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De un à dix-neuf

Publié le 03 février 2012 par Malesherbes

Je me suis astreint à regarder la prestation télévisée de notre président dimanche soir. J’y ai vu un homme politique essayant de convaincre les Français qu’il pouvait accomplir en trois mois ce qu’il avait été incapable de réaliser dans les cinquante-sept mois précédents, soit un ratio de performances de un à dix-neuf. Si certains l’ont cru, tant pis pour eux !

La première phrase qui a eu le don de m’énerver est la suivante « Je ne serai pas M. Jospin face à Vilvoorde: on n'y peut rien ». La mémoire de notre président est défaillante : la fermeture de l’usine Renault de Vilvoorde, devant laquelle Jospin s’était déclaré impuissant, a eu lieu en 1997. C’est à propos de licenciements chez Michelin, en 1999, que Jospin avait prononcé la phrase regrettable : « l’État ne peut pas tout ». Il ne faut pas manquer de culot pour se permettre ce rappel, qui plus est erroné, quand on est soi-même venu en 2008 à Gandrange promettre aux sidérurgistes d’Arcelor-Mittal qu’on sauverait leur emploi, ajoutant même, indécence suprême, « Gandrange pour un voyage de noces, y' a pas mieux ! »

On peut aussi remarquer que les deux situations sont différentes. Si les conséquences humaines de licenciements sont hélas identiques sous toutes les latitudes, le choix par Renault de fermer l’usine de Vilvoorde revenait à faire jouer une certaine préférence nationale, même si elle n’a guère de justification au sein d’une Union européenne. Par contre, ne pas s’opposer à la fermeture de Gandrange, c’était participer à une délocalisation.  

Notre président a ensuite, une fois de plus, démontré son sens exquis de la diplomatie, déclarant : « On peut parler du Royaume-Uni avec plaisir, ils n’ont plus d’industrie ». Passons sur cette syntaxe bancale : qui donc désigne ce ils ?, pour goûter la suavité du propos : pourquoi y aurait-il du plaisir à constater le mauvais état de l’industrie de nos voisins ? Et, pour couronner le tout, en proférant une contre-vérité : le tissu industriel de la Grande-Bretagne est plus fourni que le nôtre. Lorsque le président insulte un quidam d’un « casse-toi, pauv’con », il démontre son manque d’éducation mais surtout, son incapacité à maîtriser ses nerfs, lui qui s’était permis, lors de son débat télévisé avec Ségolène Royal, de mettre en doute  l’aptitude de celle-ci à cette maîtrise. Ici, c’est beaucoup plus grave : par cette phrase, il manifeste son absence totale de sens diplomatique. Au sein d’une union, on ne s’exprime pas ainsi à propos d’un pays partenaire et ami.

Je retiendrai enfin cette démonstration éblouissante de la logique sarkozienne : la hausse de la TVA  n’entraînera pas de hausse des prix et, simultanément, son annonce déclenchera des achats anticipés. Et pourquoi donc faire des achats de précaution, s’il ne doit  pas y avoir de hausse des prix ? Parce que les Français ne sont pas stupides, ils ne croient plus les carabistouilles  qu’on leur sert.


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