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Sénégal - La police est omniprésente à Dakar et empêche tout rassemblement citoyen.
Publié le 22 février 2012 par PlusnetLa police sénégalaise avait bouclé hier soir tous les accès à une place de Dakar où l'opposition sénégalaise a appelé à une manifestation interdite contre la candidature du chef de l'État, Abdoulaye Wade, à la présidentielle de dimanche, faisant craindre de nouvelles violences.
Au total, six personnes sont mortes dans des violences liées à la contestation, depuis fin janvier, de la candidature de M. Wade, 85 ans dont 12 au pouvoir, dont deux depuis vendredi.
Deux ONG de défense des droits de la personne ont évoqué «neuf morts et des dizaines de blessés» pendant cette période et dénoncé «l'usage disproportionné de la force».
Hier en fin d'après-midi, les accès à la place, déserte hormis des policiers antiémeutes, avaient été bouclés par les forces de sécurité en alerte. Sur l'une des avenues qui y mènent, deux candidats d'opposition à la présidentielle, Cheikh Bamaba Dièye et Djibril Ngom, ont parlementé avec le commissaire central de Dakar, Harona Sy, qui les a laissé repartir.
De précédents appels du M23 à se rassembler sur la place de l'Indépendance, située au centre-ville et à proximité du Palais présidentiel, ont entraîné des violences entre manifestants, en grande partie des jeunes qui tentaient de rallier le site, et les forces de l'ordre.
La répression par la police avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau, a fait au moins une vingtaine de blessés depuis vendredi, deux morts en banlieue et en province.
Les manifestations se sont étendues dimanche soir à d'autres quartiers et des banlieues de la capitale, ainsi qu'à des villes de province.
Un jeune homme est mort à Rufisque, dans la banlieue de Dakar, après avoir été blessé à la tête par une pierre lors d'affrontements avec des policiers, a annoncé lundi son tuteur, un imam de la confrérie musulmane tidiane, décès que la police n'a pas confirmé.
Depuis près d'une semaine, des milliers d'anti-Wade, essentiellement des jeunes, ont bravé les interdictions de manifester, provoquant des scènes de guérilla urbaine au coeur de la ville.
Dimanche, alors que le M23 n'avait pas appelé à manifester, c'est un rassemblement de fidèles de la confrérie musulmane des Tidianes devant une mosquée de Dakar, qui a dégénéré en violents affrontements avec les forces de l'ordre.
C'est dans cette mosquée où se trouvaient des fidèles, qu'un policier avait lancé des grenades lacrymogènes vendredi, provoquant la colère de la confrérie des Tidianes, l'une des plus influentes au Sénégal, pays à 95 % musulman.
Par vengeance, des jeunes de Tivaouane, un des fiefs des Tidianes, ont manifesté dès vendredi soir, incendiant la mairie tenue par un partisan du président Wade. Des manifestations de colère ont eu lieu dans d'autres villes, dont Kaolack où un jeune est mort lors de heurts avec la police.
La présidence sénégalaise a «regretté» les violences des derniers jours, attribuées à l'ex-premier ministre et candidat, Idrissa Seck.
C'est dans ce climat tendu que l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo doit arriver à Dakar aujourd'hui pour diriger une mission de l'Union africaine (UA) chargée d'observer le scrutin.
Le M23 estime que M. Wade, élu en 2000, réélu en 2007, a épuisé ses deux mandats légaux et juge illégale sa nouvelle candidature, ce que contestent les partisans du président qui soulignent que des réformes de la constitution lui donnent le droit de se représenter.
La France a exprimé «sa vive inquiétude en raison de la montée des tensions de ces derniers jours au Sénégal» et «son attachement à la liberté d'expression et de manifestation». Elle a appelé «à la libération de toutes les personnes arrêtées lors des manifestations de ces derniers jours».
Source : LeDevoir