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François Hollande et l’impôt à 75% sur les riches

Publié le 01 mars 2012 par Copeau @Contrepoints

La proposition de François Hollande de taxer davantage les riches est démagogique. Le candidat socialiste prétend qu’à une crise exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles. Pourtant, fondée sur des motivations idéologiques, cette proposition n’est même pas pragmatique.
Par Vladimir Vodarevski

François Hollande et l’impôt à 75% sur les riches

Le candidat socialiste à la présidence de la République Française, François Hollande, a proposé d’imposer les revenus de plus d’un million d’euros à 75%. L’objectif de cette mesure étant sans doute de montrer que la dépense publique peut être financée, et de se placer en défenseur de la solidarité. Le candidat socialiste ajoute qu’à une crise exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles.

Cependant, ces objectifs de financement du modèle français, et de solidarité, ne seront pas remplis par cette proposition. Cette taxation à 75% apparaît surtout comme de la poudre aux yeux, car elle ne concernerait que très peu de redevables, et les ferait fuir. C’est une vision idéologique des prélèvements obligatoires, au détriment d’un pragmatisme qui permettrait d’augmenter le rendement de ces prélèvements, et donc le financement du modèle français. Enfin, si le candidat socialiste voulait défendre la solidarité, il devrait d’abord faire le ménage dans sa caste.

François Hollande alimente l’idée qu’il y a de forts revenus concentrés chez un petit nombre de personnes, et qu’il suffirait de taxer ces dernières pour réduire les déficits. Or, comme cela est montré dans un précédent article, La dépense publique nous concerne tous, la structure des revenus en France, et le niveau de la dépense publique, ont pour conséquence qu’il faut bien ponctionner largement toute la population. La dépense publique est largement une mutualisation de moyens, et moins une redistribution.

D’autre part, qui paiera cette taxe à 75%? Il y a de multiples moyens d’échapper à l’impôt pour les riches, assurance vie, PEA, déficits fonciers, etc. Tout un ensemble de mesures qui sera encore augmenté par la fiscalité verte, que l’alliance des socialistes et des écologistes amènera. Et, sinon, les riches ont toujours la faculté de quitter le territoire, si leurs revenus sont des revenus financiers. Cela fait un rendement très faible. Les estimations, optimistes, des médias parlent de 200 à 300 millions d’euros seulement.

Cette mesure est logique dans le cadre idéologique du PS. Ce qui montre que la gauche française n’est toujours pas sociale-démocrate d’ailleurs, puisqu’elle refuse le pragmatisme qui permettrait d’augmenter le rendement des prélèvements. La justification du candidat socialiste est qu’il n’est pas normal de gagner autant. C’est donc bien une taxation idéologique.

Une taxation pragmatique consisterait à faire en sorte que les gens aisés restent en France, pour que leurs revenus financent le « modèle français ». Ce serait par exemple la suppression de toutes les niches fiscales, et même la limitation du déficit foncier, en échange d’une baisse du taux marginal maximum d’impôt sur les revenus, à 30% peut-être. Le taux d’imposition serait plus bas, mais taxerait une base plus large de revenus, puisqu’aucun n’y échapperait. Le rendement de l’impôt serait augmenté, mais ce ne serait pas vécu comme excessif (du moins, pas par tout le monde). Retenir les gens aisés permettrait également une hausse des recettes de TVA par leurs dépenses. De plus, ce sont les riches qui financent les start up, qui créent les emplois de demain.

Ce pragmatisme est contraire à l’idéologie dominante en France. Pour deux raisons. D’abord, il faut punir ceux qui gagnent trop. Ensuite, l’ingénierie dirigiste des prélèvements obligatoires est censée mettre l’économie sur de bons rails pour soutenir la croissance. Malgré l’échec de cette ingénierie, ainsi que les inégalités qu’elle provoque au niveau des prélèvements, cette politique est toujours prisée en France.

Enfin, si le candidat socialiste veut se montrer solidaire, qu’il commence par s’attaquer aux excès de sa caste, la classe politique française. Le paysage institutionnel français est un mille-feuilles de communes, intercommunalités, départements, régions, et autres comités théodules. Une économie conséquente serait faite en diminuant le nombre d’élus, ainsi que par la rationalisation de la gestion des communes, par la suppression des conseils généraux. Il y a un gisement d’économie.

Ce serait par ailleurs une réponse exceptionnelle, et durable, à une crise exceptionnelle, qui est une crise d’endettement public, et donc de dépense publique. Mais une réforme de ce mille-feuilles administratif toucherait les places, et le pouvoir, de nos chers politiciens. La solidarité s’arrête à la porte de leurs intérêts !

En ce moment ont lieu les primaires républicaines aux USA. L’occasion en France de critiquer l’extrémisme des républicains américains. Mais au moins ces derniers ont-ils le choix, entre un gestionnaire, un libertarien, et deux chrétiens conservateurs. En France, le débat présidentiel n’est qu’imprécations, promesses et populisme. Avec un parti socialiste toujours marxisant, qui refuse l’efficacité sociale au profit de l’idéologie. À quand un parti social démocrate en France ? Quant à un parti libéral, n’en parlons même pas !

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Lire aussi les différents articles de Contrepoints sur la prédation taxatoire contre des riches.


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