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Paradise

Par Blanche @BlancheCL

Paradise

La foule s’intensifie peu à peu devant l’immense scène qui trône, balayée de rayons aveuglants, au milieu de la boîte. Elle sort son téléphone de la minuscule poche de son short et regarde l’heure : bientôt deux heures et demi. Elle se dirige vers les toilettes et avale un deuxième cachet avec un peu d’eau. D’abord, elle ne sent rien; quand elle ressort, la musique la fait doucement vibrer, les gens semblent tous sympathiques, les éclairages la mettent en valeur. Elle est à l’aise.

Elle va s’asseoir au bar avec ses amies. Toutes ces robes courtes et ces paillettes… Ca faisait longtemps, se dit-elle. Elle commande un gin tonic qu’elle sirote tranquillement. Toujours rien. On discute un peu fort pour couvrir la musique, finalement une de ses amies l’abandonne pour les bras d’un inconnu aux yeux bleus.

Lorsqu’elle se lève, elle sent une vague tiède envahir son corps. Le sol ne tangue pas vraiment, il est moelleux comme un nuage. Elle marche sur cette surface cotonneuse, avec une impression de domination insensée sur son corps. Son esprit, lui, est muet. S’il pouvait parler, il n’émettrait qu’un son semblable au ronronnement d’un chat auquel on caresse le ventre.

Les lumières ne sont plus que des flashs. Elle a cessé d’apprécier la musique, elle l’impression d’être la musique. La musique traverse sa peau, ses veines et coule en elle comme une révélation soudaine et délicieuse. Elle n’a plus ni chaud, ni froid, ni peur de rien; personne ne peut lui faire de mal. Elle ferme les yeux; c’est inutile, des silhouettes et des formes multicolores continuent à danser autour d’elle. Son corps ondule au rythme de la musique, en adéquation parfaite avec cet environnement surpeuplé et tonitruant.

Une demi heure plus tard, elle va fumer une cigarette. Les autres l’ont rejoint dans le fumoir. Ils ont le regard absent, le rire facile, tout le monde est bien. La première bouffée de cigarette est un plaisir indescriptible. Est-ce par ce que son corps est si sollicité que la cigarette la détend à ce point? Ou est-ce la drogue qui augmente le plaisir de tout ce qui l’entoure?

Il passe un bras autour de sa taille. Elle lève les yeux, regarde sa peau parfaitement lisse et ses lèvres dont la chair rose l’appelle. Comment n’a-t-elle pas remarqué avant? Elle laisse sa tête retomber en arrière sur son épaule. Elle effleure son cou de ses lèvres. Il sent bon.

“On va danser?” Pas de oui, pas de non, elle se déplace à travers un autre espace-temps et se retrouve sur la piste en un quart de seconde, son corps contre le sien. L’étreinte de leurs lèvres est comme une évidence, comme une gorgée d’eau fraiche.

Dans ce monde noir où les visions ne sont que des éclairs, où tout le monde plane doucement, où la musique remplit la tête si complètement qu’il n’y a plus de place pour une seule pensée rationnelle, où les corps sont si proches et la réalité si loin, elle ne redoute qu’une chose : le retour de la lumière incandescente, la lumière du jour.

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