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55 jours - Du culot !

Publié le 24 février 2008 par Nitchioule
Hier, j'ai rencontré un agent littéraire pour qu'il me donne des tuyaux dans ma recherche d'emploi. Il m'a parlé de Beaumarchais, m'a raconté ses premiers succès en tant qu'horloger génial, ses débuts à la cour comme professeur de harpe des deux filles de Louis XV, ses opérations financières de revente de bois de la forêt de Chinon...
"Du culot ! Quand on vous met à la porte, il faut rentrer par la petite fenêtre... Vous faîtes un art martial ? Je ne plaisante pas, regardez Sarkozy, regardez Fillon. Ils font leur jogging tous les jours. Cela dénote une volonté de se battre..." L'ennui, justement, c'est que du culot, je n'en ai pas. Alors, je me demande si ma vie est foutue...
Ce discours, je l'ai entendu mille fois. Mon grand-père encore, il y a quelques semaines, me conseillait de faire comme Rachida Dati : "Elle a écrit à tous les ministres et maintenant elle est ministre de la Justice. Ecris à Rachida Dati, elle te répondra !" Et que dois-je lui écrire à Rachida ? Peut-être que cela ferait l'affaire...
"Madame la ministre,

au chômage depuis 55 jours, je vous écris, sur les conseils de mon grand-père, pour vous sensibiliser à ma situation qui, chaque jour, devient plus désespérante. Rien ne me préparait à cette traversée du désert. Je ne suis pas issue, comme vous, d'un milieu modeste. Non, je descends d'un grande famille de diplomates, ma mère est médecin, mon père est cadre supérieur. Ils habitent un superbe appartement orné de dorures, en plein coeur de Paris.

J'ai eu une enfance choyée, la chance de faire de bonnes études en France et à l'étranger. Dès l'âge de 7 ans, je passais mes soirées au théâtre, j'allais voir des films en noir et blanc dans le Quartier latin, je faisais du ski en février, je lisais Sartre, Dumas et Tolstoï... Chez mes parents, j'ai vu des ambassadeurs, des anciens résistants, des profs de Lettres à la Sorbonne, des Polytechniciens, des Normaliens, des directeurs généraux de banques célèbres...

Et pourtant, me voilà aujourd'hui devant vous, démunie, affaiblie, perdue. Avec mon bac + 5, je pense demander du travail au Monoprix à côté de chez moi. Je pense aussi à me faire auxiliaire de vie dans une maison de retraite, il paraît qu'ils cherchent du monde. Je me surprends parfois à rêver de soleil et de mer : pourquoi ne pas me faire clocharde en Californie ?

Je n'attends pas de miracle, mais une réponse de vous me réchaufferait le coeur et je chérirai vos conseils. Je vous prie, madame la ministre, d'accepter l'expression de mes sentiments respectueux.
ardez Fillon. Ils font leur jogging tous les jours. Cela dénote une volonté de se battre..." L'ennui, justement, c'est que du culot, je n'en ai pas. Alors, je me demande si ma vie est foutue...
Ce discours, je l'ai entendu mille fois. Mon grand-père encore, il y a quelques semaines, me conseillait de faire comme Rachida Dati : "Elle a écrit à tous les ministres et maintenant elle est ministre de la Justice. Ecris à Rachida Dati, elle te répondra !" Et que dois-je lui écrire à Rachida ? Peut-être que cela ferait l'affaire...
"Madame la ministre,

au chômage depuis 55 jours, je vous écris, sur les conseils de mon grand-père, pour vous sensibiliser à ma situation qui, chaque jour, devient plus désespérante. Rien ne me préparait à cette traversée du désert. Je ne suis pas issue, comme vous, d'un milieu modeste. Non, je descends d'un grande famille de diplomates, ma mère est médecin, mon père est cadre supérieur. Ils habitent un superbe appartement orné de dorures, en plein coeur de Paris.

J'ai eu une enfance choyée, la chance de faire de bonnes études en France et à l'étranger. Dès l'âge de 7 ans, je passais mes soirées au théâtre, j'allais voir des films en noir et blanc dans le Quartier latin, je faisais du ski en février, je lisais Sartre, Dumas et Tolstoï... Chez mes parents, j'ai vu des ambassadeurs, des anciens résistants, des profs de Lettres à la Sorbonne, des Polytechniciens, des Normaliens, des directeurs généraux de banques célèbres...

Et pourtant, me voilà aujourd'hui devant vous, démunie, affaiblie, perdue. Avec mon bac + 5, je pense demander du travail au Monoprix à côté de chez moi. Je pense aussi à me faire auxiliaire de vie dans une maison de retraite, il paraît qu'ils cherchent du monde. Je me surprends parfois à rêver de soleil et de mer : pourquoi ne pas me faire clocharde en Californie ?

Je n'attends pas de miracle, mais une réponse de vous me réchaufferait le coeur et je chérirai vos conseils. Je vous prie, madame la ministre, d'accepter l'expression de mes sentiments respectueux.


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