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Stratégie indirecte : introduction

Publié le 18 février 2012 par Egea

Un de mes fillots m'envoie une introduction et me demande ce que j'en pense. Au fond, peu importe le sujet (ici, la Stratégie indirecte) : mais la question est intéressante pour examiner les qualités d'une bonne introduction de devoir. Pour préparants, mais aussi pour tous ceux qui doivent écrire des articles, fiches, devoirs, et autres productions écrites.

Stratégie indirecte : introduction
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Voici tout d'abord le texte qu'il me propose :

A la suite des conflits irakiens et afghans, on ne compte plus les publications sur la guerre irrégulière, qu’on retrouve également sous les vocables de guerres bâtardes, hybrides ou asymétriques. La guerre irrégulière est pourtant un phénomène ancien ; c’est un conflit aux contours plus politiques que militaires qui se caractérise par une implication de la population, des insurgés et des forces extérieures. Elle fait l’actualité stratégique depuis une dizaine d’années ce qui occasionne la redécouverte d’auteurs parfois anciens, même si elle reste difficile à définir. Cette complexité à la définir, et donc à la combattre, est-elle renforcée par les évolutions technologiques qui caractérisent nos sociétés actuelles ? Y a-t-il de nouvelles règles de la guerre irrégulières, si tant est qu’elles existent, induites par ces évolutions ?

La technologie influence la guerre irrégulière mais ne modifie pas ses fondements normatifs. Elle l’influence parce que ses praticiens adaptent leurs modes opératoires, à la fois pour ne pas en être victimes et également pour maximiser ses effets. Mais la guerre irrégulière reste, en dépit de toutes les évolutions technologiques, un phénomène anthropologique.

La guerre irrégulière obéit à certains principes qui sont indépendants des évolutions technologiques (I). Ces dernières influencent ses modes opératoires mais sans modifier la nature profonde de la guerre irrégulière (II).

Pour l’accroche rien à dire. De même, immédiatement vous passez à la définition des termes du sujet. C'est aussi l'endroit où, si l'on a un peu de temps et de place, on définit les limites géographiques et historiques de son propos, en justifiant si besoin les exclusions.

2ème phrase : OK, mais j’aurais mentionné la notion de « petite guerre » bien connue des anciens : vous affirmez du coup qu’il n’y a pas tant de nouveauté que ça. Quant à dire que c’est un conflit aux contours plus politiques que militaires, je ne suis pas tout à fait d’accord : c’est une guerre, avec donc sa dualité politique et militaire, même si on aperçoit plus la modalité politique.

3ème phrase : un peu maladroite puisque vous dite qu’elle reste difficile à définir, alors que vous venez de proposer préalablement une sorte de définition. Du coup, vous ramez avec votre « Cette complexité à la définir » qui là, pour le coup, est mauvais. D’autant que vous poursuivez par « une complexité à la combattre » : en clair, vous utilisez complexité à la place de difficulté, que vous ne voulez pas employer pour éviter la répétition d’un adjectif, qui en plus intervient en fin de phrase précédente de façon, on l’a vu, maladroite.

Ensuite, l’énoncé des questions : d’une part la technologie, d’autre part la régulation. Partons de cette double interrogation (qui ne fait pas, souvenez vous, une problématique, puisque celle-ci n’est pas la superposition de questions, mais LA question qui les synthétise toutes, le centre de gravité des questions).

Votre IM rame du coup un peu : Oui, la technologie influence la guerre irrégulière (pour dire les choses simplement : la dissymétrie provoque l’asymétrie).

  • Mais je ne comprends pas le « elle ne modifie pas les fondements normatifs ». Quels fondement normatifs de la guerre irrégulière ? la norme, c’est le droit : jus in bellum, jus ad bello, souvenez vous de vos cours. Bref, ce mot normatif me gêne terriblement.
  • Et ensuite, vous développez, curieusement, l’IM. Je ne comprends pas « ses praticiens adoptent leurs modes opératoires ». Modes de qui ? de la guerre irrégulière ? c’est un peu abscons, si vous me permettez.
  • Quant à la fin, le « phénomène anthropologique », ça me fait très peur. Que la guerre soit un phénomène, oui. Un phénomène anthropologique, pourquoi pas, mais attention, il va falloir argumenter serré avec tous les bons auteurs de cette discipline, et je ne suis pas sûr que vous les possédiez. Il reste que cela s’admet. Mais si la guerre irrégulière est une modalité de la guerre, est-ce pour autant un « phénomène anthropologique » ?

En revanche, votre annonce de plan est claire, limpide, avec des mots pas prétentieux, et donc d’excellente facture.

Bref, ce qui pêche, c’est l’articulation problématique & idée maîtresse. Comme souvent en pareil cas : cette figure imposée est très mal comprise des écrivants : il faut une netteté de pensée que la plupart n'ont pas !

Autrement dit : TB pour les extrémités, à reprendre pour le milieu : le centre mou ?

O. Kempf


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