Harkis, un plan emploi sous forme d'interprétation restrictive...
Alors que l’année 2012 est celle du cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie, il est en effet pour le moins surprenant et choquant que M. Marc Laffineur, secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense et des anciens combattants, nous explique que le gouvernement et en l'occurence par la Mission Interministérielle aux Rapatriés ont eu à cœur d’œuvrer en faveur des harkis, en concentrant leurs efforts sur la formation et l’insertion professionnelle de leurs enfants.
Mais une question m'interpelle : Combien d'enfants de harkis aujourd'hui sont concernés par cet effort ?
J'en doute qu'il y en ait beaucoup du fait que les enfants de harkis sont nés entre 1947 et 1980 et qu'aujourd'hui la plus grande majorité d'entre eux ont plus de 45 ans. J’estime toutefois, et je ne suis pas le seul, qu’il ne s’agit là comme à chaque échéance électorale, pour semer la diversion sur les problèmes réels et urgents des harkis aux temps présents, le gouvernement en place se découvre un regain de résultats par le biais de M. Marc Laffineur, que dans le secteur aidé, les contrats d’accompagnement ont profité à 5 770 enfants de harkis. Le plus drôle est que le gouvernement a poursuivi le dispositif des bourses scolaires et universitaires : 60 000 bourses ont été versées à ce jour pour un montant de 16 millions d’euros.
Or, à quelques mois de cette échéance, force est de constater que le sort aux enfants de harkis au regard de l'emploi n'a guère évolué dans le Loiret ou ailleurs, et, en particulier, dans la fonction publique, qui aurait dû, à cet égard, se montrer exemplaire.
Pour semer l'oubli et tenter de détourner l’attention des harkis sur les promesses de l’heure et faire oublier le spectre d’une forte mobilisation du mécontentement qui se profile à l'horizon, alors, tous les moyens sont bons pour amuser la galerie.
J'expose ma question, relative à l'accès des enfants de harkis aux emplois réservés à l'attention de M. Marc Laffineur. Je rappelle que le 5 décembre 2007, le Président de la République Nicolas Sarkozy affirmait sa volonté de donner aux enfants des anciens harkis la priorité à laquelle ils ont droit : De mobiliser tous les moyens pour mettre en oeuvre une politique individualisée d'accès à l'emploi.
Lors de la discussion de ce texte, en mai 2008, j'ai lu : M. Jean-Marie Bockel, alors secrétaire d'État à la défense et aux anciens combattants, sur la portée de cet engagement indiquait, lui, que 3 000 postes étaient susceptibles d'être ouverts. Mais, d'après M. Georges Mothron, rapporteur de la commission avait répondu visiblement un peu moins optimiste que le nombre de bénéficiaires du dispositif restait mesuré, seules 1 500 personnes pouvant être concernées.
En 2010, j'ai relevé dans la circulaire du 30 juin 2010 relative à la prorogation de mesures prises en faveur des anciens membres des formations supplétives, qu'en application du décret du 5 juin 2009 pris pour l'application de la loi, près de 3 000 postes de fonctionnaire pouvaient être accessibles, chaque année, aux enfants de harkis.
Tous les espoirs étaient donc permis. Malheureusement, il semblerait qu'au 1er décembre 2010, 107 postes seulement avaient été effectivement pourvus par des enfants de harkis dans l'ensemble des trois fonctions publiques. Dans notre département du Loiret, fin 2010, sur les 234 enfants de harkis ayant ou n'ayant pas reçu leur passeport professionnel, aucun, à ma connaissance, n'a été recruté.
À ce jour, dans plusieurs départements, on ne relevait pas une seule embauche d'enfant de harki dans la fonction publique au titre de ces emplois réservés. Seul, environ une trentaine de départements, seulement trois, en moyenne, étaient employés. Le compte n'y est donc pas.
En effet, j'entends que cet engagement, dont le Président de la MIR M. Renaud Bachy (nommé préfet hors cadre) était le garant de sa mise en production qui devait répondre à la dette d'honneur n'a pas été tenu. Or, aujourd'hui dans les faits, il apparait malheureusement qu'une interprétation restrictive soit donnée à ces dispositions.
Fort de ce constat, la fin du mandat du président marquera une période de 50 ans d'attente et de désillusions comme la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des harkis comme le candidat aux élections présidentielles l'avait promis, en 2007.