Magazine Emarketing

Pourquoi PowerPoint appauvrit-il le travail des marketeurs ?

Publié le 24 février 2012 par Marketingcommunity @marketing_cmnty

Vous le faites quasiment tous les jours. Inconsciemment. Ignorant le danger, vous recommencez. Encore et encore, comme un réflexe, vous vous y laissez prendre. Avouez-le : vous imprimez des PowerPoint. Sur les 700 présentations qui sont faites à travers le monde chaque seconde, bon nombre sont imprimées. Au détriment de la pensée, du sens critique et de l’intelligence.

Pro, perso, politique… L’overdose de PowerPoint

« Et pour ceux qui n’auront pas pu assister à la réunion, les slides leur seront envoyées ! » : combien de fois avons-nous entendu cette remarque d’apparence anodine ?

Combien d’e-mails contenant une présentation PowerPoint en pièce jointe recevez-vous chaque semaine ? Des dizaines. Des centaines. Soyons honnêtes : ça ne choque personne. C’est tout le problème.

Aujourd’hui, on fait des PowerPoint pour tout, sur tout, dans toutes les sphères de l’entreprise, mais également hors du monde des affaires : le  Général Stanley McChrystal, Commandant des Forces Alliées en Afghanistan il y a encore quelques années, expliquait subir ainsi une quinzaine de présentations PowerPoint chaque semaine dans le cadre de sa mission opérationnelle. Les officiers de l’armée américaine fraichement diplômés de West Point passent tellement de temps à peaufiner des slideshows qu’on les surnomme affectueusement «les PowerPoint Rangers»… A tel point que le New York Times, en avril 2010, titrait en gros : «We have met the enemy and he is PowerPoint».

Au royaume du marketing, PowerPoint est roi

Dans le monde du Marketing, PowerPoint est LE support incontournable. Si l’on interrogeait un panel de 100 professionnels du marketing, pratiquement 100% d’entre eux répondraient travailler sur le logiciel. Le problème, c’est que contrairement à l’armée américaine, aucun professionnel du marketing ou de la communication ne semble réaliser l’ironie qui frappe cette addiction à PowerPoint. «Addiction», le mot est volontairement fort, car trop souvent, nous entendons des managers pressés demander à ce que n’importe quel document Word faisant plus de 2 pages qui leur est présenté leur soit représenté sous forme de quelques slides PowerPoint. Comme si on pouvait réellement «lire» des slides PowerPoint, ces «rots» de pensée appauvrie, étriquée dans une «zone de texte» si limitée. Comme si passer d’un format texte à un format slide n’avait aucune incidence sur le contenu. La forme influe sur le fond, puisque «the medium is the message», disait McLuhan.

L’illusion de l’efficacité

Aujourd’hui, tout le monde est pressé. En marketing, particulièrement. La concurrence est rude, tous les jours. Alors on essaie de gagner du temps. Lorsqu’on prépare une présentation ou une «reco» client, on sait d’avance qu’elle sera à la fois présentée à l’oral, envoyée par mail et imprimée. Or PowerPoint a été conçu, malheureusement, pour être imprimé et envoyé en pièce jointe. S’il s’était contenté de son rôle d’outil de présentation, nombre de catastrophes auraient sans doute pu être évitées (cf. l’accident de la navette spatiale Columbia). Pour les pros du marketing qui vendent finalement leurs idées donc leur temps disponible, gagner du temps, c’est gagner de l’argent. Recourir à un outil qui donne l’illusion de l’efficacité par son côté «couteau suisse» est donc devenu bien vite naturel, ce qui explique les 30 millions de présentations PowerPoint créées chaque jour dans le monde.

Vous savez bien que quelque chose cloche

Comme les Généraux américains, comme les journalistes du New York Times, comme Frank Frommer (auteur de « La pensée PowerPoint, enquête sur un logiciel qui rend stupide »), vous savez au fond de vous qu’il y a un souci avec ce logiciel.
Vous avez fait de longues études, écrit des mémoires, des notes de synthèse, des dossiers. On vous a formé pour penser, imaginer, réfléchir. Au nom de quoi êtes-vous donc obligé de le faire dans cette prison cognitive qu’est PowerPoint ? Pourquoi vos idées, vos démonstrations, vos raisonnements, dont on attend de vous qu’ils soient riches – c’est même pour ça qu’on vous paie!- devraient impérativement tenir en deux slides trois bullet points ?

Le nivellement par le bas de l’intelligence

Comme vous savez que votre présentation sera imprimée et envoyée par mail, donc lue en l’absence de vos commentaires d’orateur, vous écrivez l’ensemble de votre intervention sur vos slides, pour vos futurs lecteurs. Mais comme il n’y a pas assez de place pour tout écrire, vous tronquez vos phrases, compressez votre information, remplaçant la concision, effort intellectuel, par la compression, perte sèche d’informations. Le résultat est à la hauteur du paradoxe qui vous est demandé : un document contenant trop de texte pour une présentation orale, et un document écrit trop pauvre pour être vraiment lu, et donc véritablement compris. Votre auditoire, qui lit plus vite que vous ne parlez, s’ennuie et décroche. Et ne retient rien de ce que vous lui présentez. Alors, on reprogramme une réunion, «pour approfondir». Et on la contracte sans le savoir, cette terrible maladie moderne qu’est la réunionite…

Prezi, PowerPoint killer et presenter friendly

Imaginez maintenant qu’il existe un outil de présentation qui ne vous autorise pas à imprimer ni envoyer par mail votre présentation. Un outil qui vous encourage à recourir au visuel plus qu’au «copier-coller-projeté». Un outil qui vous replace, vous orateur, au centre de votre présentation. Un outil utilisé chez Google, chez Facebook, dans les célèbres conférences TEDx, à Harvard….Que se passerait-il ?

1.    Vous retrouveriez une vraie créativité à chaque présentation ;
2.    Vous seriez obligés de travailler votre oral, ce qui est toujours nécessaire et qu’on a vraiment tendance à oublier ;
3.    Vous redeviendriez donc un meilleur orateur, plus engagé, que l’auditoire aurait alors plaisir à écouter ;
4.    Vous prépareriez une rapide note de synthèse de votre intervention pour les absents, faite de phrases construites, avec des conjonctions de coordination, des verbes conjugués, bref, de l’intelligence.

Au final, vos idées seraient plus efficacement transmises, mieux retenues, et le bilan global d’intelligence généré de votre côté comme du côté de votre auditoire serait nettement supérieur à celui qu’aurait généré un PowerPoint. Ce logiciel existe, c’est Prezi. Une vraie bouffée d’oxygène dans un monde dominé par l’écosystème PowerPoint, inefficient et dépassé, parce que conçu dans les années 80. Il y a 32 ans ! Après les rétroprojecteurs, après PowerPoint, laissons maintenant la place au 21ème siècle.

En savoir (+)

Consultez le livre « Stop au PowerPoint ! Réapprenez à penser et à présenter ! » écrit par Nicolas Beretti (Dunod, 2012)

 

Lire aussi :


Retour à La Une de Logo Paperblog