1) C’est ce genre de films qui devrait être nominé aux Oscars. The Artist est mignon mais un tout petit peu con, soyons honnêtes.
2) Je l’ai revu ce week-end en compagnie de mon frère, dans l’espoir naïf de pouvoir entendre son interprétation de l’intrigue. Evidemment il a dit “j’ai pas compris”, puis a levé un sourcil quand je lui ai exposé ma propre interprétation. Je pisse dans le vent avec cette famille, je vous jure.
Avertissement: je reste plutôt vague à propos de l’histoire mais je suppose que si vous avez la phobie des spoilers, il vaut mieux vous arrêter ici. Promis, je suis vague.
3) Le plus dérangeant dans l’histoire est le lien supposé entre l’attitude d’Eva et celle de son fils, Kevin. D’un côté elle n’était pas très chaude à l’idée de devenir mère, d’un autre son fils est le diable incarné. Est-ce que sa reluctance envers la maternité a contribué aux problèmes comportementaux de sa progéniture? Je pense que la question dérange parce que la pureté du lien maternel est rarement remise en cause dans la fiction (ou dans la vie en général).
4) Cette problématique n’est pas suggérée ouvertement à l’écran mais est sous-entendue de différentes manières. D’une part, j’ai remarqué que l’utilisation répétée de la couleur rouge n’est pas anodine. Elle semble représenter le sentiment de culpabilité que ressent Eva envers les actions de son fils. Ce qui est intéressant c’est que le rouge est utilisé à plusieurs reprises dans les flashbacks qui touchent à la vie que menait Eva avant même la naissance de Kevin, comme si son appréhension de la maternité et les sacrifices qu’elle a dû faire en vue de s’adapter à son rôle de mère étaient justement liés au comportement qu’a eu son fils plus tard.
D’autre part, la fin de l’histoire semble confirmer que Kevin n’est peut-être pas entièrement sociopathe/démoniaque. C’est comme si après s’être rendu compte très tôt qu’il avait ruiné la vie d’aventurière qu’avait sa mère, et que celle-ci lui en voulait, il avait décidé de lui donner une bonne raison de vraiment le détester. Ou peut-être que vu qu’il n’était pas désiré, son existence est vide de sens, ce qui contribuerait à son absence d’empathie (“There is no point, that’s the point”).
Mais il semble perturbé à la fin du film, quand sa mère lui demande de justifier ses actions et qu’il répond: “I used to think I knew, now I’m not so sure”. Aurait-il perdu son nihilisme en cours de route? Est-ce que la persistance de sa mère, qui continue de lui rendre visite, a influencé sa vision des choses? Ou peut-être qu’il a juste peur pour ses fesses (uhm, littéralement).
5) Même si le personnage de Kevin est irréaliste (ses facultés mentales paraissent beaucoup trop avancées pour son âge), les questions soulevées, la réalisation, et le jeu d’acteurs font de ce film une oeuvre remarquable. Enfin, je trouve.
We Need To Talk About Kevin (2011)