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Chaque jour voit l'apparition d'une nouvelle expression; ville fertile, ville nuage, ville frugale depuis peu... rendant quasi canonique la ville durable d'ailleurs rejetée majoritairement par tous
les auteurs d'aphorismes urbains. Nous voici donc avec la ville quelque chose, et il ne s'agit plus de la ville neuve ou de la ville franche, mais d'une ville conceptuelle et nébuleuse. Loin d'une
refondation du fait urbain, ces expressions témoignent d'une incapacité à appréhender la ville comme système hétérogène. Peut-être s'agit-il tout bonnement de la fin d'un modèle idéologique dont
les fondations ne seraient plus qu'administratives et fiscales. Si nous considérons notre expérience quotidienne de l'urbain, nos déplacements physiques et nos mobilités virtuelles, nos perceptions
nous font ressentir un espace discontinu aux limites géographiques peu définies. Le sentiment d'appartenance se fonde désormais sur nos expériences individuelles et nous recombinons pour nous même
une ville en propre, sans équivalent chez nos voisins de palier, profondément autre. La ville laisse donc place à des villes multiples se superposant rarement sur des territoires de vie distendus.
L'abandon des grands récits doit aujourd'hui nous faire réfléchir sur notre objet d'étude et la première des choses à faire est de cesser de vouloir le qualifier et y plaquer des principes
abstraits dont peu passent le cap de l'expérimentation. Nous avons besoin de projets. Nous avons aussi besoin de conceptualisation mais la raison pousse à proposer des action pragmatiques,
volontairement sectorielles, tout en développant une conscience qui les rattachent au système urbain complexe de la ville d'aujourd'hui.