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Lobby OGM cherche amis désespérément : les candidats à l'élection présidentielle sont les bienvenus

Publié le 13 février 2012 par Bioaddict @bioaddict

L'Association Française des Biotechnologies Végétales (AFBV) a adressé une lettre à tous les candidats déclarés à l'élection présidentielle afin de solliciter leur soutien aux OGM qui contribueraient selon eux "à une agriculture durable économiquement viable, socialement responsable et écologiquement saine". Lobby OGM cherche amis désespérément : les candidats à l'élection présidentielle sont les bienvenus 

Nos plantes génétiquement modifiées vous permettront de manger

L'argument majeur des pro-OGM est toujours le même : pour nourrir la planète, l'utilisation des OGM est inévitable, car sans eux, l'humanité ne pourra manger à sa faim. La lettre de l'AFBV explique ainsi que "le monde est confronté au défi de devoir nourrir plus de 9 milliards d'humains en 2050, ce qui exigera d'augmenter la production agricole de 50 %. Cette augmentation devra se faire à 80 % par la croissance des rendements des cultures et essentiellement dans les pays en développement." Et bien-sûr, la seule solution pour sauver l'agriculture et l'Humanité sont les OGM. Mais est-ce bien la seule solution ?

De nombreux chercheurs et experts expliquent que c'est justement l'agriculture dite "moderne" qui épuise les ressources de la terre et crée la rupture des équilibres naturels. Et que c'est bien cette agriculture dite "moderne" qui va finalement mener qu'à une crise alimentaire mondiale.

"L'industrialisation de l'agriculture, avec l'usage massif d'engrais chimiques, de pesticides et de semences hybrides et la mécanisation excessive, a porté gravement atteinte à la terre nourricière et à la culture paysanne. Ne pouvant produire sans détruire, l'humanité s'expose ainsi à des famines sans précédent" explique ainsi Pierre Rabhi, reconnu expert international pour la sécurité alimentaire. Evoquant "l'absurde logique de l'agriculture", il explique ainsi que "nous ne pouvons, en conscience, avoir de complaisance à l'égard d'une activité qui, sous le beau prétexte de répondre efficacement aux besoins de l'humanité, est en train de contribuer à l'affamer en détruisant son patrimoine vital".

Pour lui, la résolution du problème de crise alimentaire mondiale devra passer par une gestion durable et équitable des ressources. Pierre Rabhi préconise ainsi l'agroécologie comme éthique de vie et technique agricole afin que les populations puissent regagner leur autonomie, leur sécurité et leur salubrité alimentaire tout en régénérant et préservant leurs patrimoines nourriciers."L'agroécologie peut faire face aux enjeux de l'alimentation et de l'environnement dans un monde où le productivisme est au coeur de l'agriculture moderne".

"La pratique agroécologique a le pouvoir de refertiliser les sols, de lutter contre la désertification, de préserver la biodiversité, d'optimiser l'usage de l'eau. Elle est une alternative peu coûteuse et adaptée aux populations les plus démunies. Par la revalorisation des ressources naturelles et locales, elle libère le paysan de la dépendance des intrants chimiques et des transports générateurs de tant de pollutions Enfin, elle permet de produire une alimentation de qualité, garante de bonne santé pour la terre et ses enfants"

Si elle a le mérite d'être positive pour l'environnement et la santé, le seul problème de l'agroécologie, il faut bien le dire, est qu'elle ne fera pas gagner beaucoup d'argent aux grand groupes industriels qui commercialisent les semences et produits chimiques agricoles... d'ou l'argument massue, en pleine crise économique, de pertes financières sans précédent...

Vous allez perdre des parts de marché

L'AFBV demande un allégement des règlementations européennes et françaises trop "restrictives" et trop "lourdes". "Il en résulte un isolement croissant de notre recherche et de nos industries qui menace notre indépendance technologique, pénalise notre compétitivité, compromet notre influence" explique ainsi la lettre aux candidats.

"L'Europe, et la France avec elle, ne peuvent rester plus longtemps à l'écart du dynamisme de l'innovation dans la création variétale issue du génie génétique et que l'on peut constater dans de nombreux pays, aux Etats-Unis comme dans les pays émergents, lesquels sont déjà, ou le deviendront, nos concurrents sur les marchés mondiaux des produits agricoles et agroalimentaires. Ne pas agir dans ce domaine créera à échéance rapide une perte d'expertise, une dépendance technologique et économique, une perte de compétitivité coûteuse pour notre agriculture et négative pour notre balance commerciale, pour l'emploi et notre sécurité d'approvisionnement en matières agricoles. Relancer notre recherche dans le domaine des biotechnologies vertes s'inscrit parfaitement dans la volonté affichée de relancer la croissance en remettant au centre de la politique économique une dynamique de l'offre de production de nos filières agricoles et agro-industrielles sur le territoire français"prévient ainsi l'AFBV.

... alors donnez nous tout pouvoir, des champs et de l'argent

L'AFBV demande ainsi aux candidats : de modifier les directives européennes et les lois françaises concernant les autorisations de mise sur le marché des OGM ; d'autoriser les essais OGM dans les champs sans que pèsent sur eux des risques de destruction; et d'accompagner leurs recherches avec des investissements conséquent.

Grâce à ces leviers, l'AFBV explique que " les biotechnologies végétales pourront ainsi contribuer à la croissance verte de l'Europe et de la France et notamment à une agriculture durable " économiquement viable, socialement responsable et écologiquement saine ". "

Bientôt des campagnes publicitaires pro-OGM à la télé ?

Dans sa lettre, l'AFBV demande même aux candidats s'ils ont l'intention d'agir auprès du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) afin "de veiller à ce que les grands médias respectent le pluralisme des idées sur les controverses scientifiques et "d'assurer une information des citoyens rigoureuse et équilibrée sur les grands enjeux scientifiques de notre pays". Après les politiques, c'est également maintenant les consommateurs que l'AFBV veux chercher à convaincre.

Cherche amis désespérément....

En octobre dernier, l'Agence France Presse révélait déjà que des géants de l'agroalimentaire cherchent à enrôler des personnalités pour peser sur le processus de décision européen en faveur des OGM et ainsi obtenir des autorisations de culture. Ainsi, l'association EuropaBio (derrière qui se cachent notamment Monsanto et BASF) proposait notamment à ses "ambassadeurs "des "rencontres avec les média arrangées par le secrétariat du programme et des articles placés dans des médias"ou encore des "rencontres" et des "dîners débat" avec des responsables de l'Union européenne à Bruxelles. L'association couvrant évidemment "toutes les dépenses nécessaires" de ces ambassadeurs parmi qui l'on peut trouver l'ancien ministre socialiste français Claude Allègre, l'ancien commissaire européen britannique Chris Patten, le chanteur irlandais Bob Geldof, ou encore l'ancien commissaire européen irlandais David Byrne.

Face à l'émergence du mouvement écologique et à la croissance de la consommation bio (qui interdit les OGM), les pro-OGM semblent se sentir de plus en plus seuls... Selon un sondage IFOP/Ouest-France publié en décembre 2011, 65 % des Français restent inquiets face aux OGM et 80 % des Français se déclarent opposés à la culture de plantes génétiquement modifiées en plein champ en France... Quel personnage politique français pourrait ainsi prendre le risque de les soutenir et de se mettre la majorité de la population française à dos ?

Stella Giani


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