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251ème semaine de Sarkofrance: quand Sarkozy se prend pour la France

Publié le 25 février 2012 par Juan
251ème semaine de Sarkofrance: quand Sarkozy se prend pour la France Après la « représidentialisation », le voici en cure d'authenticité populaire. Nicolas Sarkozy est en campagne, mais son narcissisme l'égare toujours. De déplacements en discours, il ne cesse de s'auto-identifier à la France, qu'il veut forte et travailleuse. Quand le président des Riches s'autoproclame candidat du Peuple, le dérapage n'est pas loin.
Il pensait que cette semaine serait décisive, quelques jours après son entrée officielle en campagne. Ce fut donc à nouveau l'overdose. Mais celle-ci est plus insoutenable qu'en 2007 ou au début du quinquennat car il y a peu d'idées et trop d'images.
 Des propositions modestes et contredites
Depuis des mois, Nicolas Sarkozy promettait à ses proches soutiens d'écraser ses opposants sous une avalanche de propositions fortes et inédites. Certains osèrent la fâcheuse comparaison avec la Blitzkrieg de l'armée allemande en 1940: courte mais puissante. En fait, nous réalisâmes que nous savions presque déjà tout, que le reste était bien flou ou bien faux.
Les « grandes » annonces étaient petites ou ridicules, connues et rabâchées. Après les référendums sur la formation des chômeurs et la justice applicable aux étrangers, Sarkozy promit de supprimer la prime pour l'emploi, et d'y préférer un allègement de charges sociales pour les salaires compris entre 1 et 1,2 ou 1,4 SMIC. Selon lui, 7 millions de salariés allaient toucher « un peu moins de 1.000 euros par an » en plus.
C'était faux et archi-faux. Le gain net serait de 3 à 30 euros par mois. Il déclara vouloir aussi imposer 7 heures de travail hebdomadaire aux bénéficiaires du RSA.
A Lille, jeudi soir, il revendiqua son triptyque baisse des charges sociales, extension de la formation professionnelle (pour les chômeurs) ou du travail forcé (pour les RSAistes), et suppression de certains « revenus extravagants ». Il voulait faire passer la pilule d'une réduction des prestations sociales, une proposition soigneusement cachée sous un double argument: il y a trop d'assistanat en France et Il faut réduire les cotisations salariales. Quelle tartufferie ! Le Président du chômage avait encore sévit.
Et encore une fois, nous nous posions la même question: mais pourquoi avoir attendu 60 jours avant le scrutin présidentiel pour agir ? Quels étaient donc ces fichus blocages qui l'avait empêché de supprimer les retraites chapeau et les parachutes dorés ? En 2010, respectivement 62% et 57% des entreprises du SBF120 recouraient à ces dispositifs.
L'augmentation de TVA sous prétexte social a été enfin adoptée par l'Assemblée nationale après le couac de la semaine précédente. Mais l'argumentaire sarkozyen - instaurer une TVA anti-délocalisations - a été démonté par l'INSEE. Dans une étude publiée mercredi, l'institution explique que (1) le coût du travail dans l'industrie est identique en France et en Allemagne (sic!), et (2) «  la baisse des charges patronales n’est pas déterminante pour faire baisser le coût du travail ».
Spectacle guignolesque
Puisque les annonces étaient modestes, ne restait que la vacuité des images.
Ses communicants avaient calé la mise en scène. Nicolas Sarkozy devait faire « authentique ».
Nous eûmes Sarkozy marchant sur le pont Mirabeau, mais déposé discrètement par une voiture au coin de la rue; Sarkozy qui « aime » le train, et monte dans celui qui le mène à Lille dans un wagon de seconde classe devant les caméras, mais va s'installer en 1ère classe avec Nathalie Kosciusko-Morizet et Rachida Dati (jeudi); Sarkozy qui mange avec des salariés d'Alstom à leur cantine (mardi) pour regretter le Fouquet's le lendemain à la TV; Sarkozy qui se laisse photographié par des passants près de son QG; Sarkozy dans son sobre bureau de la rue de la Convention, qui tranche tant avec ces clichés dorés du Palais. Sarkozy et sa playlist de chansons préférées sur Deezer; Sarkozy qui accepte l'accolade de bouchers à Rungis.
De ses discours, on ne retenait que l'incantation et l'invective. A Marseille (dimanche), en Charente (mardi) ou à Lille (jeudi), il répétait ses « aidez-moi, aidez la France ». Il critiquait moins les 60 propositions du candidat Hollande (les a-t-il d'ailleurs lues ?) que l'homme lui-même, qu'il accusa encore d'être menteur sur le plateau de France2, mercredi. Jeudi, dans le TGV le ramenant à Paris, il se moqua des socialistes qui « préféraient DSK à Hollande ». Petites phrases, quand tu nous tiens...
Plusieurs fois, il a expliqué que cette élection présidentielle était en fait la première du XXIème siècle. Le problème de Sarkozy est qu'il est en fait le dernier président du XXème
Tout cela sonnait faux ou creux, ou les deux.
Et les vrais sujets ?
Mercredi, le candidat s'est invité au journal de télévisé de France2. Il fut moins regardé que  Frédéric Nihous, le candidat de Chasse, Pêche et Tradition qui annonçait au même moment sur TF1 son retrait de la compétition au profit de Sarkozy. Ce dernier s'empêtra dans ces propositions du jour. Il ne fut pas avare de mensonges ou regrets de dernière minute: il mentit sur son vote de l'Acte Unique en 1986 (il n'était pas député!); il aimerait encadrer les hauts salaires « par la loi », supprimer les retraites chapeau et les parachutes dorés qu'il avait préservé depuis 2008 malgré la crise. Il regrettait le dîner du Fouquet's. Il bafouilla quand le journaliste lui demanda pourquoi on ne connaissait pas encore ses propositions.
Vendredi, le candidat revêtait son costume de président pour aller visiter la raffinerie de Petrolplus à Petit-Couronne. Il était souriant et sérieux. Il annonça le débloquage de 50 millions pour relancer la raffinerie, et la signature d'un contrat d'approvisionnement ... temporaire  avec Shell pour 6 mois. Finalement, Sarkozy était surtout le candidat du Travail Temporaire ! Cette visite, faussement présidentielle et vraiment électorale, fut éclipsée par la surprise du jour, François Hollande s'est rendu à Florange, dans l'établissement sidérurgique d'Arcelor-Mittal occupé depuis 5 jours par des salariés en colère. Mittal avait placé l'usine en chômage technique pour au moins 6 mois.
Cette mise en scène permanente ne faisait pas oublier les vrais sujets. En Syrie, les massacres de civils se poursuivent. La bien nommée communauté internationale est impuissante. A Bruxelles, la Commission européenne prévoit désormais une récession dans la zone euro pour 2012. Où sont les plans de relance ? La Grèce poursuit sa descente aux enfers. Elle s'est acquis un plan de prêts pour 130 milliards d'euros et l'abandon d'une centaine de milliards d'euros de créances, au prix d'une nouvelle cure d'austérité. A Paris, les députés socialistes ont refusé de voter le nouveau plan européen. Sarkozy comme Fillon les ont accusé de couardise (encore ?), alors que le piège était grossier: la loi instaurait un Mécanisme Européen de Stabilité mais aussi une prétendue règle d'or.
Overdose de spectacles, flou des propositions... cette campagne commence fort, et mal.
Ami sarkozyste, où es-tu ?


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