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Acier : de Florange aux pays émergents.

Publié le 20 février 2012 par Lheretique

On ne mettra jamais assez en évidence la dichotomie profonde qui existe entre nos représentations politiques, nos exigences éthiques et les réalités économiques qui viennent les heurter de plein fouet.

Depuis les débuts des projets d'arrêt de l'aciérie de Florange, je comprends qu'Arcelor-Mittal essaie de rationnaliser ses coûts car il produit plus que ce que ses clients lui demandent.

Ce qui est étonnant, c'est que la demande d'acier mondiale continue de progresser : Lupus a publié sur son blogue des chiffres édifiants en octobre dernier.

Les unités de production qui se situent en France visent un marché européen, or, si la demande mondiale d'acier va croître de 4% en 2012, en Europe, sa progression ne sera que de 2.5% seulement. Parallèlement, la part des pays émergents dans la demande d'acier va bondir à 73%.

Si les pays émergents ont des exigences de qualité, comme les pays développés, en revanche, ils n'ont pas de barrières éthiques ou écologiques comme en Europe. Si on peut imposer des normes pour l'acier sur le marché européen, on ne peut contraindre des producteurs d'acier extra-européens à s'imposer nos normes sociales chez eux quand ils exportent vers des pays émergents.

L'Europe aurait dûr pourtant finir l'année en trombe avec une progression calculée de 7.5% : las, la conjoncture s'est retournée sur les deux derniers trimestres 2011. Arcelor-Mittal a vu ses bénéfices plonger. Arcelor-Mittal produit des aciers plats, or, ces derniers alimentent des secteurs bien spécifiques de l'industrie, comme par exemple l'automobile. Des incertitudes pèsent sur ce secteur. Et puis les mines sont tellement plus rentables...

 En 2008, le patron d'Arcelor-Mittal annonçait pourtant que le monde manquerait d'acier.

Les efforts pour moderniser les usines européennes se sont concentrés sur les émissions de CO2. Or, les pays émergents n'ont que faire des émissions de CO2, il suffit de voir comment Inde, Chine et Brésil freinent des quatre fers pour tenter de limiter les contraintes environnementales, par exemple.

Dans un tel contexte, je ne vois pas trop ce que peuvent faire les politiques : ils se succèdent au chevet de Florange, jurant qu'ils n'abandonneront pas la sidérurgie française, mais concrètement, quelle est leur marge de manoeuvre ? Nulle, ou presque. La seule chose qu'ils pourraient à la rigueur décider, c'est de subventionner sur fonds publics l'usine de Florange, mais c'est économique absurde, une voie sans issue. 

Au fond, ce que peut faire un politique, dans un cas semblable, c'est surtout avoir anticipé ou avoir favorisé l'anticipation. D'où l'idée intéressante du projet de François Bayrou de ressusciter une sorte de Plan susceptible de réunir les acteurs des principales filières en France. 

Pour l'heure, je ne vois pas ce que l'on peut faire pour les salariés de Florange, mais je suis preneur de toute solution géniale, et je pense que je ne suis pas le seul...


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