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Quand Sarkozy 2007 fustigeait Sarkozy 2012

Publié le 11 février 2012 par Variae

Le mot est sur toutes les lèvres, tous les claviers depuis les premières fuites sur l'interview de Nicolas Sarkozy dans Le Figaro Magazine : référendum. Le président-candidat, à la recherche de la " politique du choc " qui lui permettrait de réussir son improbable réélection, projette d'inclure dans son projet pour 2012 un double référendum, sur l'acceptation contrainte des offres d'emploi par les chômeurs, et sur la facilitation de l'expulsion des sans-papiers. Sur les chômeurs : " Cette réforme [...] est capitale pour l'avenir du pays. Elle concerne directement les Français. C'est peut-être une des réformes qu'il faudrait soumettre à leur jugement direct. [...] il faudrait sans doute s'adresser directement aux Français pour qu'ils donnent leur opinion ".

Quand Sarkozy 2007 fustigeait Sarkozy 2012

Retour quelques années en arrière, quand le sarkozysme était plus fringant - durant la campagne de 2007. Un des axes principaux de l'affrontement entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal était alors la réforme de la démocratie et la conception du fonctionnement de la République. La candidate socialiste défendait une plus forte association des citoyens à la prise de décision publique, via la " démocratie participative ", système durement attaqué par l'UMP et son candidat, partisan d'une présidence renforcée et grand chantre de la volonté politique. " Je veux un président qui gouverne [...] La démocratie participative, c'est la fin de toute volonté politique, c'est la fin de la politique qui prend ses responsabilités [...] La démocratie participative ce n'est pas une nouvelle manière d'associer le peuple aux décisions qui le concernent, c'est juste la forme ultime de la démagogie ".

Le candidat pas encore président enfonçait le clou lors d'un rassemblement de ses comité de soutien à la Mutualité, le 11 février 2007 : " J e ne comprends pas que l'on puisse être candidat en ayant chevillée au corps l'idée que [...] le seul idéal c'est la démocratie d'opinion. Parce que la démocratie d'opinion c'est l'ultime renoncement de la politique. "

Résumons. 2007 : " la démocratie d'opinion, c'est l'ultime renoncement de la politique ". 2012 : " cette réforme est capitale pour l'avenir du pays ", donc " il faudrait sans doute s'adresser directement aux Français pour qu'ils donnent leur opinion ". Que faut-il comprendre ? Que l'un des deux Sarkozy ment ? Que celui de 2007 avait adopté une posture purement politicienne pour contrer Ségolène Royal ? Ou que c'est celui de 2012 qui ne projette nullement ses deux référendums pour consulter le peuple, mais au contraire pour le diviser, dans une visée strictement machiavélique ? Ou encore, que Nicolas Sarkozy n'a aucune conviction, et qu'il peut dire successivement tout et son contraire ? A moins, autre possibilité, que le Sarkozy de 2007 ait été enlevé et remplacé par un sosie dès les premiers jours de son mandat, ce qui expliquerait pourquoi il n'a aucunement tenu ses promesses, par exemple sur le chômage ?

La démocratie d'opinion, ultime renoncement de la politique. Finalement, c'est encore Nicolas Sarkozy qui parle le mieux de Nicolas Sarkozy.

Romain Pigenel


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