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Culture du risque

Publié le 24 février 2012 par Egea

Quelqu'un qui doit préparer une conférence me demande mon avis sur "L'officier et la culture du risque". En un mot, je crois qu'elle a disparu.

Culture du risque
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Pour dire la vérité, je crois que l'institution militaire s’illusionne beaucoup sur cette « culture du risque ». Elle fait partie des mantras, des présupposés, des idées reçues, transmises, ressassées. Mais elle ne correspond pas forcément à la réalité. Comme la lumière d'un astre mort nous paraît toujours brillante, même si la distance nos empêche d'apercevoir la réalité. En quelque sort, une rémanence : la persistance d'un effet optique une fois que celui-ci a disparu.

Certes, les officiers font des pistes d’audace et apprennent à se comporter collectivement dans des situations d’imprévu.

Mais l’imprévu n’est pas le risque et tout le système actuel est extrêmement contrôlé : à la fois à cause des règles militaires mais aussi des règles civiles que nous avons adoptées : droit, contrôle de gestion, budget, prévention, précaution, … Tout cela fait que l’officier n’est plus quelqu’un qui, par état, sait gérer le risque (le calculer, et le prendre). Au contraire, on ne cesse de lui apprendre à s'en défier. Sous couvert de le contrôler, à le bannir. Pas de .. ouille, pas d'embrouille.

Plus lapidairement : à force de vouloir maîtriser le risque, nous n’en prenons plus.

Le sujet désormais c’est : « l’officier et la culture du non-risque ».

Mais disons toute la vérité : cette évolution n'est pas le fait du seul officier : elle appartient à toute la culture managériale, y compris dans l'entreprise. Posez la question aux cadres des écoles de management : c'est pire. On apprend aux ingénieurs et aux managers à appliquer des recettes. Mais cela, ce n'est pas prendre un risque.

C'est d'ailleurs la cause d'un certain déclin collectif : qui a tout à perdre ne risquera rien, ne jouera pas, et donc perdra assurément. L'abus de prudence est encore plus délétère que la témérité.

Conclusion; continuez à le raconter partout (après tout, quand on a une image de marque, il faut la garder et l'entretenir : une Jaguar a toujours l'image d'une Jaguar, même si ça tombe en panne). Mais n'y croyez pas.

NB : j'apprends à l'instant le décès d'Hervé Coutau-Bégarie. J'y revendrait dans un prochain billet : dès à présent, je présente mes condoléances à toute sa famille. Il nous manque déjà.

O. Kempf


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