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De Jean-Louis Fournier « Veuf »

Publié le 11 février 2012 par Goure

 Je viens de lire un livre bouleversant: il s'agit de "Veuf" de JL Fournier. Il vient de perdre sa femme d'une crise cardiaque. Il raconte sa condition nouvelle de veuf dans un récit poignant et drôle à la fois , en effet l'humour n'est pas absent de son livre. Je vous conseille de le lire.
Voici quelques courts extraits ci-dessous (en bleu), puis je reparle du livre.Ne manquez pas la video pour faire connaissance avec l'auteur.

« Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre, c’est bien triste, cette année on n’ira pas faire les soldes ensemble.
Elle est partie discrètement sur la pointe des pieds, en faisant un entrechat et le bruit que fait le bonheur en partant. Sylvie m’a quitté, mais pas pour un autre. Elle est tombée délicatement avec les feuilles. On discutait de la couleur du bec d’un oiseau qui traversait la rivière. On n’était pas d’accord, je lui ai dit tu ne peux pas le voir, tu n’as pas tes lunettes, elle ne voulait pas les mettre par coquetterie, elle m’a répondu je vois très bien de loin, et elle s’est tue, définitivement. J’ai eu beaucoup de chance de la rencontrer, elle m’a porté à bout de bras, toujours avec le sourire.

C’était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste. On était complémentaires, j’avais les défauts, elle avait les qualités. Elle m’a supporté quarante ans avec le sourire, moi que je ne souhaite à personne. Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins qu’on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu’elle est partie. »Extrait du livre "Veuf"

De Jean-Louis Fournier « Veuf »

Jean-Louis Fournier souhaitait mourir le premier, il a perdu.
Sa femme partie, il n’a plus personne avec qui parler de lui. Alors pour se consoler, ou pour se venger, en nous parlant d’elle, il nous parle de lui.

Un titre comme une gifle... Jean-Louis Fournier parle de sa femme, décédée avant l'hiver. Il dit : " c'est bien triste. Cette année on n'ira pas faire les soldes ensemble." Il commence dans l'humour mais dans ce court roman qui se lit très vite il y a les souvenirs, la peine, les mots des gens -trop souvent inutiles -, les catalogues de fleurs et les lettres des associations humanitaires qui arrivent pour sa femme et lui rappellent d'avoir du coeur. Elle qui en est morte justement de ce coeur qui s'est arrêté brutalement.

Video à voir - JL Fournier , son oeuvre

Jean-Louis Fournier avait séduit la critique et les lecteurs avec son livre "Où on va, papa ?" (prix Femina 2008) racontant le parcours difficile de ses deux enfants handicapés. Dans la même veine, il nous livre dans "Veuf", ses pensées suite au décès soudain de Sylvie, son épouse bien aimée. Ni roman, ni journal intime, ce court récit rassemble des fragments de vie, souvenirs de 40 ans de vie commune ou instants présents de sa nouvelle condition de Veuf. C'est parfois anecdotique, le plus souvent touchant.

La nostalgie est aussi omniprésente dans ce récit comme lorsque l'auteur fait la liste de toutes les choses qu'il ne pourra plus faire avec sa femme ou comme lorsqu'il regrette de ne pas lui avoir démontré son amour plus souvent de son vivant. Mais à aucun moment, Jean-Louis Fournier ne tombe dans l'auto-apitoiement ou dans le larmoyant. Au contraire, il utilise l'humour tout au long de son texte ce qui donne encore plus de force à son propos.
Sans oublier la dimension poétique de cet hommage posthume : l'auteur nous offre ainsi de très belles images « Je m'arrose de ton parfum pour que tu repousses ». L'expression « perdre sa moitié » est utilisée au sens propre comme au figuré : « J'ai été amputé de toi sans anesthésie. On m'a retiré ma moitié, ce que j'avais de mieux ». Nul doute que ce texte touchera lui aussi le cœur des lecteurs  .
Pour terminer , un autre extrait : "Finalement on était un bon couple.Le temps avait fait quelques dégâts,la vie quotidienne avait un peu usé les choses , les agacements mutuels avaient grossi , on se détestait parfois, mais pas longtemps.On restait toujours complices. Entre nous , le courant passait.
Tu étais le pôle positif, j'étais le pôle négatif;Ca faisait de la lumière, et souvent des étincelles."

Article sur le livre de JL Fournier - Les 8 plumes


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