Question pour un champion ?

Ils ont disparu de mon environnement sans que je m’en aperçoive immédiatement et je ne sais plus quelle pensée récente me les a remis en mémoire, toujours est-il que je me retrouve une fois encore avec une question restant en suspens. Que sont devenus les bâtons blancs des agents de la circulation ?

Quand j’étais un gamin à Paris dans le courant des années 50, à tous les carrefours d’importance, un agent réglait la circulation automobile avec un bâton blanc. Moulinets lents ou rapides, bâton dressé haut pour stopper le flux, à l’horizontale pour inciter le courant automobile à progresser, la gestuelle étant accompagnée parfois de furieux coups de sifflet à roulette pour inciter voitures et camionnettes à accélérer le mouvement promptement. 

Le ballet était plus ou moins élégant et gracieux car tenant à la personnalité et au physique du représentant de la loi. Un gros rougeaud sous son képi, s’époumonant dans son sifflet tout en moulinant des bras comme un moulin dans la tourmente, déchaînait les sourires et inspirait les comiques. On en a vu d’autres, qui la jouait artistique, gracieux dans le mouvement et s’accompagnant du sifflet, comme le danseur épousant le rythme de la musique. Toutes les écoles étaient représentées et permises, mais toutes s’inscrivaient dans la tradition du maniement du bâton blanc.

Puis lentement mais sûrement, les feux tricolores clignotant, les ronds-points et les souterrains ont sécurisé les carrefours. L’agent de la circulation a disparu des radars, réaffecté à d’autres tâches où son bâton blanc ne lui était plus d’aucune utilité avouable. A partir de là, pour moi, les traces se perdent. Que sont devenus tous ces bâtons mis au rebut ? Certains ont certainement trouvé leur place dans quelques musées de la police ou chez des collectionneurs, mais la grande masse, le stock énorme de gourdins immaculés qu’en a-t-on fait ?

Certes, la police utilise toujours des bâtons, mais ce sont des matraques de couleur sombre, inquiétantes rien qu’à les regarder, conçues pour la castagne, proches des accessoires utilisés dans les arts martiaux. Nous sommes loin du bâton blanc plutôt élégant de l’agent de police. Oh, je ne suis pas naïf non plus, l’instrument ne servait pas qu’à régler la circulation, mais au moins il s’attachait à afficher, sans ostentation, la respectabilité de l’autorité.  

Reste ce fameux stock de bâtons, que sont-ils devenus ? Question pour un champion ou avis de recherche ?