Arrosage en plein champ
De notre envoyé spécial au salon de l’Agriculture
C’est le titre d’un article paru ces jours-ci en page 7d’une feuille de chou gratuite et non durable intitulée fnsea matin, paraissant àpoint nommé pour le salon de l’Agriculture et la présidentielle 2012, dont oncherchera en vain le nom du directeur de la publication. En voici le texte, nonsigné, intégralement reproduit.
« L’accès à l’eau, facteur deproduction incontournable, est un enjeu particulièrement prégnant dans lecontexte actuel à la fois de forte croissance de la population mondiale et doncde ses besoins alimentaires, et de changements climatiques engendrant desmodifications de la pluviométrie. L’épisode de sécheresse de 2011, appelé à serépéter de plus en plus fréquemment à l’avenir, a montré toute l’importance del’enjeu pour la ferme France.La FNSEA refuse catégoriquementles approches dogmatiques au sujet de l’eau, ne reposant que sur la diminutionde la production et la décroissance de l’activité agricole. Elle s’oppose auxréductions systématiques des volumes prélevés et des surfaces irriguées, auxobligations de type « tout bio » ou « tout pâturage » pourprotéger les captages d’eau potable. Il est impératif de concilier le développementde la production agricole avec la bonne gestion de la ressource, sa protectionet sa disponibilité pour tous les usages.Il est aujourd’hui plus qu’urgentde prévoir les stockages d’eau suffisants pour répondre aux besoins, estimés à400 millions de m3 en France, pour sécuriser la production agricole etpréserver la qualité des produits. La règlementation trop complexe est unobstacle majeur au développement des projets de stockage ! Elle doit êtresimplifiée. Si l’on veut répondre de manière pérenne à l’enjeu de la qualité del’eau, les mesures de protection mises en œuvre par les agriculteurs doiventêtre contractuelles et accompagnées financièrement ».Quipourrait-être favorable au gaspillage nous direz-vous ? Personne, bienentendu, qu’il s’agisse de l’eau ou de tout autre chose. Mais puisqu’il y a dugaspillage, c’est qu’il existe des gaspilleurs. Alors, comme moi, vous vousattendez, en lisant cet article, à ce qu’ils soient nommés, puisqu’il s’agit deles dénoncer. C’eut été trop audacieux ! On ne saura donc pas qui sont cesgaspilleurs. Alors, on se perd en suppositions. Sont-ils comme c’est probable,même s’ils ne sont pas désignés à la vindicte populaire, ceux d’entre nous quilaissent couler l’eau au robinet du lavabo en se lavant les dents ?
Il eut pourtantété éclairant pour le lecteur de fixer la manière dont se répartit laconsommation d’eau annuelle en France. On aurait ainsi appris que l’agricultureen consomme à elle seule autour de 70%, l’industrie un peu moins de 10% et lapopulation, pour les besoins domestiques, autour de 20%. Si parconséquent, il s’avérait nécessaire d’économiser la ressource, on voit de suiteoù se situerait le principal gisement d’économies.
Or, onapprend ainsi que les agriculteurs de la FNSEA ne sont pas disposés à faire lemoindre effort dans ce sens. Tout ce qui pourrait porter atteinte à lasacro-sainte productivité dont ils sont les gardiens intransigeants est paravance banni. Et se nomme selon eux approche dogmatique. Pas question parexemple de se laisser imposer la culture bio ou le pâturage sur les surfaces oùse situent les captages d’eau potable.
Pour la FNSEA, une seule manière existe de résoudre leproblème. Créer du stockage massif d’eau pour sécuriser la production agricole.Et cela, par deux moyens : mettre un terme à ces « règlementationsenvironnementales tatillonnes » qui freinent les projets et en appeler aux fondspublics, donc au contribuable, pour financer ces investissements.
La petite musique sarkozyste de : « l’environnement, ça commence à bienfaire » n’est pas loin. Car, si la FNSEA n’appelle officiellement àvoter pour aucun candidat, comme l’affirmait un de ses membres sur France Interle samedi 3 mars, la lecture de ce petit journal de campagne est particulièrementédifiante et ne laisse planer aucun doute sur le choix qu’elle conseille à ses adhérents.Et pour cela, la FNSEA n’hésite pas un instant à chausser ses gros sabots.
H.Dezeaux