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Le référendum pour débloquer les blocages c’est comme demander à un pyromane d’éteindre un feu !

Publié le 17 février 2012 par Nicolas007bis

MyriamUne des martingales du Sarkozy nouveau semble être le recours massif au référendum. Plus précisément, le recours au référendum en cas de situation de blocage ce qui revient à peu près au même dans notre beau pays ou le consensus semble si difficile à trouver (voir à ce sujet « La fabrique de la défiance» par Yann Algan, Pierre Cahuc et André Zylberberg).
Pour Sarkozy, cette proposition à un double intérêt. Un premier intérêt immédiat, purement électoral, qui est de nous dire : « voyez comme je suis démocrate puisque j’en appelle au Peuple pour toutes les décisions importantes » et qui nous rappelle étrangement la fumeuse démocratie participative de Ségolène.

Le second pose une question de fond sur l’utilisation du référendum.

Sarkozy a clairement le sentiment d’être un incompris, à chaque fois qu’il lance une réforme qu’il considère pourtant comme nécessaire pour la France, c’est le tollé général, les syndicats, les corporations, les autres formations politiques lui tombent sur le râble et surtout, les français, ou en tout cas les plus politiquement actifs descendent dans la rue.

L’idée est simple, puisqu’à chaque fois qu’il lance une réforme « courageuse » le « Peuple » lui reproche, eh bien laissons le Peuple prendre lui-même ses décisions et assumer la responsabilité d’un refus.

Finis les passages en force qui m’amènent que des emmerdes, dans tous les cas je serai gagnant : soit c’est « oui » et ma réforme à moi sera passée et je pourrais en tirer gloire, soit c’est « non » et je pourrais dire que j’ai fais ce que j’ai pu et que si on est dans la merde c’est parce que le Peuple a refusé de valider mes courageuses propositions.

En fait, et contrairement à ce que laisse entendre Sarko, l’objectif du référendum n’est évidemment pas de débloquer des situations mais de ne pas assumer ses décisions impopulaires!

De toute façon, pour qu’un référendum débloque quoi que ce soit, encore faudrait-il que la réponse soit « oui » !

L’alternative nécessairement simple sinon simpliste que propose le référendum fait que ça passe ou ça casse. En cas de « non », on n’a pas avancé, on a reculé, on se retrouve au point de départ, dans une situation probablement insatisfaisante puisqu’une réforme a été jugée nécessaire. Et un « non » a un caractère suffisamment traumatisant pour considérer qu’il va plutôt contribuer à figer une situation qu’à la faire évoluer, qui prendrait le risque d’essuyer un second « non » !

D’ailleurs, pourquoi croyez-vous que les extrémistes de tous bords réclament à corps et à cris des référendums sur l’Europe par exemple, parce qu’ils savent bien que c’est le meilleur moyen pour refuser, pas pour exprimer son accord, pas pour faire avancer l’Europe mais pour la bloquer en disant « non » !

Car, tous ces gens, savent pertinemment que lors d’un référendum beaucoup ne se prononcent pas sur la question posée mais sur celui qui la pose. Sarkozy pourrait organiser un référendum sur n’importe quel sujet, il est évident que la réponse serait dans tous les cas « non » !

Depuis toujours, les français confondent référendum et plébiscite !

Depuis toujours, ou au moins depuis que de Gaulle a lié son sort au résultat du référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat.

Pourtant, combien de décennies aurions nous gagnées sur la décentralisation si son projet avait été mis en œuvre.

D’une manière générale, et j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire (La véritable leçon de démocratie des Grecs ! ) ce type de scrutin binaire se prête à toutes sortes de démagogies populistes. Répondre par « oui » ou par « non » à la question posée, suppose tout d’abord que l’on accepte avec honnêteté de se contenter de répondre à la question posée en faisant abstraction de celui qui la pose. Mais même dans ces conditions, peu probables en France, cela suppose que l’on connaisse précisément, à la fois les conséquences d’un « oui » et les conséquences du « non », si ce qui n'est pas le cas, le jeu est inégal !

Or les conséquences du « oui » sont bien plus clairement définies que celles du « non » qui se réfère au mieux au statu quo et au pire à une vague alternative (cf. plan B).

A cela il faut ajouter que: « Les mauvaises politiques sont plus faciles à vendre que les bonnes » (sic Leszek Balcerowicz ex gouverneur de la Banque centrale de Pologne) surtout si elles ont des conséquences immédiates désagréables.

Faire appel au référendum, sauf sur certains sujets de société qui posent une alternative claire, n’est qu’un aveu d’échec de la société à trouver les nécessaires consensus qui permettent de la faire évoluer sans être en perpétuels conflits.

C’est l’aboutissement de la personnalisation du pouvoir avec le Président de la République qui « parle » directement au Peuple en enjambant allégrement tous les corps intermédiaires considérés au mieux comme inutiles au pire comme facteurs de blocage de la société !

Tel que veut l’utiliser Sarkozy, c’est même parfaitement contradictoire avec le fonctionnement de notre démocratie représentative qui veut que le Peuple, à l’occasion des élections, délègue son pouvoir à ceux qu’il a choisis, charge ensuite à ceux-ci de faire ce qu’ils jugent bon de faire…et de l’assumer. Nos élus le sont pour prendre des décisions et les appliquer et non pas pour faire ce que le Peuple aura décidé !

En tout état de cause, compte tenu de notre propension à utiliser le référendum comme moyen de contester le pouvoir, en organiser un pour débloquer une situation, c’est comme faire appel à un pyromane pour éteindre un feu !…il ne restera du projet que des ruines fumantes, mais bon, ce n’est pas grave, c’est le Peuple qui l’aura voulu !


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