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Go west young man, go west !

Publié le 13 février 2012 par Jclauded
Il n’y a pas de chômage en Alberta. Au contraire, les entreprises peinent à trouver des travailleurs pour combler des milliers d’emplois dans le domaine de la construction, de la mécanique, de l’électricité, de l’informatique, de la gérance, etc… L’exploitation des sables bitumineux et sa croissance rapide (les pétrolières prévoient doubler leur production d’ici dix ans) est créatrice d’emplois chez des milliers d’entreprises de toutes spécialités. De plus, l’Ouest requerra 100 000 travailleurs de mines lors des huit prochaines années, 150 000 travailleurs de la construction lors des trois prochaines années et des milliers de soudeurs pour la Colombie Britannique. Même les petits commerces et les hôteliers craignent de manquer de personnel. Les dirigeants politiques estiment que si ces besoins ne sont pas comblés, la situation peut éventuellement nuire à la croissance de l’Ouest.
Alors que le taux de chômage augmente dans l’est du Canada et se situe entre 10 et 15%, des centaines de milliers d’emplois à bons salaires sont offerts dans l’Ouest.
Déjà, un grand nombre de travailleurs Québécois s’y sont rendus pour profiter de la manne de l’Alberta. Non seulement, ils gagnent bien leur vie, mais ils profitent aussi du fait qu’il n’y a pas de taxe de vente dans cette province et que les taux d’impôts des particuliers sont plus bas qu’au Québec. De plus, et c’est le bonus, l’Ouest est beau avec ses plaines, ses rocheuses spectaculaires, une très bonne qualité de vie et l’opportunité qu’il offre d’apprendre la langue anglaise.
La nouvelle premier ministre de l’Alberta, Alison Redford, a compris que sa province doit être plus attractive. Le prochain budget qu’elle vient de dévoiler sera donc très généreux. Même si elle est la chef du parti progressiste-conservateur de l’Alberta, les observateurs avertis la situent à gauche, comme le NPD. Plusieurs Québécois seront surpris de ses politiques car ils ont l’impression que l’Alberta est très à droite. C’est vrai pour Harper et ses réformistes-conservateurs mais pas nécessairement pour les autres personnages politiques. On n’a qu’à se rappeler les politiques sociales de l’ex-premier ministre canadien Joe Clark qui était député de l’Alberta et un « red tory », comme tant d’autres. Cette province est comme le Québec, elle aide ceux qui souffrent.
Alison Redford propose d’augmenter appréciablement les budgets de l’éducation, des garderies, des bénéfices sociaux dont certains augmenteront du tiers, etc.. Le gouvernement albertain estime que ces dépenses sociales additionnelles représenteront 500 $ millions par année. Le budget augmentera de 7% et le déficit atteindra 900 $ millions. Comme la Colombie Britannique, reconnue pour être à gauche, l’Alberta dépense 9 000$ par résident comparés à 8 400 $ au Québec, que plusieurs canadiens de l’Ouest qualifient de dépensier. Si, Redford avait maintenu les critères utilisés pour le budget précédent, c’est un surplus de 400 millions de $ que prévoirait l’Alberta. Son ministre des finances dit compter sur le maintien du prix du pétrole à 100 $ le baril et plus, pour prédire que d’ici deux ans le budget albertain redevienne positif.
Ses adversaires politiques estiment que Redford dépense ainsi pour se maintenir au pouvoir lors des prochaines élections qui seront déclenchées d’ici deux ou trois mois. C’est possible, mais à l’entendre, je suis prêt à lui donner le bénéfice du doute.
Mais une chose est certaine, l’Alberta se doit d’attirer un nombre suffisant de Canadiens des autres provinces pour combler ses besoins de main d’œuvre, sinon elle fera appel à l’immigration. Et le gouvernement fédéral le sait puisque le ministre canadien de l’immigration Jason Kenney a annoncé, cette semaine, son intention de vouloir mettre fin à l’immigration familiale afin de la remplacer par une immigration axée sur le choix de personnes spécialisées ou professionnelles, capables de subvenir aux demandes d’emplois du Canada (il voulait dire l’Ouest Canadien).
Pourquoi plus de chômeurs de l’est du Canada ne partent-ils pas, pour une période de temps, travailler en Alberta ? Est-ce le régime d’assurance chômage qui les démotive, puisqu’ils n’ont qu’à travailler un peu plus de 10 semaines pour bénéficier d’un revenu payé par le régime pour un an ? Dans un village, près de chez moi, je connais de jeunes diplômés du secondaire, sans métier, qui calculent leurs jours de travail pour rencontrer le minimum requis par l’Assurance-Chômage et quitter leur emploi. Ils se vantent même de leurs prouesses pour réussir à vivre au frais de l’État sans travailler. C’est clair qu’ils ne sont pas motivés pour aller chercher du travail ailleurs. Ne devrions-nous pas corriger notre système pour qu’il colle plus à la réalité ?
Je crois que le gouvernement canadien devrait favoriser et aider à la mobilité temporaire des travailleurs et financer les provinces, particulièrement le Québec, pour qu’elles accélèrent le perfectionnement professionnel des travailleurs.
Un autre volet intéressant pour dénicher des travailleurs est celui des Premières Nations. Un panel national vient de suggérer d’accentuer l’éducation de leurs jeunes puisque plus de 400 000 d’entre eux atteindront, d’ici 10 ans, l’âge du travail. Voilà un beau réservoir de main d’œuvre possible. Une action du gouvernement fédéral dans ce sens atteindrait un double objectif. En plus d’aider le développement du pays, elle motiverait les Première Nations à améliorer la qualité de vie de leurs populations. L’ex-PM Paul Martin avait lancé de tels programmes, malheureusement, Harper les a annulés dès sa prise de pouvoir, il y a déjà six ans. Aujourd’hui, il parle d’immigration… belle logique.
Et nous n’avons pas à nous inquiéter que le déficit budgétaire de l’Alberta vienne influencer à la baisse la péréquation canadienne pour nous puisque cette dernière est basée sur la capacité fiscale de chaque province.
Si j’étais jeune, avec un bon métier, une famille et sans travail, je me relocaliserais temporairement dans l’Ouest pour me renflouer, acquérir de l’expérience pour revenir éventuellement reprendre ma place au Québec avec un métier compétitif. Je ferais de même, si j’étais un jeune sans métier puisqu’à l’Est, certains gouvernements diminuent considérablement le nombre d’apprentis obligatoires pour satisfaire les exigences des syndicats qui craignent de perdre leur « membership » à cause de la situation de l’emploi.
Comme disaient les aventuriers de la découverte de l’ouest américain : Go west young man, Go west ! Et Dieu sait combien, ceux qui sont partis, en ont profité.
Claude Dupras

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