La France est devenue rétive au risque et à l’incertitude. Les candidat en lice pour la présidentielle en sont la parfaite illustration.
Par Philippe Robert
L’une des (mauvaises) raisons pour laquelle je ne fais aucune confiance aux candidats en lice, c’est de constater avec tristesse qu’aucun d’eux, et non des moindres, ne paraît seulement capable de proposer des idées novatrices.
En matière d’innovation politique, et tout spécialement en France, que l’on ne puisse quasiment rien attendre des partis de gouvernement comme de ceux qui, hélas, n’aspirent qu’à enfumer les esprits relève d’une effrayante réalité.
Point n’est d’ailleurs besoin d’aller chercher bien loin pour se convaincre de cette triste vérité. Il suffit, pour cela, d’observer la surenchère effrénée à laquelle se livrent les candidats pour soi-disant sauver des emplois qui, de toute façon, ont fait leur temps.
Ah oui ! Pour être élu ou réélu, il ne faut surtout pas désespérer Billancourt… Nos élites se montrent ainsi incapables de faire autre chose que de regarder en arrière sans même se rendre compte, tant ils ont l’esprit court, que c’est la France qui trinque !
A contrario, entendons-nous un seul candidat faire allusion à la métamorphose en cours du monde réel, métamorphose à laquelle tout notre avenir se trouve étroitement lié, pour expliquer que la seule chose qui vaille est de créer des emplois ?
Non. Car nos politiques pétris d’irrationalité se refusent, par pure paresse intellectuelle, à concevoir comment il faut s’y prendre pour créer, et non pas uniquement préserver ou sauver à perte, les vrais emplois qu’exige l’émergence accélérée d’un monde nouveau.
Force est de reconnaître que l’Europe, et en particulier la France, sont devenues rétives au risque et à l’incertitude. Or le modèle « schumpétérien » ponctué de crises et de ruptures est à l’évidence un modèle à risque (…) Cette attitude face au risque et à l’inconnu me paraît être la clé pour comprendre nos difficultés et notre retard récurrent. [*]
Dès lors qu’un candidat lucide et avisé fera, et surtout tiendra, envers et contre tous la promesse solennelle de nous délivrer du principe de précaution frauduleusement introduit dans notre Constitution, alors et alors seulement commencerai-je vraiment à croire en lui.
Cela n’est aujourd’hui pas le cas et je dirais même que nous en sommes à des années-lumière. Le niveau général de l’offre politique est d’ailleurs tellement médiocre que je n’en attends rien de bon. Pour être franc, je m’attends même au pire.
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[*] Geoffroy Roux de Bézieux, Pour sortir de la crise, le capitalisme – Mon plaidoyer en faveur d’une société entreprenante, Les éditions du Moment, janvier 2011.