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The Binding of Isaac

Publié le 06 mars 2012 par Gameinvaders

Imaginez un The Legend of Zelda réduit à ses plus simples mécaniques qui aurait fauté avec un Rogue-like exigeant. Ajoutez-y un thème religieux très second degré, du masochisme à tous les étages, finissez par une bonne couche de pustules, larmes, sang et autres fluides corporels odorants ; vous obtenez The Binding of Isaac, dernière réalisation d’Edmund McMillen (Super Meat Boy) et de Florian Himsl.

The Binding of Isaac

Les dessins d'enfant parsemant le jeu apportent une note touchante au soft.

Tout commence par une mère grande amatrice de KTO et de Familles de France qui élève seule son petit garçon, Isaac. A l’instar d’Abraham dans la Bible, Dieu lui intime l’ordre de purifier son fils en lui offrant en sacrifice. N’étant que moyennement partant pour se faire charcuter au nom du Saint-Père, ledit fils, protagoniste et futur meilleur client du psy du coin, se réfugie dans la cave de la maison. Et entame ainsi un voyage cauchemardesque qui le verra subir plus de modifications corporelles qu’Orlan un soir de vernissage.

Nous voici donc dans une pièce vide, à l’exception des quelques contrôles permettant de guider le personnage dans son périple. Le personnage ne dispose encore que de ses faibles larmes pour se débarrasser des ennemis, de quatre caractéristiques modifiables (vitesse, dégâts, portée et cadence de tir), d’argent pour se procurer de nouveaux équipements, de clés pour ouvrir certains coffres, les échoppes et la terrible salle du trésor recelant un objet gratuit, ainsi que de bombes pour faire sauter ses assaillants et découvrir salles secrètes et autres boni cachés dans le décor. Oh, et rien que trois tout petit coeurs, dont la perte signifie la fin de l’aventure et le début d’une nouvelle avec un personnage vierge.

The Binding of Isaac

La Devil Room signe souvent l'arrêt de mort du joueur : réfrénez vos envies !

Pour une vaste majorité de joueurs, le premier contact avec le jeu est rude : les graphismes sont crus et peu ragoûtants, les contrôles peu intuitifs, tandis que l’inertie du personnage dans ses déplacements, l’unique vie, l’impossibilité de tirer en diagonale sans bouger et l’aléatoire omniprésent parachèvent un tableau déjà peu engageant. Mais à l’instar de Super Meat Boy, quelques heures de jeu font émerger une cohérence rare, un gameplay pensé jusque dans ses moindres détails. The Binding of Isaac étant conçu pour être fait et refait, les premiers runs s’apparenteront à un shooter sans cervelle, et les non-initiés se plaindront vite de subir le jeu et de ne devoir leurs échecs qu’au hasard. En réalité, tout le sel d’une partie repose sur la gestion habile des ressources mises à disposition et d’un hasard implacable, gestion qui se révèle plus ardue que la plupart des combats. Il est par exemple tentant d’ouvrir toutes les portes et d’acheter tous les objets d’un niveau…pour se retrouver complètement démuni au stage suivant !

The Binding of Isaac

Personnages, objets, boss, niveaux : les features à débloquer sont légion.

La totalité d’une partie est construite sur un modèle de risque / récompense parfaitement calibré, rarement frustrant, généralement gratifiant. Le jeu refusant systématiquement de nous prendre par la main, l’exploration et l’expérimentation sont également de mise, la découverte de tout nouvel objet ne s’accompagnant que d’une brève légende donnant un indice sur l’utilité de notre dernière trouvaille. Culotte de Maman, cintre planté dans le crâne, pacte avec le diable ou oignon permettant de pleurer davantage, une partie du plaisir de jeu provient aussi de la défiguration lente mais inéluctable de notre petit bout de chou prêt à s’infliger mille tourments pour booster ses capacités. N’espérez pas trop terminer une partie en ayant l’apparence d’autre chose que d’un mélange d’Elephant Man, Chewbacca et Franck Ribéry.

Le co-créateur de Super Meat Boy transforme l’essai et s’invite au panthéon très fermé des meilleurs game designers de la nouvelle sphère indépendante. Ardu et politiquement incorrect, The Binding of Isaac est un jeu à ne pas mettre entres toutes les mains. Pourtant, malgré un physique repoussant, il révèle au fil des parties un gameplay finement étudié, une rejouabilité impressionnante et une capacité d’envoûtement diabolique.

Score:

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