L’agence de communication britannique Portland a publié jeudi 26 janvier les résultats d’une étude sur l’usage de Twitter en Afrique (“Twitter in Africa”). En dépit de quelques zones d’ombres, les conclusions chiffrées bousculent certaines idées reçues. Qui sont donc les champions africains des “gazouillis” sur le net ? Éléments de réponses.
Quels sont les plus gros utilisateurs de Twitter en Afrique ? Une étude dont les résultats ont été rendus publics jeudi 26 janvier 2012 tente d’y répondre. Le bureau kenyan de la société de communication britannique Portland a analysé 11,5 millions de « tweets » (message de 140 caractères) géolocalisés, c’est-à-dire indiquant clairement où se trouvent leurs auteurs, émis entre octobre et décembre 2011 sur le continent. Parmi ceux-ci, 57% ont été postés depuis un mobile. Il en ressort un classement de vingt pays, qui représentent à eux seuls 70% de la population africaine, 85% du PIB, et accueillent 88 % des utilisateurs d’internet en Afrique, dit l’étude.
L’Afrique du Sud arrive en tête avec plus de 5 millions de « tweets » envoyés, devant le Kenya (2 476 800), le Nigeria (1 646 212) et l’Égypte (1 214 062). Le nombre important de messages émis depuis ces pays n’est guère étonnant. L’utilisation du site de microblogging y est croissante. La révolution égyptienne, comme les dernières manifestations au Nigeria (#OccupyNigeria) en sont l’exemple.
Infographie Twitter en Afrique
Bonne présence des francophones
Distancés en terme de développement – et d’accès à internet – par rapport à leurs homologues anglophones, on aurait pu supposer une faible présence des « twittos » (utilisateurs de Twitter) francophones. Or il n’en est rien. Ils sont plus de la moitié dans le top 10, avec le Maroc qui est 5e avec 745 620 « tweets », juste devant l’Algérie (103 200), la Tunisie (61 920), le Mali (34 916) et le Cameroun (30 444). Les francophones sont même presque la moitié du top 20 (9 sur 20). Il est également intéressant de noter les énormes disparités entre les différents pays de niveau de vie comparable. À titre d’exemple, entre octobre et décembre, 34 916 « tweets » ont été envoyés depuis le Mali, contre 6 526 du Burkina Faso (classé 15e). Soit près de cinq fois plus. Alors, s’exprime-t-on plus facilement à Bamako qu’à Ouagadougou, où s’y géolocalise-t-on plus lorsqu’on utilise Twitter ? Impossible de répondre à la question…
De fait, si l’étude donne une tendance de l’utilisation de Twitter sur le continent, elle reste très partielle. Une faible part des utilisateurs géolocalisent leurs « tweets », l’option n’étant pas automatique. En 2010, par exemple, seulement 12 à 13% des utilisateurs sud-africains l’avaient activée. Cette nuance explique sans doute l’absence du top 20 de pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, l’Ouganda ou la Tanzanie. Une situation pour le moins étonnante, au vue du nombre important d’internautes dans ces pays. En Tanzanie, par exemple, ce sont près de 5 millions de personnes qui se balladent sur la Toile, contre 450 000 au Rwanda, pourtant septième selon l’étude. « Il est vrai que le classement et l’absence de certains pays nous a surpris, concède-t-on à Portland Communications. Mais c’est pour l’instant la seule manière de s’assurer que les “tweets” viennent bien d’Afrique ».
Les 500 twittos africains les plus influents
L’étude comprend également un sondage effectué auprès des 500 « twittos » que la société de communication a jugé les plus actifs et influents. Parmi eux – à l’inverse de l’Europe ou des États-Unis - figurent « peu de leaders politiques et économiques », selon le communiqué de presse de l’étude. Ils sont jeunes, 60 % ayant entre 21 et 29 ans, et l’on apprend également qu’ils interagissent d’abord sur le continent, puisque 60 % des utilisateurs interrogés affirment suivre principalement des utilisateurs africains.
Source: Vincent Duhem pour Jeune Afrique