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Faire une entrée en campagne tonitruante : la méthode Sarkozy #SarkoCaSuffit

Publié le 15 février 2012 par Variae

Bilan épouvantable ? Moral dans les chaussettes, et popularité plus basse encore ? Divisions qui couvent comme le feu sous la glace dans votre camp ? Ami président sortant, ne renoncez pas purement et simplement à vous représenter : essayez plutôt la méthode Sarkozy !

Faire une entrée en campagne tonitruante : la méthode Sarkozy #SarkoCaSuffit

Comment ça marche ? Le principe est simple : faire un maximum de bruit tout en brassant l’air à grands coups de bras, pour essayer de détourner l’attention de la population des griefs monstrueux accumulés à votre égard. Le tout en 5 étapes simples.

ETAPE 1 – Faites monter le désir.

Réveillez la midinette qui est en vous. Faites-vous plus rare, prenez l’air nostalgique, évoquez en petit comité vos doutes, la possibilité que vous quittiez votre « job » (© Sarkozy) de président pour « aller faire de l’argent » (© Sarkozy). Laissez surgir quelques poils gris dans votre tignasse, lâchez quelques indiscrétions sur le livre-confidence que vous vous apprêtez à sortir. Essayez de faire oublier à vos victimes, pardon à vos concitoyens leurs problèmes financiers en étalant vos états d’âme en une des journaux : sur un malentendu, ça peut marcher.

ETAPE 2 – Faites d’un non-événement un événement.

Une fois fini votre petit tour de piste en mode « quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule », vous avez fini par admettre publiquement que la date de votre annonce approchait, et tout le monde a compris de quelle annonce il s’agissait. SURTOUT, gardez le suspense entier sur la date et l’heure, car (principe fondamental de l’érotisme), un nu est plus attirant s’il a un tout petit morceau de tissu pour le couvrir. Multipliez les micro-hypothèses pour entretenir la tension médiatique. Allez-vous vous déclarer un mardi, un mercredi, un jeudi, le soir, le matin, sur un canoë, dans une usine, à la grande messe du 20H, dans un meeting monstre au Stade de France ? Vous nourrirez alertes, contre-alertes, dépêches AFP, tweets, rubriques « indiscrets » des newsmagazines et autres bruits de couloir. Avec un peu d’efforts, vous construirez une hystérie générale effaçant tout le reste, même l’Europe en train de sombrer par son bout grec.

ETAPE 3 – Organisez la joie populaire spontanée

Bon d’accord, « on ne vous aime pas beaucoup », constat qui pourrait même devenir un exemple canonique de litote dans les manuels de français pour collégiens. Et alors, la belle affaire ! La ferveur populaire, au fond, ce n’est qu’une affaire d’angle pour les caméras. Alors débrouillez-vous pour que ce qu’elles couvrent ne soit que liesse, sympathie et enthousiasme : organisez votre visite de chantier avec des figurants, créez des fausses foules à partir de militants UMP, suggérez à un de vos élus de construire une statue à l’effigie de votre épouse, et enfin équipez les enfants des écoles de petits fanions pour saluer votre passage.

ETAPE 4 – Méritez votre réputation de bad guy

Ah ils ne vous aiment pas, ils vous trouvent antisocial (tu perds ton sang-froid), ils vous accusent de casser le service public et l’Etat, ils conspuent votre beau titre de Chanoine du Latran, eh bien, donnez-leur en pour leur argent ! Dans une belle interview à l’organe de presse officiel de votre camp, lâchez les chevaux : mariage homosexuel qui risque de déstabiliser la société, chômeurs-parasites, étrangers forcément communautaristes (traduire : batteurs de femmes) … et lancez quelques ballons d’essai en off comme, tiens, au hasard, « et si on mettait fin à l’emploi à vie des fonctionnaires ? ». Si avec tout ça vous ne créez pas un ramdam infernal, c’est que le pays vous est en fait acquis. Or c’est loin d’être le cas, n’est-ce pas ? Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire.

ETAPE 5 – Mettez en scène une fausse dynamique de rassemblement

Vous avez bien des micro-candidats (entre 0 et 0,5 d’intentions de vote, tout mouillés, marges d’erreur comprises) qui s’agitent dans votre sphère politique et ont eu le bon goût de jouer la comédie de l’opposition à votre omniprésidence ces derniers mois. Le temps est venu pour eux de venir manger dans votre main : l’un après l’autre, ces rebelles héroïques façon « retenez-moi  ou je fais un malheur » vont annoncer bruyamment leur ralliement à votre sombre panache. Oui, ils étaient vos premiers opposants, mais incontestablement vous vous êtes rallié à leur point de vue, et le temps du rassemblement est donc venu, pour faire gagner la France – et quelques circonscriptions à ces Bourgeois de Calais, et d’ailleurs.

VOUS POUVEZ ALORS VOUS DECLARER ! Comment ça, “avec quelles chances de réussite” ? Etant donné que vous partiez de 0, nous ne pouvons que garantir une forte augmentation relative de vos chances de victoire. Satisfait ou pas remboursé.

Romain Pigenel


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