Imaginons que l’insurrection syrienne réussisse, que se
passera-t-il ?
Comme l’explique Jean Haguet, le pays n’est pas homogène, il
est constitué d’une majorité sunnite et de multiples minorités. Comme le
craignaient les penseurs des Lumières, va-t-on avoir dictature de la
majorité ?
(Au fond, la solution actuelle n’est-elle pas plus
démocratique : si une petite minorité a le pouvoir, elle est obligée de
composer avec les autres communautés du pays ?)
Les nations occidentales, comme la France, ont été le
résultat de « révolutions culturelles » qui les ont homogénéisées.
Pour la Syrie, l’Iraq et d’autres, qui, en outre, ont été produits par un
découpage théorique, cette solution n’est pas envisageable.
Solution ? S’ils n’étaient pas en guerre les uns avec
les autres, j’aurais envie de proposer aux représentants de chaque communauté
de discuter ensemble d’un dispositif qui leur permette de vivre en paix, fondé
sur ce qu’ils partagent, et laissant à chaque communauté l’administration de ce
qui lui est propre. L’Europe, qui s’est construite sur le conflit, ne
pourrait-elle pas être un animateur de ce changement ?