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Un 4 février en Syrie

Publié le 13 février 2012 par Jujusete

J'ai reçu un mail, dans le courant de la semaine dernière, d'un ami Syrian vivant... quelquepart en Syrie. Non, je ne vous dirais pas où il vit, question de sécurité. Je suis juste rassurée qu'il ne soit pas à Homs.

J'étais atterrée, révoltée... Puis je lui ai demandé si je pouvais publier son mail ici, juste pour vous faire lire comment cela se passe au quotidien. Il a répondu que oui, que je pouvais le faire sortir où je voulais. Alors voilà...

Avec une pensée pour ces héros du quotidien. Ceux qui manifestent au péril de leur vie, ceux qui nous parlent, ceux qui se battent pour leur liberté dans des conditions horribles. Ceux qui m'ont logée, aidée. Il ne se passe pas un jour sans que je pense à eux, sans que je pense à lui.

Une penée aussi pour ces autres héros, modestes, qui chaque jour font tout pour qu'ils puissent encore s'exprimer. 

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Le mail est en anglais, je vous publie la version originale et en dessous, la traduction. 

8:10 pm

I get out of the bus. The demonstration will take
place after about 300 meters.My friend and I
are walking and scanning the area, we passed half
of the way and we didn't see anything suspicious.
After that, I started to notice Shabbiha in the area
in addtion of security forces, everything went terribly.
We walked into a bystreet, we were like birds in a trap,
I've seen them in my eyes.
It was canceled, that is obvious, the problem is:
Can we stop the others from erupting
the demonstratin? We went into a mini-shop,
bought two pieces of cake (to camouflage).
While we were walking, two Shabbiha were face-to-face
with us, and they left us. They wanted to catch
the biggest number they can.
A Mercides police car stoped near me.
We entered another shop, it takes place in opposite
the place of demonstrating, I thought it was imposible
that someone will cheer to start it, well, I was wrong.
Three seconds after we entered the shop,
it was started. At first, no one joined him,
the trap was obvious for those who scanned the area.
However, those who came from the western area
didn't notice it. Few joined, then the number was about 30.
I get out of the shop to see, and to try to warn,
but it was too late.  When I saw them I couldn't
stay at my place, I crossed the street and 
standed between them.
Few seconds after, we have heard
an electric stick sound. Then they attacked us.
The piece of cake was still in my hand,
crossed the street again. The shop's door was closed.
Suddenly, a security agent standed in front of me
and pointed his Klachikov to me
while they were arresting other people.
He looked at me carefully, I raised my hands up
(the cake still with me). He was nervous,that's obvious.
I was afraid. However I was calm, so calm.
He saw legs moving, so he asked me
angrily and nervously to open the  shop.
It was a kid's legs. Four kids, an old-man
and my friend were into the shop. Was he schocked?
I don't know.
Then he looked at me, and told me to enter
the shop and to close it. My hands were benumbed,
and guess what? While we were hearing gun-fire,
the old-man (seller) asked us to leave!
In the god sake! We started to buy some stuff
so he shut-up. Then, a man opened the shop
and the gunfire was stopped.
We left the shop, took a Taxi and left the area.

version française

20:10
Je sors du bus. Nous sommes environ à 300 mètres du lieu de la manifestation. Mon ami et moi marchons etbalayagons de la zone du regard, à la moitié du chemin, nous n'avons encore rien vude suspect. Ensuite, je commence à remarquer des Shabbiha dans la zone et des forces de sécurité, tout est allé de pire en pire.

Nous sommes entrés dans une échope, nous étions comme des oiseaux en cage. Là j'ai compris que la manifestation était annulée, c'était évident. Problème est : Peut-on arrêter les autres ? Nous sommes allés dans un mini-shop, acheter deux morceaux de gâteau (pour se camoufler, avoir une couverture).

Pendant que nous marchions, deux Shabbiha sont tombés face-à-face avec nous, et ils
sot partis. Ils voulaient revenir plus nombreux. Une Mercedes, une voiture de police s'est arrêtée à ma hauteur. Nous sommes entrés dans une autre boutique se trouvant en face de la place où se déroulait la manifestation. Je pensais que c'était imposible que quelqu'un aille y manifester. Fialement, elle a commencé, j'avais tort. Trois secondes après, nous sommes entrés dans la boutique, la manifestation a commencé.

Dans un premier temps, personne n'alla grossir les rangs, le piège était évident pour ceux qui avaient scanné la zone. Toutefois, ceux qui sont venus de la région de l'ouest n'ont rien remarqué. Les manifestants étaient au nombre de 30, environ.

Je sors de la boutique pour voir, et pour tenter de les prévenir, mais il était trop tard.
Quand je les ai vus, je ne pouvais pas rester à ma place, j'ai traversé la rue et attendu quelques secondes. Ensuite, nous avons entendu un bruit de bâton électrique.

Ensuite, ils nous ont attaqués.

Le morceau de gâteau était encore dans ma main, j'ai traversé la rue à nouveau. La
porte de la boutique était fermée.

Soudain, un agent de sécurité s'est arrêté juste en face de moi et a pointé sa Klachikov sur moi alors qu'ils arrêtaient d'autres personnes. Il me regarda attentivement, je levai les mains vers le haut (le gâteau s'y trouvait toujours).

Il était nerveux, c'est évident. J'ai eu peur. Cependant, j'ai été calme, si calme... Il a vu mes jambes tremblantes, alors il m'a demandé avec colère et nervosité d'ouvrir la porte de la boutique. Il avait les jambes d'un gosse. Quatre enfants, un vieil homme et mon ami étaient dans la boutique.

At-il été choqué ? Je ne sais pas.

Puis il me regarda et me dit d'entrer dans le magasin et de refermer derrière moi.
Mes mains étaient engourdies, et devinez quoi ? Alors que nous entendions des échanges de coups de feu, le vieil homme (le vendeur) nous a demandé de quitter les lieux !

sous le regard de Dieu !

Nous avons commencé à acheter des trucs pour qu'il se taise. Puis, un homme a ouvert la boutique et les coups de feu se sont arrêtés. Nous avons quitté la boutique et pris un taxi pour quitter le quartier.

Plus d'infos sur la Syrie, en temps réel et via des Syriens sur le ste de news from the ground mis en place par Telecomix. Il existe aussi un site de vidéos clasées par date, histoire de voir l'horreur en vrai ou simplement de rendre hommage à ces héros qui filent la révole et la répression au quotidien.


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