Le dimanche 12 février, le Bataclan accueillait un concert réunissant une (toute petite) partie de la crème du hip-hop américain. Ayant pris ma place depuis presque un mois, cela faisait une semaine que je ne tenais plus en place.
Rendez-vous compte ; GZA, Dilated People et DJ Babu, Jedi Mind Tricks réunis sur la même scène.
C'est un peu comme si un aficionados se trouvait en plein milieu d'un match entre Manchester et Chelsea contre Barcelone et Madrid. Imaginez, 44 joueurs, et pas les moins bons, en même temps sur le terrain. C'est totalement improbable, ok, mais tellement jouissif.
Première chose intrigante, personne ne faisait la queue en se pressant les uns contre les autres. Par un truchement dont seul j'ai le secret, j'étais à l'heure, mais, avec une heure de retard. Ce qui est déjà trop pour un concert à Paris. 19H30, c'est 19H30.
J'ai donc manqué les premières parties et c'est au son de Dilated People que j'entrai dans l'arène. Le public, chauffé à blanc se tortille sur les samples de Babu et le flow d' Evidence et de Raaka Iriscience. Les trois artistes s'en donnent à cœur joie, enchainent les morceaux sans cuts intempestif et tiennent la foule en respect. Jusqu'au final, lorsque, après une démonstration de ses talents, achève la bête déjà bien fatiguée en lançant des prods de DJ Premier. J'ai failli, je l'avoue, lâcher une larme. Le groupe quitte la salle sous les vrombissements d'un public prêt à sacrifier un poulet sur l'autel du hip-hop.
La soirée était bien lancée. Et si la fin colle au début ça finira dans un bain de sang.
Après 15 minutes d'attente, un petit gars, un peu gros, barbiche et béret, déboule sur scène. Mon voisin de salle me demande qui est-ce. Aussi étonné que lui, je réponds que cela doit être Vinny Paz. Rapidement rejoint par Stoup ennemy of the mankind, les deux gars comment le show. La voix éraillée de Paz et les prod ciselées de Stoup font le job, enfin, de façon furtive. A ma grande déception, leur set ne fut que cuts successifs. Sur les 45 minutes de scène, ces messieurs ne daignèrent rapper que 20 minutes, grand maximum. J'ai assisté à un tiède medley entrecoupé de chants du public, encouragés par Jedi Mind. Un peu comme à un concert de Patrick Bruel, mais là au moins on sait à quoi s'attendre.
Relativement déçu, j'étais déjà réconforté en pensant au set de GZA. Le DJ débarque et lance les premières notes de Liquid Swords. Boum ! Le public se déchaine, cris, pleure, se griffe. J'ai même vu des gens se scarifier de bonheur. Mais, bizarrement plus le concert avance et plus s'installe une désagréable sensation. Comme une impression de déjà vu. Et d'un coup, le monde s'écroule autour de moi et je me rends compte que le gars à 20 ans de scène et seulement deux albums. Il connait le job. Le taf est là mais la spontanéité a déserté. GZA enchaîne ses titres sans reprendre sa respiration. Une heure après, le concert se termine, les lumières s'allument, et, cerise sur le gâteau ; les hauts-parleurs crachent le tube de Whitney Houston : Will always love you. Devinez quoi ; c'est GZA qui, en hommage à la défunte, nous offre ce moment improbable.
Alors, vous l'avez deviné, mes craintes se sont avérées exactes. La montagne a accouché d'une souris. Heureusement que Dilated People a relevé le niveau.
Mais je crache peut-être dans la soupe (quoi qu'il en soit bien fade), et ne sait pas apprécier les choses de la vie.
PS : Une célèbre punch-line s'est cachée dans cet article, saurez-vous la retrouver ?
Biberonné à la musique, élevé avec le casque sur les oreilles. Besoin d'une dose quotidienne d'au minimum 4h de son.