Nicolas Sarkozy n’est « pas favorable » au mariage homosexuel et à l’adoption par des couples de même sexe. « En ces temps troublés où notre société a besoin de repères, je ne crois pas qu’il faille brouiller l’image de cette institution sociale essentielle qu’est le mariage », expliquait-il dans Le Figaro le 11 février.
François Hollande promet au contraire d’« ouvrir le droit au mariage et à l’adoption aux couples homosexuels » dès le début du quinquennat par des textes de loi visant à « établir l’égalité pour tous, sans discrimination liée à l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ».
« Le soutien à un candidat ne se limite pas seulement aux questions sociétales »
« Nous sommes tous tombés de nos chaises en lisant Le Figaro », se souvient Clément Gorsy, délégué de GayLib pour le grand Est. Ce mouvement, associé à l’UMP depuis 2007, défend les problématiques sociales et politiques liées à l’homosexualité au sein du parti.Ses membres ont été d’autant plus « choqués » que lors de sa précédente campagne Nicolas Sarkozy semblait s’être aligné sur GayLib en étant favorable au statut parental et à une union civile pour les homosexuels. Et que le récent coming out du député Franck Riester, secrétaire national de l’UMP en charge de la communication, et le soutien de plusieurs ministres tels qu’Alain Juppé et Roselyne Bachelot les avaient rassurés. « Aujourd’hui, nous avons encore du mal à digérer », reconnaît l’Alsacien qui « n’imaginait pas » un tel retournement.
Pas de surprise en revanche du côté des militants alsaciens d’Homosexualités et socialisme (HES), mouvement national composé d’hommes et de femmes, membres ou non du PS, qui défendent l’égalité. « Ça fait trois ans que nous menons une action militante pour travailler sur le projet socialiste », observe Richard Sancho-Andreo, responsable du groupe HES Strasbourg. « La gauche a toujours été plus ouverte sur la question mais les individus ne l’ont pas toujours été. Ce n’est pas une question de jeunesse mais de mentalité », note Rémy Vettor, secrétaire de la section PS de Saverne.
Si HES défend François Hollande, GayLib a décidé de « ne pas soutenir » Nicolas Sarkozy tout en restant dans l’UMP. « Les choix de Nicolas Sarkozy ne sont pas ceux de l’UMP. Ses valeurs ne sont pas celles de l’UMP », veut croire Clément Gorsy qui insiste sur l’attachement de GayLib à la droite. « Ce n’est pas parce que le candidat n’évolue pas que le parti ne change pas. »
Les militants locaux de droite comme de gauche se retrouvent sur un point. « Le soutien à un candidat ne se limite pas seulement aux questions sociétales », remarque Clément Gorsy. « Ce qui m’agace, c’est d’entendre dire que nous voulons un mariage gay alors que nous demandons l’ouverture des mêmes droits aux couples de même sexe. C’est une question permanente d’égalité des droits et pas une question communautariste », précise Michaël Choffat, secrétaire général du centre LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) de Strasbourg.
« L’ensemble des engagements pris par François Hollande va au-delà des gays et des lesbiennes puisqu’il concerne les 200000 enfants qui vivent dans des couples de même sexe en France », assure Richard Sancho-Andreo.
Clément Gorsy s’inquiète de l’impact que pourrait avoir sur la droite la prise de position de Nicolas Sarkozy. « C’est cautionner des personnes telles que Christine Boutin et Christian Vanneste. Ça peut être très dangereux », estime le militant qui reste convaincu que « l’UMP n’est pas forcément rétrograde par rapport au PS » sur le sujet.
Richard Sancho-Andreo voit au contraire un vrai clivage gauche-droite dès lors que « la droite veut rester dans un schéma hétéro classique qui renvoie à des valeurs conservatrices ». Et de considérer que la question du mariage homosexuel a évolué avec la notion d’amour. « L’amour est le même dans un couple hétéro et homo. Pourquoi alors n’aurait-il pas le même droit ? » Une question qui n’est ni de droite ni de gauche. par Franck Buchy, DNA du 04/03/2012