Vous pourriez être tentés de me dire :
"pourquoi te faut-il de la vigueur pour taper dans une balle de 3 grammes avec une raquette pour nain ?"Et vous n'auriez pas tort. Le problème tient au fait qu'à l'inverse de l'un de mes adversaires d'hier, qui me renvoyait chacune des baballes jaunes ou blanches en ne bougeant que son avant-bras telle une marionnette immobile et désarticulée stationnée à quelques centimètres de la table, moi je bondissais, sautais, m'élançais, penchais au rythme des assauts répétés de celui d'en face, qui me baladait à droite, puis à gauche et dont je percevais l'esquisse d'un sourire satisfait et justifié. D'autant plus justifié que le bonhomme en face de moi ne pouvait se mouvoir qu'en actionnant les roues de son fauteuil. L'anecdote mise à part, j'ai pris conscience qu'en France, à supposer qu'une telle rencontre ait pu avoir lieu (ce dont je doute), j'aurais certainement cherché à laisser gagner cet adversaire-là. Alors ? Alors il faut croire que certaines bonnes habitudes ont le pouvoir de gommer certaines différences. Il faut croire aussi que le fait de retrouver chaque semaine ce brillant joueur-là, prêt à me donner une nouvelle leçon de ping-pong, m'a permis de devenir moins con.