Faut il dire pour s’alléger, déposer la peine pour essayer de se dépasser, j’ignore comment faire aujourd’hui mais j’ai envie de dire la douleur, le chagrin d’avoir perdu un être cher, l’ami précieux, ce Beau frère tant adoré, tant admiré. Cet accident, ce retour du boulot le soir sur sa moto, les voitures freinent brutalement, manœuvre d’évitement et sa tête explosée contre le bus qui venait en face, l’accident me revient sans cesse et je ne fais qu’imaginer cette minute assassine. J’ai offert, trois jours après, sous la contrainte, puisqu’il ne fallait rien changer, les clefs de sa moto à mon fils pour ses 18 ans et j’ai le cœur déchiré par la peur, par l’idée de lui avoir offert la mort dans un paquet cadeau. J’ai plein de colère envers ceux qui ne voulaient rien changer, qui m’ont dit que c’était malgré tout un jour de fête même sans lui, et j’ai tant pleuré, sur cette mort, sur cette perte insupportable, sur tout le reste. Une opportunité d’avouer le supplice de cette vie que j’essaye en vain de rendre un peu jolie. Ne pas aimer pour ne rien perdre c’est tellement vide de manques cruels.