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De quelques arguments de la campagne sarkozienne

Publié le 28 février 2012 par Pierre

De quelques arguments de la campagne sarkozienneIl paraît, de leur propre aveu, que les têtes pensantes du président sortant préparent depuis des mois des arguments et des « éléments de langage » destinés à pulvériser leur principal adversaire, François Hollande. Une cellule « riposte » a été mise en place pour coincer autant que faire se peut le malheureux candidat socialiste, apeuré devant tant de puissance idéologique et écrasé dans son insignifiance par le bulldozer présidentiel.

Premier argument, le plus ancien : l’archaïsme des thèses et propositions du candidat Hollande. Grands spécialistes de cette idée lumineuse : Jean-François Copé, François Baroin et Xavier Bertrand. Dès que Hollande avance un projet de réforme ils montent au créneau : archaïsme, vieilles recettes, obsolescence et ringardise, programme commun de la gauche, vieilles lunes idéologiques, etc.

Il faut bien voir ici la curieuse conception du vocabulaire qui sous-tend ces propos : la dichotomie de base qui structure leur pensée politique est invariablement ringard / moderne. Les socialos c’est ringard, le sarkozisme c’est moderne. La seule opposition valide que reconnaissent ces héros de la pensée politique, c’est : eux vivent dans le passé, nous préparons l’avenir. Le paradigme est imparable mais amène à d’étranges équivalences dont ils ne semblent même pas avoir conscience : tout ce qui tend à corriger des injustices, à rétablir un semblant d’équité, à modifier la répartition des richesses, est archaïque ; tout ce qui tend à squeezer un peu plus les pauvres, à favoriser les plus aisés (alias « favoriser l’investissement »), à accentuer le fossé entre riches et pauvres (pour faire simple) est moderne.

De quelques arguments de la campagne sarkozienne
Deuxième argument : le flou, l’indécision, les revirements, l’absence de colonne vertébrale du candidat Hollande. L’argument est étonnant au regard de toutes les données programmatiques dont nous disposons, au regard également de la trajectoire d’un homme qui depuis quatre ans suit obstinément une route qui l’a mené après 2007 de la quasi inexistence politique à la position de favori à l’élection présidentielle. L’argument est surtout difficilement compréhensible venant d’un candidat qui a multiplié les renoncements et les palinodies au cours de son mandat. Même étonnement en ce qui concerne l’accusation de mensonge : rien que Sarkozy candidat du peuple en particulier, fallait oser. Si Sarkozy est réélu il fera exactement le contraire de ce qu’il a fait lors du premier quinquennat : des référendums en veux-tu en voilà (combien entre 2007 et 2012 ?) ! une politique fiscale contre les favorisés !! Autrement dit Sarkozy II fera de l’antisarkozisme. L’un des deux quinquennats fera mentir l’autre.

Enfin troisième et dernier argument et non des moindres puisqu’il constitue l’essentiel du programme de la campagne en cours : on va voir ce qu’on va voir, la France ne va pas pouvoir reprendre son souffle avec une proposition de réforme par jour jusqu’à la veille du premier tour ! Ce n’est plus un programme, c’est un show permanent. Il ne s’agit pas de convaincre les électeurs mais de les étourdir, de les empêcher de penser, en particulier à ce qui s’est passé durant le quinquennat qui s’achève. Chaque jour amène son projet, insignifiant ou mirifique peu importe, projet sans rapport avec celui de la veille ni avec celui du lendemain.

La méthode est formidable. Il suffit d’empiler les idées des membres du think tank présidentiel. Nul besoin de cohérence, l’essentiel est d’obliger l’adversaire à réagir sans arrêt, sur tout et n’importe quoi. Vision globale de notre société, de l’Europe, de la crise, de la mondialisation, des grands équilibres politiques et économiques, du développement etc. : ça va pas non ? nous on s’intéresse à ce qui intéresse les Français.

En un mot toute la stratégie du candidat Sarkozy est celle du roquet qui harcèle sans cesse, qui jappe sans arrêt, qui mordille dès qu’il peut. Une vraie bête politique.

Maurice Claqueboudin


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