L'urgence d'améliorer fortement l'offre de soins en milieu carcéral vis-à-vis de l'infection par le VIH et les hépatites, c'est à nouveau, la conclusion de l'enquête Prévacar 2010 menée par la Direction générale de la santé (DGS) avec la collaboration scientifique de l'Institut de veille sanitaire (InVS), rappelées dans ce bulletin hebdomadaire du 6 mars. Education à la santé, propositions renouvelées de dépistage, continuité après la sortie de l'offre de soin, les urgences restent multiples.
Ce sont 146 (sur 168 en France) unités de consultations et de soins ambulatoires (UCSA) présentes dans les établissements pénitentiaires en France métropolitaine et les départements d'outre-mer, qui ont répondu à cette enquête et non les personnes détenues. Depuis 1994, ces consultations sont en charge de dépister, traiter, prévenir, éduquer et donc d'offrir un accès aux soins et à la prévention équivalent à celui de la population générale.
Les résultats montrent que si la quasi-totalité (95%) des établissements propose un dépistage des 3 virus VIH, VHC et VHB à l'arrivée en détention, mais seule la moitié (52%) renouvelle la proposition en cas de refus initial : Dans certaines régions, 100% des établissements proposent un nouveau dépistage et aucun dans d'autres.
Seuls 25% des établissements ont ouvert des permanences associatives pour le soutien et l'accompagnement dans le champ du VIH et des hépatites, cette proportion augmentant avec la taille de l'établissement : Ainsi, seuls 13% des établissements de capacité inférieure à 150 personnes
vs 38% pour les établissement à capacité supérieure à 500.
Seul un établissement sur 2 propose des consultations spécialisées d'hépatologie et de VIH/sida, l''existence d'une consultation d'hépatologie permettant un accès plus large à au moins un type de test non invasif d'évaluation de la fibrose. Aujourd'hui, une hépatite C chronique active n'est donc recherchée que dans la moitié des cas de sérologies positives. En revanche, l'accès au vaccin contre le virus de l'hépatite B ne semble poser aucune difficulté dans les UCSA.
Des actions d'éducation et de prévention sont peu fréquentes : Proposées par plus de 75% des UCSA, un tiers seulement déclare en avoir réalisé dans les 6 mois précédant l'enquête. La continuité des soins à la sortie n'a été mise en œuvre que par la moitié (52%) des UCSA, là encore, avec d'importantes disparités régionales.
Si l'enquête Prévacar montre, ne serait-ce qu'à travers le taux de réponse, une forte mobilisation des équipes des UCSA sur la pratique du dépistage et de la prise en charge des infections par le VIH et les virus des hépatites, ainsi que dans la vaccination contre l'hépatite B, elle dégage des axes d'amélioration prioritares, comme, le renouvellement des offres de dépistage, la continuité des
soins à la sortie, l'accès aux moyens d'évaluation des hépatites virales chroniques C et des action d'éducation plus fréquentes.
Rappelons que le fait d'avoir séjourné en prison est associé à un risque accru de séropositivité pour le VHC et le VHB. Mais aussi pour de très nombreuses autres infections. Les personnes incarcérées ont pourtant des droits d'accès à des mesures sanitaires précisées dans les textes.
Source : InVS BEH du 6 mars 2012 / n° 10-11
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