En général, je suis quelqu'un de plutôt ouvert. En quelques années, je me suis totalement débarrassée de ce réflexe (inné ou acquis ?) d'avoir un mouvement de recul à l'idée de commencer une série non-américaine, et plus encore, disons, une série polonaise. La plupart de mes préjugés sont tombés ou, quand j'en ai, ils sont même devenus positifs ! Chouette, me dis-je, une série russe, je n'ai pas souvent l'occasion d'en trouver. A cela s'ajoute une curiosité débordante à l'égard de pays pour lesquels je ne demande rien de mieux que de trouver un pilote ou deux, enfin ! Afin de me faire une idée du niveau de production.
Et pourtant.
Je le dis souvent, ma prochaine grande aventure téléphagique, ce sera de donner sa chance à la fiction française.
Permettez que je digresse mais avez-vous remarqué combien le terme "fiction française" est lourdement connoté ? Fiction turque, fiction japonaise ou fiction canadienne ne renvoient pas la même impression de défi tant pour l'industrie elle-même que pour le spectateur. Ou bien ce n'est que moi.
Ponctuellement je le fais, d'ailleurs. Je me lance dans un pilote, je ne me ferme pas à l'idée d'en regarder un de temps à autres. Et quand, à l'instar du Visiteur du Futur, j'y prends du plaisir, une partie de ce plaisir, reconnaissons-le, vient du fait que c'est une petite victoire sur mes idées reçues et mon instinctive méfiance à l'égard des séries françaises. Mais ça reste un effort. Une tâche à laquelle m'employer quand je serai d'humeur. Un challenge loin d'être gagné d'avance ; ce qui est toujours mieux que s'il était perdu d'avance, mais tout de même.
C'est, à vrai dire, désagréable même pour moi.
Lancer un pilote de série française n'est pas excitant. C'est toujours un moment pendant lequel, instinctivement, je me répète d'essayer d'être ouverte : ne te braque pas contre le jeu des acteurs et leur diction terne, ignore les dialogues sans saveur et concentre-toi sur l'intrigue qui, nan mais on sait pas, commence pas, ça se trouve, sera bonne, et pas du tout bateau, pourquoi ce serait bateau juste parce que c'est français, c'est vraiment stupide comme idée, tu as pourtant testé des séries philippines sans a priori (par contre a posteriori...), pourquoi t'es infichue de partir du principe que, ouais, c'est possible de passer un bon moment, c'est chouette un pilote, comment tu peux ne pas te réjouir de lancer un pilote ?! Mais t'es une grosse raciste en fait, hein ?
Et au final je suis dans un tel état de crispation, non pas vis-à-vis de la série mais vis-à-vis de moi-même parce que justement je ne voudrais pas être crispée, que les pilotes de séries françaises ont moins de chances que les autres de me séduire, c'est clair.
Ce soir, j'ai lancé trois fois le pilote d'une série française en essayant de me motiver. A chaque fois, il se passe un truc. Un mail qui arrive et qu'il faut que je lise maintenant, ou, ah oui euh, je vais juste jeter un oeil à ma timeline sur Twitter et, nan mais tu sais quoi, je vais me faire un thé d'abord, tiens, ça va me détendre.
Je n'ai absolument rien contre cette série. J'ai juste 25 000 trucs que je préfèrerais voir à la place. Il y aura toujours 25 000 choses que je préfèrerais regarder qu'une série française, en réalité, et ça me rend triste parce que je suis certaine que ça me fait passer à côté de bonnes choses.
Et c'est comme ça que je lance le pilote de la série Des soucis et des hommes, ce qui signifie que pour la quatrième fois je me suis interrompue dans ce que je voulais regarder ce soir, et je me dis... nan mais vraiment, ya rien à faire, quel que soit le bout par lequel je le prends, dés que c'est français, j'ai l'impression de subir invariablement le même jeu d'acteur, la même diction morne, les mêmes dialogues sans panache, les mêmes intrigues prévisibles. Ca me met très en colère contre moi-même. Ou contre la fiction française. Ou les deux.
Tiens pis merde, je laisse tomber pour ce soir, je vais regarder la suite d'Apparences.
C'est pas ma guerre, faut croire.
J'aime bien le concept de ce billet ^^
En tout cas, déjà que j'étais pas très enthousiaste... Et rien que l'image...
Merci. Je t'avoue que je suis extrêmement frustrée, là.
Une précision cependant : l'image est celle du pilote que je voulais tenter ce soir, pas de celui des Soucis et des hommes qui m'a valu de m'interrompre une 4e fois.