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Cocoricoscar

Publié le 28 février 2012 par Malesherbes

Le film « The Artist » vient de remporter à Hollywood cinq Oscars. On peut se féliciter de ce succès et en complimenter les artisans. Mais les cocoricos qu’il suscite sont-ils vraiment de mise ?

Le septième art a cette singularité d’être aussi une industrie. Si la mise de fonds nécessaire à l’écriture d’un livre est à la portée de presque tous, il n’en va pas de même pour la réalisation d’un film. On peut donc rendre hommage à la réussite de tous ceux qui ont permis ce triomphe dans le temple américain du cinéma : ils ont su trouver les financements nécessaires pour la production, la promotion, la diffusion et j’en oublie certainement. Ils se sont aussi attachés à faciliter la réception de ce film par un public américain et, il ne faut pas l’oublier, ont réalisé un produit de haute qualité artistique.


 

Ceci dit, qu’est-ce que tout cela a à voir avec la culture française ? On nous dit que c’est la première fois qu’un film français remporte l’Oscar du meilleur film. Cette absence de précédent a une raison très simple : sauf erreur de ma part, peuvent participer à la compétition les films en langue anglaise présentés aux Etats-Unis au cours de l’année civile précédant la cérémonie. Ceci qualifie tout naturellement des films américains ou britanniques mais plus difficilement des films étrangers. Les Oscars français obtenus précédemment n’ont pu l’être que par des acteurs français ou dans la catégorie films en langue étrangère. « The Artist » a victorieusement contourné ces limitations en faisant le choix du muet et en se déguisant en un film américain, allant même jusqu’à être réalisé à Los Angeles, avec des acteurs et une équipe technique mêlant Français et Américains.

Tout ceci ne diminue en rien cette réussite. La France peut s’en glorifier comme d’autres réussites industrielles, telles celles du TGV, de l’Airbus ou d’Ariane. Mais où est la culture française dans cette aventure ? Un film qui, jusque dans son titre, nie sa francité pour mieux se déguiser en un produit local. C’est très professionnel de réaliser un film américain mieux peut-être que des Américains. Mais y a-t-il un avenir pour le génie français s’il se voue à singer des produits étrangers ? Espérons que ces Oscars assureront un public américain à d’autres films, plus représentatifs de notre pays, un peu comme l’Oscar du meilleur film étranger décerné à « Une séparation », oeuvre qui nous renseigne sur l’Iran d’aujourd’hui et nous permet d’apprécier la maîtrise d’Asghar Farhadi et de son équipe.

Et si cette dernière remarque fausse un peu le débat en faisant grief à une comédie de ne pas porter de message, j'ajouterai que les exemples ne manquent pas de comédies françaises représentatives de ce que notre pays a de singulier.


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