne change. Cette condamnation de l'assitanat est encore une nouvelle façon de vouloir imposer au peuple français l'image d'un père tutélaire. C'est aussi le contrepied d'un changement que les français sont censés attendre, changement qui chaque fois nous renvoie aux mauvais moments de notre histoire, où les français s'opposaient, et où les antagonismes était attisés.
Espérons que les électeurs ne seront point dupe des discours à venir,  ne se feront pas encore prendre dans l'engrenage de la haine. C'est une malhonnêteté intellectuelle de ne pas reconnaitre ses torts, et de ne pas assumer 10 ans d’errements. Au  nom du pouvoir, sous domination de cette insatiable soif de puissance, le président sortant est prêt à tout pour ne pas lasser sa place. prêt à se déjuger, prêt à se présenter en recours d'un système dont il est le principal artisan. Un président qui redoute l'abandon du pouvoir, qui craint la situation ectoplasmique d'un Giscard. Serait il africain, nul doute qu'il se serait fait nommer président à vie.

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Un costume trop grand, trop daté surtout

Il y a des ressemblances, on pense à Napoléon, dans la volonté à garder le pouvoir. Il souhaite la comparaison avec De Gaulle, dont il reprend à son compte la pratique référendaire, à la différence que Nicolas Sarkozy n’aurait sans doute pas la décence de se démettre en cas d'échec. le référendum dont il ne fit guère cas, passant outre celui de 2005 sur l'Europe pour négocier dès son arrivée à l’Élysée la même Constitution que le peuple avait refusé.
Il reste encore une barrière ultime, dans le vote des électeurs. Eux peuvent bientôt mettre un clap de fin aux errements d'un premier consul gesticulant. Un dernier rempart électoral, pour refuser un retour en arrière. Nul doute que près de ses amis, le président trouvera toujours un point de chute. L'important c'est qu'il y ait chute

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