J'avais découvert ce photographe, vidéaste, plasticien avec "Etats imaginés", édité chez Actes Sud en 2005 et primé par la Fondation HSBC. Sa façon d'interroger le statut de l'image dans notre société et d'en dessiner les contours de ses limites me plait vraiment. Cette série invente un état fictif, construit de façon onirique en faisant appel à des références architecturales, littéraires ou cinématographiques, et pourtant le rendu est très proche au premier regard d'une démarche documentaire évoquant le désir d'identité constituée.
Avec l'installation filmée, Sugar water, Eric Baudelaire poursuit ce questionnement de la photo documentaire, nous amenant à nous interroger, nous spectateurs, sur la véracité des images proposées en permanence dans notre société et sur les modalités d'inscription de ce type d'images dans l'espace public. Dans notre quotidien, nous ne sommes peut-être pas si loin de la manipulation...
Le principe de Sugar water : un colleur d'affiche dans une station de métro parisienne. De cette fausse banalité s'ensuit un enchaînement de collages. Apparaît une vue d'une rue entre deux gares, avec des voitures garées. Collage suivant, l'une de ces voitures prend feu, avec un autre il ne reste plus qu'une épave calcinée comme témoignage d'une réalité, et pour finir, le colleur d'affiche dispose des lais de papier bleu utilisé pour neutraliser les panneaux entre deux campagnes publicitaires.
Alors rêve, réalité, peut-on vraiment être certains de ce qu'on a vu ? Méthode déstabilisante de nous questionner sur les images qui envahissent notre société mais qu'est-ce que c'est bien et nécessaire je trouve !