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C’est auhasard d’un bref communiqué recueilli sur France Info que se découvre peu à peula réalité de ce qui s’est joué au Japon dans les heures et les premiers joursqui ont suivi la catastrophe nucléaire de Fukushima. Au hasard de ce genre debrèves qu’on n’entend que le matin très tôt et qui ne sont ensuite jamaisreprises... Lentement, très lentement, les informations commencent à filtrer.
Les moisont passé. En France, la catastrophe, si dramatique qu’elle fut, a depuislongtemps été chassée de l’actualité par d’autres nouvelles. De Carla ou deValérie, ainsi va la vie ! Elle est désormais reléguée dans les médias aurang des affaires classées, ce qui est pourtant loin d’être le cas. À nouveau,sous l’amicale pression d’un lobby électronucléaire toujours aussi actif – nousy reviendrons prochainement –, nombre des candidats à la présidence de laRépublique, au premier rang desquels se situe le sortant, se font, ouvertementou insidieusement, les avocats du nucléaire civil. Comme s’il ne s’était rienpassé. Les Françaises et les Français auraient-ils la mémoire si courte ?De quoinous informe ce communiqué ? On y apprend que les autorités japonaises onttrès sérieusement envisagé le scénario du pire. Le pire étant, comme àTchernobyl l’explosion du cœur, non pas d’un réacteur, mais l’un après l’autredes cœurs des quatre réacteurs endommagés de la centrale de Fukushima. Quellesen auraient été les conséquences ? Tokyo, la capitale, n’est située qu’à250 kilomètres de Fukushima. Autrement dit, dans un tel scénario, la capitalese fut trouvée dans la zone où il n’aurait pas été possible de maintenir enplace les populations. La métropole de Tokyo compte quelques 38 millionsd’habitants. Le gouvernement japonais s’est par conséquent posé la question dedevoir évacuer la totalité de ses habitants et d’abandonner sans aucun espoirde retour la capitale pour une période pouvant durer jusqu’à plusieurs siècles.Voilà quelle fut l’une de ses hypothèses de travail. Par chance, le pire nes’est pas réalisé.
Maislorsque l’homme, ayant joué les apprentis-sorciers, ne maîtrise plus rien, onne peut pas toujours compter avec la chance. Les Françaises et les Françaisseraient bien avisés d’y réfléchir. La centrale électronucléaire deNogent-sur-Seine ne se trouve qu’à 100 kilomètres du cœur de Paris. Et il s’entrouve bien d’autres en France proches de grands centres urbains. Nos fameuxexperts du sujet, dont on découvre lorsqu’on approfondit un peu la question,qu’ils sont peu ou prou liés au lobby électronucléaire – tout comme les expertsdu médicament le sont aux laboratoires pharmaceutiques –, auront beau nousaffirmer, avec l’invraisemblable aplomb des gens bardés de certitudes, que riende semblable ne pourrait arriver en France, nous n’en croirons pas un mot. Lepoint commun à tous les accidents technologiques est de procéder d’unenchaînement de circonstances malheureuses et exceptionnelles qu’aucun espritrationnel n’aurait eu à priori l’idée d’associer.
Le choixdu nucléaire, imposé depuis cinquante ans par la technostructure, sans que lepeuple n’ait jamais eu son mot à dire sur la question, est quoiqu’on en penseun pari dangereux. C’est pourquoi, à ce moment de l’histoire de notre pays oùva de nouveau se poser le choix crucial des énergies dont nous aurons besoinpour les cinquante prochaines années, il importe absolument que notre peuplesoit consulté par voie de référendum sur la poursuite ou l’abandon à terme – età quel terme ? – de l’énergie d’origine électronucléaire. Comme lesouligne Jean-Luc Mélenchon, le positionnement de chacune et de chacun d’entrenous sur cette question ne recouvre pas, loin s’en faut, les clivagespolitiques traditionnels. Il est des anti-nucléaires à droite comme à gauche.Il est aussi des pro-nucléaires à gauche comme à droite. Il faut donc enfin mettrela question en débat.
C’est uneexigence démocratique et c’est ce que propose le Front de Gauche. Et c’est aussila position à laquelle de plus en plus de nos amis écologistes se rallient. Sile référendum a quelque raison d’exister, c’est précisément pour arbitrer lechoix sur ce type de sujet.
ReynaldHarlautFront deGauche