Top 10 Citations Le Cherche Bonheur - Michael Zadoorian

Par Theoma

Oui. J'insiste...

Billet ici.

« On peut se demander si c'est la meilleure idée possible. Ce couple de vieux débris, l'une avec plus de problèmes de santé qu'un pays du tiers-monde, l'autre sénile au point de ne pas savoir quel jour on est, partant sillonner les routes du pays.

Ne disons pas de bêtises, bien sûr que c'est pas une bonne idée »


« On passe sa vie à se préoccuper de l'opinion des autres, alors qu'en réalité ils ne pensent pas. Les rares fois où ça leur arrive, je l'admets, c'est souvent en mal, mais on peut au moins de réjouir qu'ils soient capables de penser. »

« On raconte qu’ Ambrose Bierce – dont j’avais adoré les nouvelles, terrifiantes quand j’étais jeune -, à soixante-dix ans passés, avait décidé sur un coup de tête de partir pour le Mexique. « Je me rends bien compte qu’il est possible, voire probable, que je ne revienne pas. » Il a aussi écrit : « Il s’agit de couper l’herbe sous le pied à la vieillesse, à la maladie, et aux chutes dans les escaliers de la cave. » Moi qui connais bien les trois, je ne peux qu’applaudir avec chaleur ce cher Ambrose.

Bref, nous n'avons rien à perdre. J'ai donc décidé d'agir. »

« Je repense à un incident quand Kevin était à la maison, voici quelques années, et qu'il installait le pare-tempête sur la fenêtre de la prote d'entrée. Il s'était coupé le doigt sur un gond. Il n'était pas rouillé, Dieu merci, mais méchamment tranchant. Il était entré dans la cuisine en saignant comme un bœuf. Dès que je m'en étais aperçue, je m'étais ruée pour aller lui chercher un pansement. J'avais badigeonné un peu d'antiseptique sur la blessure et entouré le doigt avec le sparadrap, ajusté juste ce qu'il fallait. Puis j'avais saisi ce doit et, dans même y pendre garde, y avais posé un bisou. « Et maintenant, c'est guéri », avais-je ajouté. Quand j'avais levé la tête, j'avais vu un homme de quarante-quatre ans. Je n'avais pas fait ce geste depuis plusieurs dizaines d'années, et pourtant rien ne m'avait paru plus naturel.

Voilà le genre de pensées qui me coupe le souffle quand elles me viennent à l'esprit. Au moment où je commence à croire que je m'habitue à la situation présente, un truc comme ça vient tout bousiller et me laisse anéantie. »

« Le plus triste dans l'affaire, c'est que nous n'avons pris la route 66 qu'une seule fois au cours de nos déplacements pour Disneyland . John et moi, comme le reste de l'Amérique, avons succombé aux charmes des autoroutes plus rapides, des itinéraires plus directs, des limitations de vitesses moins contraignantes. Nous n'avons plus jamais songé à emprunter la route secondaire. A se demander si quelque chose en nous ne sait pas que notre vie va s'écouler plus vite que nous ne pouvons le concevoir. Alors, nous courons à l'aveuglette comme des poulets sans tête. »

« J'ai l'impression que l'endroit est beaucoup plus vaste qu'il y a vingt ans. On sait que, lorsqu'on retrouve un lieu de son enfance une fois adulte, il apparaît plus petit que dans le souvenir. Mais, si on y revient dans ses années de vieillesse, c'est le contraire. Tout semble immense. »

« Kevin, Charles, Robina, pourquoi as-tu fait une chose pareille ?

- Nous ne savions pas quoi faire d'autre maman. C'est tout.

- Je ne peux pas le voir, mais je devine son visage furieux et buté, celui qu'il arbore quand il me provoque.

- Ma foi, la police ne peut rien contre nous, dis-je gaiement. Nous n'avons enfreint aucune loi. Ton père a un permis de conduire en règle.

Kevin reste silencieux. Les flics ont dû lui dire la même chose. La vieillesse n'est pas un délit. Du moins pas encore. »

« - Je ressemble au poème de Longfellow, Le Naufrage de l'Hesperus, grogné-je.

John se tourne vers moi et dit :

- Je trouve que tu es belle.

Je regarde mon mari. Il ne m'a pas adressé un tel compliment depuis des lustres. Quand je pense combien je les appelais de mes vœux, combien j'étais prête à les croire et à quel point ils m'empêchaient de rentrer sous terre quand je passais devant un miroir.

- Tu me racontes des bobards.

- C'est vrai, mais je trouve quand même que tu es belle.

Maudit bonhomme. Comment ose-t-il m'aimer après tout ce temps ? »

« On est concernés par la disparition de ses parents, des proches, du conjoint, mais rien ne prépare à celle des amis. Feuilleter son carnet d'adresses les remet en mémoire: elle n'est plus là, il n'est plus là, ils ne sont plus là, ni l'un ni l'autre. Des noms, des numéros, des adresses s'effacent. Et, page après page, plus là, plus là, plus là. Ce n'est pas tant la personne elle-même que l'on pleure que sa jeunesse, la fête, les discussions animées, et les verres trop nombreux, les longs week-ends, les épreuves et les victoires partagées, les secrets échangés, les souvenirs que seuls nous deux possédons. Nous pleurons notre belote mensuelle. »