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La mort, c’est nous en mieux

Par Ladecool

Vous pensez que Witney Houston est morte le 11 février 2012 ? Faux, Witney Houston est morte il y a déjà 20 ans, dans l’indifférence générale. Il y a en effet bien longtemps que la « diva soul », comme nous le répète à l’envie les commentateurs toujours avides de superlatifs complètement téléphonés, nous a quitté. Mais la mort, la vraie de vraie avec arrêt cardiaque à la clé, c’est le passeport pour la noblesse. Je ne cesse de m’étonner des hommages qui sont rendus aux disparus dont on oublie bien souvent les défauts, et qui se voient tresser une oraison funèbre à faire pâlir de jalousie le Mahatma Ghandi.

Les atermoiements pleuvent à verse, les adjectifs se bousculent et se haussent du col pour frapper plus fort que leur voisin : « une femme à la voix exceptionnelle », « un physique somptueux », « une grande élégance de cœur », « une sensibilité à fleur de peau ». La sensibilité exacerbée on nous la ressort toujours en cas d’overdose. Ca fait plus chic, ça crisse moins.

Comme on habille le mort dans sa tenue de gala avant sa mise en bière, on l’habille aussi d’un florilège de jolis mots. Et tout le monde de se précipiter sur Facebook pour placer le premier RIP. En fait, la mort c’est nous mais en mieux. Des éloges qu’on attend toute notre vie, et qui tombent quand on est plus là pour les entendre. C’est con quand même, ce décalage. C’est pas pour rien qu’on rêve tous d’être une petite souris le jour de notre enterrement pour capter les discours des copains. Et des autres aussi, comme la belle-sœur frigide qui vante nos qualités alors qu’on a toujours eu l’impression qu’elle appuyait bien fort sur tous nos défauts.

Il faut dire que le problème avec la mort, c’est que c’est définitif. D’où l’importance de ne pas rater sa sortie. Du coup, on soigne celle des autres en espérant que le bon Dieu nous le rendra et que lorsque notre tour viendra, nous aussi on aura droit à une pluie de paillettes et de strass. On va quand même pas partir comme des voleurs, la queue entre les jambes. Et puis il y a la « bien-pensance », critiquer c’est pêcher. On glisse sous le tapis les trucs pas très politiquement corrects, et on prend un air détaché. Mickael Jackson avait depuis très longtemps glissé des pages musiques aux pages faits divers mais peu importe, le bonhomme s’est racheté une virginité en un coup de médocs.

Rassurez-vous je ne pense pas qu’il soit souhaitable de changer cette attitude morale, si elle existe, c’est qu’elle doit nous faire du bien. Ce qui serait juste sympa c’est qu’on n’attende pas mes obsèques pour dire que je suis une fille exceptionnelle. Je suis forte, je pense que je peux l’entendre dès maintenant.


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