Au terme d'un grand spectacle digne des plus grosses productions hollywoodiennes, les Red Devils sont venus à bout des infâmes scousers pour rester à courte distance des citizens et offrir à Evra la plus belle des revanches...
Parlons d'abord du match avant de nous attarder sur l'attardé uruguayen... Pour prendre ces Reds à revers, Sir Alex alignait une équipe sans surprise particulière, alignant les meilleurs éléments à sa disposition : De Gea poursuivait sur sa lancée du Bridge, protégé par un back four composé de Rafael, Ferdinand, Evans et Evra. Dans le milieu, Carrick et Scholes obtenaient les faveurs de Fergie, Valencia était évidemment aligné à droite et Giggs retrouvait le flanc gauche qui l'a rendu célèbre dans le monde entier pour fêter sa 899ème apparition sous le maillot de United. Devant, Rooney et Welbeck étaient préférés à Chicharito et Berbatov, assis sur le banc en compagnie d'Amos, de Fabio, Park, Pogba et... Cleverley, enfin ! Le cauchemar des blessures semble tout doucement derrière nous et Sir Alex dispose à nouveau, peu à peu, d'un noyau plus que compétitif au moment d'aborder le rush final. En face, King Kenny la joue prudente en densifiant son milieu, laissant Luis Tête-de-rat Suarez se démerder seul en pointe mais tout de même soutenu par Kuyt et Downing sur les côtés, et Gerrard dans son dos.
Après un début timide et une cabriole de Ferdinand, United a complètement dominé Liverpool, dans tous les compartiments du jeu. Ce fut déjà le cas lors de notre dernière visite à Anfield, en FA Cup, mais cette fois il n'y eut pas de miracle pour la bande à Gerrard. S'il n'y eut pas de but en première période, United avait déjà mis le feu devant le but des Reds, notamment sur une action exceptionnelle initiée et conclue par un Scholes dont la tête à bout portant était sauvée de justesse par Reina. Sinon, rien pour Liverpool, si ce n'est un tir non cadré de Johnson et une course de Suarez parfaitement annihiliée par Rio Ferdinand.
Après cela, Rooney manquera de peu le triplé sur une nouvelle incursion de Valencia, puis United lèvera le pied ; une mauvaise habitude ces derniers temps. 2-0 n'est pas le genre de score qui permet de se la couler douce, surtout quand il reste plus de 30 minutes de jeu et qu'on joue Liverpool. Et ce qui devait arriver arriva. Non pas que les scousers aient poussé, non, ils étaient toujours aussi innofensifs, mais comme vous le savez, les Red Devils aiment se compliquer la vie... Sur un coup franc bêtement provoqué par Carrick (encore excellent ce samedi malgré tout) alors que Suarez avait manqué son contrôle, Adam envoyait dans le paquet un ballon qui échoua malencontreusement sur la cuisse de Ferdinand avant de rebondir pile devant Suarez, qui n'en demandait pas tant pour réduire l'écart et jouer son rôle de méchant à la perfection, offrant à Liverpool un espoir tombé de nulle part et aux supporters de United dix dernières minutes de stress dont on se serait volontiers passé. Finalement, on tremblera à peine sur l'envoi de Johnson, forçant De Gea à nous remontrer qu'il est bien le roi de la claquette. United a gagné sans qu'il n'y ait rien à y redire.
Au coup de sifflet final, Patrice Evra, acclamé pendant 90 minutes à chaque touche de balle par tout le Théâtre des Rêves, laissa exploser sa joie, bondissant le long de la tribune et invitant les supporters à fêter cette victoire si symbolique, pour finir devant la Stretford End, juste devant son copain Suarez, qui rentrait au vestiaire. Un acte mal interprété par quelques Reds qui y virent un geste de provocation. C'était peut-être le cas, mais comment en vouloir à notre capitaine ? A Anfield, il fut hué durant toute la rencontre, lui la victime qui ne s'était plaint de rien et avait juste rapporté des faits jugés ensuite avérés par une commission indépendante. Malgré cela, il eut grandeur d'esprit de présenter sa main à celui qui lui avait manqué de respect end ébut de match, lequel a décidé d'ignorer l'invitation à mettre un terme définitif à cette histoire. Dès lors, la rencontre ne pouvait pas se passer sous les meilleures auspices... Enervé par ce refus, Evra agrippa l'uruguayen et Ferdinand le snobba à son tour. Invisible sur la pelouse, Suarez continuait de provoquer, s'en prenait à l'arbitre quand Rio réalisait un tacle parfait pour le déposséder du cuir, envoyait un tir dans le public à la pause et provoquait un début de bagarre dans le tunnel. Lui qui avait annoncé que les sifflets du public le galvaniseraient, s'est finalement montré trop faible, trop petit, trop immature, trop débile (même pour un scouser) pour l'événement. A l'inverse, Evra s'est toujours montré discret depuis le début de l'affaire, s'interdisant le moindre commentaire et se contentant de faire son boulot. Cette joie manifeste est donc finalement tout à fait légitime et nous a permis de vivre un moment d'anthologie comme on n'en avait plus vécu depuis l'époque Keane/Vieira. Visiblement, l'idée plut à Rafael, qui en remit une couche pour notre plus grand bonheur.
En conférence de presse, Sir Alex félicita ses joueurs pour la performance, regrettant juste que le score reflète si peu la supériorité de United. Il qualifia ensuite Suarez de honte pour le Liverpool Football Club. Autre écossais, autre mentalité : Dalglish prit un air surpris quand on lui demanda ce qu'il pensait du comportement de son protégé : Ah bon ? Il n'a pas voulu serrer la main d'Evra ? Je ne le savais pas, je n'étais pas là... Je faisais un sudoku aux toilettes ! Une non-poignée de main qui a fait du bruit et fait de Suarez un pestiféré en Angleterre, même pour les supporters aveugles de Liverpool. Un jour triste pour notre sport, entendait-on sur le plateau de Match of the day, où le scouser Alan Hansen reconnaissait, une fois n'est pas coutume, que son club chéri était dans l'erreur. Depuis, Luis Suarez aurait présenté ses excuses à son club, lequel a publié un communiqué auquel United a répondu très poliment. L'histoire semble terminée... Wait and see. Il se pourrait bien que le garçon marche seul un moment...En parlant d'Alan Hansen, il serait intéressant de lui demander ce que ça fait de voir son équipe totalement surclassée par un MU qui n'a si-disant plus bien joué depuis 18 mois... Un peu plus tard, City l'a péniblement emporté à Aston Villa, reprenant son avance de deux points, mais la donne semble peu à peu changer : les citizens deviennent poussifs pendant que United enchaîne les prestations impressionnantes face à des adversaires de taille. Pendant ce temps, une autre équipe fait son chemin : les Spurs de Harry Redknapp proposent actuellement le jeu le plus alléchant du royaume et ont facilement disposé de Newcastle, avec notamment deux buts de (P'tit) Louis Saha. Cela promet un gros choc, le 4 mars prochain à White Hart Lane... D'ici là, il y aura l'Europa et l'Ajax, deux fois, puis Norwich.
Pour terminer cette longue review, je reviendrai sur les performances individuelles de nos joueurs. Avec un doublé, Rooney aura les faveurs de nombreux fans, mais je l'ai trouvé un peu brouillon et pas toujours heureux dans la réalistaion de ses idées et d'autres m'ont plus impressionné que lui samedi : Jonny Evans, absolument immense, a signé selon moi son match le plus parfait sous le maillot de United. Solide, précis, soigant la relance, le p'tit Jonny a prouvé qu'il y avait une vie sans Vidic. A ses côtés, Ferdinand a lui aussi rendu une très belle copie. Est-ce dû à une quelconque pression, mais Evra s'est montré beaucoup plus prudent que d'habitude, ne montant que très rarement. Un mal pour un bien : le français s'est rarement retrouvé hors position. Rafael a confirmé qu'en bonne santé, il avait tout pour être l'un des meilleurs arrières-droit du championnat. Welbeck n'a pas marqué mais il s'est démené comme un dératé en première ligne, opérant un pressing constant sur les défenseurs adverses, se libérant pour proposer des alternatives à ses partenaires... Scholes et Carrick, bien aidés par Rooney, Giggs ou Valencia, ont totalement éteint Gerrard, Spearing et Henderson. Giggs, pour sa 899ème, a beaucoup travaillé mais fut moins heureux que d'habitude dans ses passes et enchaînements. De l'autre côté, inutile de s'en faire pour Valencia : notre locomotive carbure toujours au super et Luis Enrique ne se réjouit sûrement pas de rejouer face à l'équatorien. Enfin, notre gardien a eu peu de travail, c'est un euphémisme, mais il a assuré l'essentiel avec cette claquette en fin de rencontre, démontrant une fois de plus que sur sa ligne, le gamin assure grave. Et les remplaçants ? Ben Fergie a dû tellement stresser qu'il a oublié d'utiliser son banc !
Casting : De Gea; Rafael, Ferdinand, Evans, Evra; Valencia, Carrick, Scholes, Giggs; Rooney, Welbeck.
Recalés : Amos, Cleverley, Berbatov, Chicharito, Pogba, Fabio Park. Un si beau banc, ce serait dommage de l'abîmer...
Homme du match : Non, je ne choisis pas Rooney. Merci pour les deux buts, Wayne, mais tu as déjà beaucoup mieux joué. Mon chouchou Valencia le mérite encore, Welbeck aussi, mais je choisis Evans. Si vous avez vu la compile de la BBC de son match, vous comprendrez, c'était grandiose. Souvent critiqué, Jonny a mis, le temps d'une après-midi au moins, tout le monde d'accord.
Note du match : Une victoire contre Liverpool mérite au minimum un 7. Alors quand un de leurs joueurs se débrouille pour qu'on le déteste encore plus que ses coéquipiers, c'est encore meilleur ! Ajoutez-y la manière et vous obtenez 9/10 et pis c'est tout.