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TL2 Les démocraties populaires (Partie de cours pour les absents)

Par Misterr

 

II. LA CONTESTATION DU MODELE SOVIETIQUE : LES CRISES ET LA DIVERSIFICATION, 1953-1989.

La mort de Staline en 1953 et les ouvertures de Khrouchtchev ( déstalinisation, réconciliation spectaculaire avec Tito en 1955, dissolution du Kominform en 56) font croire aux populations qu’elles peuvent obtenir plus de liberté, plus d’indépendance nationale et une amélioration de leur niveau de vie.

Progressivement se mettent en place des voies nationales de construction du socialisme, sous réserve cependant du maintien dans le bloc de l’Est et de la permanence des fondements du totalitarisme : la marge de manœuvre reste très étroite… trop étroite face aux aspirations des populations. Les aspirations démocratiques et nationales largement insatisfaites subsistent, sur fond de difficultés économiques et sociales : la contestation perdure, malgré la répression.

A. LES PREMIERES REVOLTES DES ANNEES 50

1°) Les prémices : les émeutes de Berlin-Est de Juin 1953

Accélération de la socialisation et durcissement du régime avec relèvement de 10 % des normes de production (ce qui équivaut à une augmentation du temps de travail sans augmentation de salaire), d’où une grève des ouvriers qui gagne les principales villes du pays et prend rapidement un aspect anti-soviétique.

Les 16 et 17 juin 1953 , à Berlin, le mouvement tourne à la révolte. A l’appel du stalinien Walter Ulbricht, les chars soviétiques la brisent dans le sang

2°) La crise polonaise de l’automne 1956

 a) Premier soulèvement en Juin 56.

Soulèvement des ouvriers de Poznan le 28 Juin 1956 qui illustre bien le mécontentement ouvrier :

Grève, manifestations avec pour slogan « Pain, Démocratie, Liberté ». → Répression brutale (nombreuses arrestations et violences faisant 50 morts) qui engendre le retour au calme, mais l’agitation couve car les problèmes demeurent.

b) Les émeutes ouvrières d’Octobre 56

Nouvelle vague d’agitation ouvrière

Changements à la tête du POUP : retour de Gomulka, victime du stalinisme, écarté en 1948, arrêté en 1951, et qui se présente comme un « communiste national » qui ne remet pas en cause l’alliance avec l’URSS. Il promet

la liberté religieuse,l’amnistie, des hausses de salaires, une nouvelle planification,la décollectivisation de l’agriculture (85 % des coopératives vont maintenant rapidement se dissoudre).

Ces changements provoquent l’inquiétude du Kremlin, mais la déstalinisation reste tout de même dans des limites acceptables pour Khrouthchev qui fait tout de même une visite éclair à Varsovie où il obtient des assurances.

En revanche pour les Polonais, l’avenir sera de plus en plus décevant…

3°) le drame hongrois de l’automne 1956

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a) Une agitation croissante

A la suite des polonais des étudiants et intellectuels demandent la réhabilitation de Rajk ET Le retour au pouvoir d’Imre Nagy, populaire et favorable aux réformes. En +, ils élaborent un véritable programme qui exige

le pluralisme politique, la sortie du pacte de Varsovie et la réorganisation de l’économie. Des conseils ouvriers se forment qui réclament eux des augmentations de salaires et appellent à la grève générale.

b) La révolte

Le 23 Octobre 1956, manifestation pacifique de solidarité avec la Pologne, mais au soir, la manifestation ne se dissipe pas : la police tire et les dirigeants ont immédiatement fait appel aux chars soviétiques pour mater la révolte dans Budapest peu après minuit.

Le 24 Octobre, Imre Nagy devient chef du gouvernement, l’insurrection se généralise, en prenant des aspects de plus en plus anti-communistes. Il a le soutien du communiste Kadar et obtient le retrait des soviétiques. Il ordonne le cessez-le-feu. Mais l’agitation perdure, les partis politiques se reconstituent et Nagy est débordé. Le 1 Novembre, Nagy proclame le retour au pluralisme politique, la neutralité de la Hongrie et son retrait du pacte de Varsovie.

… C’en est trop pour les soviétiques…

c) Le soulèvement écrasé par les chars soviétiques

Le communiste Kadar constitue alors un gouvernement parallèle chez les soviétiques, fait appel aux troupes soviétiques pour rétablir l’ordre, fait un coup d’état contre Nagy et s’emploie à mater ceux-là mêmes dont il disait quelques jours plus tôt que les aspirations étaient légitimes .

Le 4 Novembre 200 000 hommes et les chars envahissent la Hongrie. A Budapest les combats sont extrêmement violents mais la lutte est très inégale. Nagy en appelle en vain à l’ONU, qui protesta, sans conséquences

Le 12 Novembre l’insurrection est anéantie, noyée dans un bain de sang par l’URSS : 25 000 morts.

Nagy et 48 autres personnes sont enlevées par les soviétiques malgré les garanties de sécurité données par Kadar. Condamné à mort en 1957 après une parodie de procès, Nagy sera exécuté en Juin 1958.

Un flot de réfugiés passe en Autriche. (Kadar reste au pouvoir jusqu’en 1988)

B. LES ANNEES 60, ENTRE DIVERSIFICATION ET NORMALISATION

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1°) « Le Mur de Berlin » : 13 Août 1961

a) L’édification du mur de la Honte

C’est la fin de la seconde crise de Berlin, ouverte par Khrouchtchev en 1958. Fermeture des frontières de Berlin-Est et arrêt du métro + pose de barbelés, puis édification d’un mur de 46 Kms de long, de deux mètres d’épaisseur, de 3 à 6 mètres de haut, avec un no man’s land de 200 à 400 mètres avec miradors et barbelés ; les points de passage sont réduits à un tout petit nombre et sévèrement contrôlés.

b) Le passage d’Est en Ouest est désormais impossible

De 1950 à 1960 ce sont plus de deux millions d’allemands de l’est qui sont passés à l’ouest, en RFA, via Berlin-Est puis Berlin-Ouest, les associations de réfugiés.

C’étaient les forces vives du pays qui quittaient la RDA , une population d’adultes jeunes et le plus souvent qualifiés (cadres et techniciens), d’où une entrave de plus au développement de la RDA

2°) Les manifestations d’indépendance tolérées par Moscou en Europe

La Bulgarie et la RDA sombrent dans un autoritarisme renforcé, pendant que l’Albanie, qui se détache du bloc soviétique, se rapproche de la Chine de Mao. Mais par ailleurs Moscou tolère une relative autonomie pour peu que l’essentiel ne soit pas remis en cause

a) la Roumanie et une diplomatie relativement autonome.

La Roumanie de Ceaucescu, au pouvoir depuis 1965, pratique une politique extérieure non alignée sur Moscou

avec le refus de prendre parti contre Pékin, le rapprochement avec la Yougoslavie et même un Traité d’amitié avec la Tchécoslovaquie de Dubcek et la désolidarisation du coup de Prague de 1968

Les raisons de la tolérance de la part de Moscou sont que la politique intérieure reste très stalinienne et connaît même un durcissement ET le territoire roumain n’a aucune frontière commune avec l’Ouest

b) La politique économique originale de la Hongrie

Kadar mène une politique économique relativement libérale et autonome, avec réussite d’ailleurs, et le niveau de vie s’améliore en conséquence.

Quelques assouplissements en matière politique : les ouvrages occidentaux sont traduits, les Hongrois peuvent voyager librement dans les autres démocraties populaires.En revanche il reste totalement soumis à Moscou en politique extérieure.

3°) Le « Printemps de Prague » et l’intervention soviétique : 1968

a. « Le Socialisme à visage humain » du Printemps de Prague.

En Janvier 1968 des communistes réformistes parviennent au pouvoir :A. Dubcek devient premier secrétaire du parti en remplacement du stalinien Novotny + Des réformes sont effectuées et d’autres annoncées avec l’abolition de la censure : un vent de liberté souffle sur la presse et la télévision + Réhabilitation et indemnisation des victimes du communisme + Autorisation de voyager à l’étranger

Des projets sont lancés : autogestion ouvrière, fédéralisation du pays, et introduction de l’économie de marché

b. Les réactions

Enthousiasme populaire en Tchécoslovaquie, notamment dans la jeunesse mais inquiétude à Moscou et dans les autres démocraties populaires : le risque de déviation et de contagion démocratique est jugé trop grand.

Les soviétiques réagissent : le pacte de Varsovie invite le PCT à « corriger ses erreurs » ; les dirigeants techécoslovaques refusent et le 21 Août les troupes du pacte de Varsovie envahissent la Tchécoslovaquie où elles ne rencontrent qu’une résistance passive et occupent le pays. La « normalisation » commence et les acquis du printemps de Prague sont supprimés

Censure, autoritarisme et épuration font leur retour avec les néostaliniens imposés par Moscou : la chape de plomb retombe sur la Tchécoslovaquie.

c) Portée de l’événement

- Une excellente illustration de la « Doctrine Brejnev »

Cette doctrine de politique extérieure est encore appelée « doctrine de la souveraineté limitée » :

Le socialisme est un fait irréversible et les états frères ont le devoir d’intervenir lorsqu’il se trouve menacé dans l’un ou l’autre des pays du bloc.

- L’image de l’URSS est un peu plus ternie.

Protestations des gouvernements occidentaux, mais la détente n’est pas pour autant remise en cause

Protestations de plusieurs pays socialistes : Yougoslavie, Chine, Roumanie

Condamnation de l’intervention par les partis communistes occidentaux (PCI ; PCF)

Une nouvelle fois le système communiste apporte la preuve de son incapacité totale à se réformer.

C. LA POLOGNE A LA TETE DE LA CONTESTATION

1°) Les émeutes de 1970 et le changement de direction

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Profonde crise économique en Pologne, avec augmentation brutale des prix des produits de première nécessité, et une flambée de colère ouvrière dans les chantiers navals de la Baltique, avec des manifestations qui tournent à l’émeute.

Violente répression avec des centaines de morts qui traumatise la population, avec en outre la démission de Gomulka : de nouvelles promesses qui ne seront pas tenues, mais l’ordre communiste règne à nouveau

2°) La Pologne à la fin des années 70

Du fait des profondes difficultés économiques et faute de réelles réformes, le fossé s'est élargi entre la société polonaise et le parti qui la domine. Les problèmes demeurent et notamment une austérité insupportable.

- De 76 à 79, la domination du POUP s'affaiblit. Le régime est de plus en plus contesté. Nouvelle flambée sociale en 1976.Développement des activités clandestines (groupes clandestins avec circulation de cassettes vidéo, presse clandestine…)

- Le renouveau de l’opposition. La revendication des libertés démocratiques s’unit et s’organise autour de trois forces :

  •  L'Eglise catholiqueun rôle essentiel dans un pays profondément catholique.

Le nationalisme polonais est exalté et l’opposition au régime renforcée par l'élection du Cardinal VOYTILA au pontificat en Sept 78 ( Jean-Paul II.). D’origine polonaise, c’est un pape de combat, foncièrement anticommuniste

Il effectue un voyage triomphal en Pologne en Juin 1979

  •  Les intellectuels
  • Les ouvriers : Organisation d’un Comité de défense des ouvriers, le KOR, pro occidental et antisoviétique + en 1978, apparition des premiers syndicats libres

3°) la Crise de 1980-82

Il y a un contexte de crise économique et sociale profonde avec un endettement international considérable + pénurie avec flambée des prix des produits de première nécessité. Un grand mouvement de grève se généralise avec pour centre les chantiers navals de GDANSK (Lech Walesa : délégué)

→ le régime négocie et sont signés les accords de GDANSK d’Août 80 (Libération des détenus politiques, reconnaissance du droit de grève, de la liberté syndicale et de la formation de syndicats indépendants.+ liberté d'expression religieuse).

Création du syndicat SOLIDARNOSC (Solidarité) enregistré officiellement en NOV 1980.

10 millions d'adhérents au premier congrès national en oct. 81 (le POUP n'en a plus qu'un million et demi ...)

Mais l’URSS ne peut tolérer une telle évolution…Elle envisage d'ailleurs d'intervenir, les Polonais sachant par ailleurs qu'ils ne peuvent pas compter sur un soutien militaire de l'occident.

→ coup d’état du 13 Décembre 81 : « la normalisation » et l’espoir brisé. Le Général Jaruzelski (secrétaire du POUP depuis Septembre) proclame la loi martiale et l'état de guerre : Réunion et grève interdites, 40 000 arrestations et chasse à l'homme + Dissolution de solidarité en oct. 82

→ Quadrillage du pays par la milice et répression aveugle (assassinat du père Popieluszko par la police politique en 1984)

 Seuls points éventuellement positifs :

L'Eglise de Pologne s'efforce d'éviter l'explosion de la violence, pendant que la résistance retourne à la clandestinité. La brutale reprise en main ne clôt pas l’agitation pour autant.

L’ordre communiste règne à nouveau à Varsovie … mais rien n'est pour autant réglé en Pologne ...

Deux nouveaux voyages de Jean-Paul II en Pologne, en 1983 et en 1887 suscitent l’enthousiasme et redonnent espoir, surtout quand le pape, hors programme officiel va se recueillir sur la tombe du père Popieluszko.

III. LA FIN DES DEMOCRATIES POPULAIRES : 1989

A. LES CONDITIONS DE L’EFFONDREMENT DU COMMUNISME.

1°) Les raisons du rejet généralisé du communisme en Europe de l’Est

a) Il y a une aspiration généralisée à la démocratie dans les démocraties populaires.

Une certaine ouverture des démocraties populaires à l’Occident rend la situation intérieure encore plus insupportable : accueil de touristes, importation de journaux et de films, fin du brouillage des radios.

b) L’échec économique du système et la crise sociale permanente. Incapacité du système à s’adapter et incapacité à fournir des produits innovants (électronique, informatique…)+Pénurie et inflation + Baisse autoritaire des salaires

Niveau de vie très médiocre

c) La dissociation entre pouvoir politique et société civile

La société ci vile est constituée d’individus et de groupes capables de s’organiser indépendamment de l’Etat.

Trois forces de contestation fragilisent des régimes sans soutiens sociaux :

- Les intellectuels s’attachent à la défense des Droits de l’Homme : exemple la « Charte 77 » en Tchécoslovaquie autour de W. Havel

- Les Eglises jouent un rôle très subversif : Eglise catholique en Pologne, églises protestantes en RDA

- Les ouvriers : exemple de « Solidarnosc en Pologne »

2°) Le rôle capital et décisif de Gorbatchev

Gorbatchev accède au pouvoir en URSS en 1985.C’est un communiste convaincu, mais un réformiste sincère aussi : il lance dans son pays une politique de « perestroïka » et de « glasnost » en tentant de concilier communisme et démocratie.Mais le système n’est pas réformable et la libération de forces qui sont hostiles au régime vont le conduire à sa perte. Gorbatchev donne l’exemple de la réforme et de la libéralisation.Il respecte ses alliés est-européens et leurs orientations nouvelles.Il approuve même le rejet du communisme en RDA, Bulgarie & Roumanie, là où sévissaient les régimes les plus conservateurs et les plus figés.

B. Le tournant de 1989-91 : le rideau de fer déchiré et l’Europe transformée

Le processus est partout le même : élimination de la vieille génération des dirigeants + fin du rôle dominant des PC qui se transforment en partis sociaux-démocrates + Instauration du pluralisme → Généralisation des élections libres et victoire des démocrates ou libéraux → Orientation vers l'économie de marché.

1°) C'est la Pologne qui lance le séisme

Avril 89 : accord entre le pouvoir et Solidarnosc avec légalisation du syndicat + démocratisation des institutions

Juin 89 : élections partiellement libres = débâcle du POUP et victoire des libéraux

Août 89 : premier gouvernement non-communiste à diriger un pays de l'Est (nommé par Jaruzelski)

Gouvernement Mazowiecki, soutenu par Solidarité et l'Eglise et retour à l'économie de marché

Décembre 89 : abolition du rôle dirigeant du POUP

Décembre 90 : Lech WALESA est élu Président de la République

La suite et la fin ....  Vendredi 09 mars en classe de 9h à 10h.


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