Le populisme est véritablement ce qui domine dans cette présidentielle française. Alors que les deux candidats des extrêmes, dont la gémellité est saisissante (sont-ils nés d’un même lit politique ?) beuglent d’une voix commune pour occuper le terrain médiatique, les deux candidats modérés entonnent la surenchère démagogique, marche funèbre de la république.
Le candidat du PS relance la lutte des classes en stigmatisant les « riches » et en déclarant qu’il va confisquer leur fortune, ni plus ni moins ! Quant au candidat de l’UMP, il promet une démocratie encore plus démocratique (sic !) et va instaurer l’appel au référendum à tout va.
Au milieu du gué, le candidat du centre barbote dans le pédiluve de ses désillusions et de ses rancœurs. Ne parvenant pas à accrocher l’opinion, le voilà qu’il dénonce la complicité des partis au pouvoir, la corruption des élus, la république bananière dans laquelle nous vivrions. Ni a droite, ni à gauche, il canarde à vue et à balles perdues contre « les deux candidats du monopole (…) qui ont tous les deux des affaires à la pelle et des cadavres dans les placards ». Quelles affaires et quels cadavres ? On aimerait bien le savoir…
Sans projets tangibles, ni idées fortes, sans task force puissante, ni spin doctors talentueux, François Bayrou n’a plus que les invectives pour exister médiatiquement alors que les sondages commencent à l’enfoncer dans les tréfonds du déshonneur. Une fois de plus.
Endossant l’habit démodé de Don Quichotte affrontant les moulins du pouvoir, il déclare, au bord de l’apoplexie, qu’il organisera un référendum (tiens, lui aussi ?) sur « la moralisation de la vie publique ». Rien que ça ! Fausse naïveté, si le monde politique était moral, ça se saurait depuis longtemps. Un homme politique est par nature amoral, toujours dans les compromis, à jongler avec les mensonges d’Etat et les conflits d’intérêts, à servir la soupe aux électeurs et à passer les plats à ses amis. Si d’aventure le candidat du centre siégeait à l’Elysées (ce qui n’arrivera pas), il n’en serait pas autrement et ce d’autant, qu’il serait obligé de s’allier à la gauche ou à la droite pour gouverner.
François Bayrou n’a-t-il pas d’amis sincères, une famille aimante qui lui dise d’arrêter, le supplie de retourner sur ses terres cultiver des champs de navets ? C’est une fatigue de voir ce candidat sans étoffe se débattre comme un épouvantail qui va être écraser par les deux moulins à paroles du monopole et les moulinets fielleux des extrêmes… Une fois de plus.