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Souvenir du sentier

Par Montaigne0860

Il en est mille. Ce fut le mien. Sous la neige bien sûr on a l’impression qu’il n’est pas très praticable, mais dans mon Souvenir du sentiersouvenir globalement je vous assure ce n’était pas si mal.

Ah oui, au début il était escarpé, ronces, gifles des branches de buissons fous, les cris surtout les cris contre ma joue ; je fus tympanisé de voix : la grave et la soprano sourde, plutôt mezzo au fond, puis parfois mes propres aigus dans le couloir, oui au début du chemin il y avait un couloir, des chambres et des cris, comment vous expliquer jusqu’à l’orée de la forêt obscure où enfin on trouve un semblant de début de soulagement, eh bien pendant tout ce temps je n’ai eu qu’une hâte : arriver à l’orée, là où le chemin bifurque enfin vers la liberté grande de la nuit adulte. Car au plein jour il faisait vraiment une chaleur de désert, j’ai peu bu, j’aurais aimé me désaltérer sur cette sente mince, mais je ne sais pas, cela ne s’est pas fait, je n’ai pas croisé de cascade où l’on rit ni de ruisseau où l’on patauge tout son soûl. Non ce premier chemin à découvert, presque nu, ne m’a en définitive je vous assure laissé aucune sensation de fraîcheur ; ma mémoire peine à trouver plus de deux ou trois joies dans l’eau saumâtre. Quantité de musiques me rappellent que la peine parfois fut douce…

Mais bon n’épiloguons pas puisque une fois dans la forêt des immeubles et des cimes affolées, j’ai vu venir lentement vers moi des promeneurs sobres qui m’ont indiqué le chemin et auxquels j’ai fait partager mon expérience des embûches crapuleuses. Parfois boueux, le sentier fut je vous assure bien mieux que son début décevant (pour ne pas dire désespérant). Curieusement je n’ai jamais éprouvé de mérite à avoir traversé les épreuves du sentier initial. C’est seulement ensuite, en me retournant à cette orée, que j’ai senti, à la souplesse de mon pas, aux facilités de la marche, que la voie exposée au soleil des brutes avait été pénible ; cependant j’en ai eu grande joie, car j’ai compris que j’avais fait le plus dur. Je dois dire que la forêt des villes m’aida beaucoup à ne pas m’enfoncer dans les ruminations : j’y trouvai bien des esprits éclairés et des mains franchement amicales. J’ai eu beaucoup de chance.

Après, l’avancée à travers la forêt jusqu’à l’obscure lumière de mes jours présents, ce fut la vie de tout le monde : un chemin pas si mal… je ris, excusez-moi… je l’ai déjà dit.


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