Mercredi, sur France Inter, Nicolas Sarkozy a affirmé qu’un taux d’impôt sur le revenu de 75% auquel venaient s’ajouter 8% de Contribution sociale généralisée (CSG) conduisait à taxer les riches à 83%. Pour ne pas l’accuser de mensonge, je me contenterai de dire qu’il se livre ainsi à plusieurs approximations, à moins, ce qui est pire, qu’il ne maîtrise pas son sujet :
- Il n’y a aucun sens à ajouter à l’IRPP la CSG. On pourrait, pour la beauté de la démonstration, prendre également en compte la TVA, impôt qui lui n’est pas progressif mais frappe riches et pauvres aux mêmes taux.
- Le revenu à considérer est le revenu imposable qui, par son calcul même, est sensiblement inférieur au revenu net.
- Contrairement à ce que tente d’insinuer notre petit père des riches, ce taux de 75% ne s’appliquerait pas à l’ensemble du revenu fiscal mais à la seule part dépassant le million d’euros.
Soit un célibataire, membre de l’espèce la plus lourdement taxée. Si son revenu imposable en 2011 a dépassé un million d’euros, d’après le barème paru en janvier dans Le Particulier, il devra acquitter sur cette tranche 396 642 euros. Il lui restera donc pour vivre, dans cette seule tranche, épargnée par la faux des 75%, 603 358 euros soit 1 653 euros par jour, montant sensiblement supérieur au SMIC mensuel net de 1097 euros depuis le 1° janvier.
Il est naturel, et même souhaitable, pour ne pas décourager des vocations, qu’il y ait une hiérarchie dans les salaires. Mais il est malhonnête de prétendre, comme certains semblent prêts à l’avancer, qu’imposer ainsi les plus riches les conduit tout droit à la soupe populaire.
Aggravant son cas, notre président a déclaré : « A 83%, vous convenez parfaitement bien qu'il n'y a aucun intérêt à rester ». Cher président si patriote, amoureux de la politique allemande, quand on aime la France, ainsi que vous le clamez avec vos adorateurs comme si vos adversaires ne l’aimaient pas et étaient l’anti-France, quand on aime la France, ce n’est pas par intérêt. Tous ces héros dont vous tentez de vous approprier la gloire ont servi la France, jamais par intérêt, mais par amour.
Mais le plus beau reste à venir. Nicolas Sarkozy conclut ainsi : « Je me suis toujours méfié des gens qui aiment passionnément l'argent mais disent le détester. L'argent, ce n'est pas un but dans la vie ». Je dois confesser que sa conduite ne m’avait pas laissé l’impression que c’était là sa règle de vie.
J’ai l’intention de revenir prochainement sur ces sujets de l’impôt et de l’amour de la France.