Etat chronique de poésie 1479

1479

Te voilà dans un monde qui ne sait qu’engendrer la frustration.

Il te promet monts et merveille, loisirs et beauté à tous les étages, facilités technologiques et des milliers d’amis…

Mais pour finir, dans la galère bien concrète du quotidien, tu te retrouves pour de bon seul.

Seul à faire face à la stupide emprise d’une finance qui ne finance rien, d’une technologie qui ne sait que tomber en panne, de techniciens qui ne peuvent montrer que l’étendue de leur incompétence…

Et la vie pourtant devrait être vrillée au totem de ces illusions…

*

Rien n’est possible avec de telles parures

Rien de bon aux vitrines rutilantes et impayables

Impayables est bien le mot

Puisqu’à travailler toujours plus

Tu n’as même plus le temps de les regarder

Et malgré tout pas un sou vaillant

Pour t’offrir le loisir

Le plaisir et le rêve

*

Monde résolument stupide

Qui te pousse à ignorer ton voisin de pallier

Mais te vanter de milliers d’amis invisibles

Monde en déroute de sens et de sentiment

Tragique méprise sur la qualité de la vie

Dont les ficelles sont tenues en mains fermes

Par les nouveaux tyrans à figures invisibles

*

On me dit qu’il faudrait être optimiste

Regarder dans le verre sa partie encore pleine

Mais chaque matin comme chaque jour

Dans la fatigue de tenter d’exister

Me voilà papillon de nuit collé à des illusions de lumière

J’attends que vous fassiez le noir

Pour enfin reposer mes ailes

Manosque, 3 janvier 2012

© Xavier Lainé, janvier 2012

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